C’est en 1953 que Louie Kemp rencontre celui qui n’est encore que Bobby Zimmerman dans une colonie de vacances pour adolescents juifs, dans le nord du Wisconsin.
Bobby, qui a grandi dans la petite ville minière de Hibbing, dans le Minnesota voisin, n’a que 12 ans, mais il est déjà toujours affublé de sa guitare. «Il nous disait tout le temps qu’il allait être une star du rock», raconte Louie Kemp à l’AFP. «Il l’a tellement dit que je l’ai cru. (...) Il avait tout simplement un talent musical naturel, combiné à une volonté incroyable».
La suite appartient à l’histoire, bien sûr. Mais Louie Kemp, aujourd’hui âgé de 77 ans, a trouvé nécessaire de raconter sa vision personnelle du prix Nobel de Littérature dans cet ouvrage intitulé Dylan et moi: 50 ans d’aventures, avec l’accord de l’artiste.
«Ce serait égoïste de ma part d’emporter toutes ces anecdotes et ces aventures avec moi dans la tombe», dit-il. «Il m’a fait confiance parce qu’il savait que je n’avais pas d’arrières-pensées».
«Quand on devient célèbre, c’est difficile de se faire de nouveaux amis en qui on peut vraiment avoir confiance», ajoute-t-il. «Dans notre cas, les liens sont si anciens que ce n’était pas un souci».
Bobby Zimmerman, devenu Bob Dylan sur le campus de l’université du Minnesota, rejoint rapidement Greenwich Village, le quartier bohème de New York. C’est Joan Baez qui le fait connaître en l’invitant à jouer lors de ses concerts.
«La première chanson de lui que j’ai entendue, c’était Blowing in the Wind et je me suis dit : c’est lui qui a écrit ça? Comment il a fait?» se souvient M. Kemp. «Cela a épaté tout le monde, y compris moi».
«Les pieds sur terre»
«Et puis il a continué à en sortir, comme de l’eau qui sort du robinet», raconte-t-il. Bob Dylan, l’un des chanteurs-auteurs-compositeurs les plus influents de l’histoire de la musique, est aussi l’un des plus prolifiques avec plus de 350 chansons.
La vedette invite son ami Louie à produire sa célèbre tournée Rolling Thunder Revue de 1975-1976, au centre du dernier film de Martin Scorsese. Bob Dylan, qui voulait se rapprocher de son public, avait rassemblé un groupe d’artistes prestigieux pour donner des concerts dans des petites villes d’Amérique du Nord.
«Il n’a pas l’ego de la plupart des gens du spectacle», dit Louie Kemp de son vieil ami aujourd’hui âgé de 78 ans. «En ça, il n’a jamais changé. Il a toujours eu les pieds sur terre». «Il faut lui rendre justice : la célébrité ne l’a jamais changé».
Dans ses mémoires, Louie Kemp raconte plusieurs anecdotes amusantes comme lorsque l’acteur américain Marlon Brando s’est trouvé au bord du malaise après avoir mangé trop de raifort à son dîner de mariage, en 1983. Bob Dylan, qui était son témoin, a enchanté l’assistance avec un concert improvisé.
«Nos relations étaient celles de deux amis. Il se trouve que l’un d’eux est Bob Dylan», conclut-il. Mais «pour moi, il sera toujours Bobby Zimmerman».