Celui qui a longtemps assuré la première partie des spectacles de Louis-José Houde a pris suffisamment de galon, à 34 ans, pour jouer dans la cour des grands. Un sens aigu de l’observation, une saine autodérision et un talent hors pair de raconteur font certainement de lui l’un des meilleurs talents de la relève.
Chaque spectateur, peu importe son âge, peut se reconnaître facilement dans son humour bon enfant. L’humoriste ne cherche pas à jouer un personnage. Sa façon de décortiquer son univers intérieur, à visière levée, ne peut que susciter l’adhésion. Il déclenche les rires en décrivant son incapacité chronique à se faire sa propre opinion sur un sujet. Influençable, le Simon. Suffit qu’il regarde un documentaire sur cette théorie bidon voulant que la Terre soit plate pour qu’il trouve parfois matière à se poser des questions. «Wouais, celui-là a quand même un bon point...»
De la même façon, on se reconnaît dans sa gêne à faire ce qu’on appelle du small talk, ces conversations anodines avec des inconnus. «Je suis pas capable de gérer ça. Quand quelqu’un parle trop longtemps, j’ai l’impression de faire de la route la nuit», lance-t-il, en jouant de moments de silence pour mieux faire passer son gag. «Je n’ai pas de déficit d’attention, je suis seulement focus sur autre chose...»
Mesdames, détrompez-vous, ce ne sont pas tous les gars qui tripent sur les moteurs Le jeune humoriste n’y connaît fichtrement rien. Il se qualifie lui-même d’«hypocondriaque mécanique» en raison de l’angoisse qui l’étreint chaque fois qu’il entend un bruit bizarre dans son véhicule. «Le check engine qui s’allume, pour un hypocondriaque comme moi, c’est l’équivalent du sang dans les selles...»
L’humoriste aime aussi de moquer gentiment de ces générations qui n’ont pas grandi avec les cellulaires et les GPS. «Comment faisiez-vous lorsque vous tombiez en panne? Vous êtes mes héros!» Et de se lancer dans un numéro fort réussi où, à une époque où le savoir ne se trouvait pas au bout des doigts, il fallait se rendre à la bibliothèque la plus proche pour trouver cette information cruciale permettant de gagner son point dans une discussion...
Refusant de succomber aux modes, Gouache ne fait pas des relations de couple son fonds de commerce. De son ex, qui assure maintenant la mise en scène de ses spectacles, il glissera avec une tendre malice qu’elle fait maintenant «ce qu’elle aime le plus au monde : me dire quoi faire».
À travers les bruitages et la gestuelle appropriée — chapeau au numéro sur le gars qui pousse une auto enlisée dans la neige —Gouache dévoile sa nature profonde pour mieux tendre un miroir au spectateur. À l’occasion, il succombe aux gags en bas de la ceinture (allô les jokes de pets…), mais sans trop en faire comme certains de ses collègues. Pas plus qu’il cherche à faire rire en alignant les jurons, une chose rare chez les jeunes humoristes.
Gouache n’offre rien de révolutionnaire en matière d’humour, mais sa simplicité et sa bouille sympathique permettent de remplir mille fois sa promesse de faire passer un bon moment à son public.
JC Surette
C’est le stand-up d’origine acadienne JC Surette qui avait le mandat de réchauffer la salle en lever de rideau. Le diplômé de l’École nationale de l’humour (en 2011) a tenu à souligner ses origines d’entrée de jeu, «sinon le monde pense que je suis attardé». L’ombre de Denise Bombardier a plané un moment sans qu’il y fasse allusion...
Pendant un petit quart d’heure, l’humoriste a déballé pêle-mêle une série de gags qui n’ont pas toujours touché leur cible. À sa défense, 15 minutes, c’est bien peu pour vendre sa salade.
Des supplémentaires du spectacle auront lieu les 30 novembre et 16 janvier, à la salle Albert-Rousseau.