Fondation Tekkie-Mamu: préserver la mémoire avec la réalité virtuelle

Marie Desanges St-Onge (gauche) est l’une des aînés de Pessamit qui participe au projet de réalité virtuelle et soutien du patrimoine de la Fondation Tekkie-Mamu.

BAIE-COMEAU — Quand la tradition orale des Premières Nations croise la technologie du futur, ça donne des projets comme celui de la Fondation Tekkie-Mamu, qui monte présentement un projet de réalité virtuelle pour soutenir et préserver le patrimoine culturel et linguistique des Innus de Pessamit.


En juin dernier, la fondation a contacté le Conseil des Innus de Pessamit, localité située à environ 50 kilomètres à l’ouest de Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, pour lui proposer de préserver pour l’avenir le patrimoine acquis par les aînés de la communauté, patrimoine souvent transmis par la parole et, de ce fait, non préservé sur un support quelconque.

Recréer le savoir des ainés

«Les aînés du village sont enregistrés. Ces gens nous racontent une expérience, une histoire, un conte, qui seront par la suite transposés en réalité virtuelle. Tout le contenu reste en innu», a relaté Amalia Nanu, cofondatrice de Tekkie-Mamu.

Quant aux images, l’équipe de la fondation va sur le terrain où l’histoire racontée s’est déroulée et tourne notamment avec une caméra à 360 degrés. «Si l’aîné dit que dans son histoire, il est en canot, qu’il fait du portage ou se trouve dans la forêt, on recrée ça. On crée aussi les effets spéciaux», ajoute l’ingénieure pédagogique, qui s’adjoindra bientôt des comédiens pour recréer ces pages de la tradition innue.

Comme la plupart des histoires recueillies jusqu’ici se déroulent en hiver, Tekkie-Mamu viendra tourner sur le territoire dans les prochaines semaines. Elle recueillera aussi d’autres témoignages.

Une fois le projet complété, toutes les capsules de réalité virtuelle seront remises au Conseil des Innus de Pessamit qui, selon Mme Nanu, l’intégrera dans sa future maison de la culture. «Une fois complété, ça appartient à la communauté, qui le diffuse comme elle le souhaite. Si elle veut traduire ou non, ça leur appartient là aussi», ajoute-t-elle à l’intention du journaliste, qui se demandait comment les gens qui ne parlaient pas innu allaient pouvoir avoir accès à ces témoignages.

Avec les jeunes

La jeune génération fait aussi partie intégrante du projet. En effet, les jeunes intéressés seront appelés à assurer la suite du projet. Ils pourront ainsi recevoir une formation afin d’apprendre à utiliser l’ensemble de l’équipement de réalité virtuelle, incluant la caméra à 360 degrés. C’est que Tekkie-Mamu cédera tout l’équipement à Pessamit, une fois le projet complété.

«C’est important que les jeunes puissent continuer par eux-mêmes le projet, pour contribuer à la sauvegarde de leur patrimoine et de leur langue. On veut que les jeunes continuent à aller rencontrer les aînés, tout en développant des compétences du XXIe siècle. C’est comme ça que le patrimoine va se conserver», assure Amania Nanu, qui tient d’ailleurs à souligner que la communauté n’a absolument rien à défrayer dans le projet, entièrement financé par la fondation et ses partenaires.

La Fondation Tekkie-Mamu fera éventuellement le même type de projet avec d’autres communautés autochtones, mais elle se laisse le temps de bien compléter le dossier de Pessamit. Elle a également ce même projet de réalité virtuelle avec des aînés qui vivent des situations d’isolement sur l’île de Montréal.