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La question fait sursauter, elle est pourtant au centre de quelques versets de la Bible prônant l’usage de la correction physique par les parents, et qui ouvrent la porte à toutes sortes d’interprétations.

«Je comprends quelqu’un qui dirait : “Mais qu’est-ce que c’est ça?”» reconnait Simon Ouellette, pasteur de l’église baptise de Charlesbourg. «Je pourrais vous sortir des centaines de passages qui disent d’aimer ses enfants. […] Mais est-ce que la Bible enseigne le châtiment corporel? Oui.»

Le pasteur Ouellette, qui a recueilli certains des enfants qui ont goûté aux méthodes éducatives extrêmes du pasteur Claude Guillot, ne prêche pas pour l’emploi de la correction corporelle, mais ne l’exclut pas non plus. «Lorsque j’en parle aux gens, je veux qu’ils partent en se disant qu’il n’y a pas de raison de l’utiliser, à moins d’un cas ultime. Et lorsque je le suggère, je dis : “Garde-toi une réserve.” Mais c’est là.»

Il fait appel au jugement des membres de son église. «Chacun a sa responsabilité devant Dieu.»

Lui-même l’a «expérimenté» avec ses trois enfants pour corriger certains comportements. «Par exemple, si un enfant met du métal dans une prise électrique, si tu répètes et que ça ne donne rien, tu peux le taper sur les doigts. Il faut que ce soit raisonnable. Quand on parle de la folie de l’enfant, c’est le manque de sens. Et quand on le corrige, c’est faire un petit peu mal pour éviter un grand mal. C’est pour protéger.»

Il insiste, la correction doit être faite à l’intérieur des balises du Code criminel, c’est-à-dire avec une force raisonnable et sans objet.

Les versets font pourtant allusion à un objet précis, la verge de la correction, qui est en fait une palette de bois. «J’en ai déjà vues, c’est long comme ça, c’est large comme ça et épais comme ça, décrit le pasteur avec ses mains. Il y en a qui mettent des versets dessus ou des fleurs.»

À l’école baptiste qu’a fréquentée sa femme, la verge était accrochée au mur, bien en vue. «Ils se souviennent tous du bâton, mais pas qu’il ait bougé.»

Le pasteur estime qu’il faut replacer les choses dans leur contexte. «Mes parents n’étaient pas croyants et j’ai été corrigé, chez nous c’était avec la baguette pour brasser la soupe. Maintenant, tu rentres la Bible là-dedans… Je pense que la majorité des chrétiens corrigeaient leurs enfants. À l’époque, on disait que mes parents m’éduquaient, aujourd’hui, on dirait qu’ils me battaient.»

Mathieu Caron est professeur de counseling biblique et pasteur de l’église évangélique baptiste de Shawinigan-Sud. Il fait une lecture bien différente des versets. «Les six passages dont il est question sont dans un livre poétique [de l’Ancien Testament], je ne vois pas ça comme une référence à la punition. Il n’y a aucun verset qui ne la prescrit ni ne l’interdit. On ne peut pas s’appliquer sur les écritures pour y avoir recours.»

Cette position s’éloigne du consensus généralement admis chez les évangéliques, qui rejoint davantage celle du pasteur Simon Ouellette. Dans une émission radio, Coram Deo, enregistrée il y a deux ans, le pasteur Caron est catégorique. «Je crois fermement, c’est clair pour moi, que la Bible est silencieuse et n’enseigne pas la punition corporelle.»

Le pasteur est remonté au sens original du texte de l’Ancien Testament, d’abord écrit en hébreu et en araméen. «[La verge] ne réfère pas à un bâton punitif, mais plutôt au bâton du berger qui guide, au bâton du chef de famille, du messie. Pour les Juifs, c’est un symbole d’autorité, [d’orientation], plutôt que de punition.»

Ainsi, parce que «l’audience originale ne le comprenait pas comme on le comprend», la nouvelle signification ne tient pas.

Cela dit, le pasteur n’exclut pas que des parents puissent opter pour la correction physique. «On doit entraîner [nos enfants], on doit les guider comme un coach sportif, qui peut parfois donner des conséquences. Si un parent appliquait la correction selon ce que permettent les lois de son pays, ce serait une initiative pour entraîner dans les voies de Jésus, mais pas une application directe des écritures.»

C’est faire la même chose, par un autre chemin.

Pour éviter cela, le pasteur Caron voit d’un bon œil la loi française qui interdit totalement la correction, sous aucune condition. «Il y a eu énormément d’abus dans le monde évangélique. La punition corporelle a été utilisée à mauvais escient. C’est une bonne chose qu’elle soit réglementée.»

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LES VERSETS

Proverbes 29:15

La verge et la correction donnent la sagesse, mais l’enfant livré à lui-même fait honte à sa mère.

Proverbes 22:15

«La folie est attachée au cœur de l’enfant, la verge de la correction l’éloignera de lui.

Proverbes 23:13-14

«N’épargne pas la correction à l’enfant; si tu le frappes de la verge, il ne mourra pas, en le frappant de la verge, tu délivres son âme du séjour des morts»

Proverbes 13:24

Celui qui ménage sa verge hait son fils, mais celui qui l’aime cherche à le corriger.

Hébreux 12:6

Car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de la verge tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils.

Hébreux 12:4

Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang, en luttant contre le péché. Et vous avez oublié l’exhortation qui vous est adressée comme à des fils : mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur et ne perds pas courage, lorsqu’il te reprend.

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