Film de la semaine: Le roi lion ** 1/2

Rien de nouveau dans ce Roi lion. Il s’agit d’une copie conforme, aux images toutefois grandioses, du classique de l’animation qui fête ses 25 ans cette année.

CRITIQUE / Disney a suscité beaucoup d’attentes avec une nouvelle version en prises de vues réelles du «Roi lion» (The Lion King). En fait, il n’y a rien de nouveau dans ce succédané de l’original, qui fête son quart de siècle : il s’agit d’une copie conforme — aux images grandioses, toutefois. Le puissant studio s’évertue à reproduire sans cesse les films de son fonds de commerce pour des questions mercantiles en misant sur une nostalgie de mauvais aloi.


Ce recyclage destiné à faire sonner les tiroirs-caisses grâce aux produits dérivés n’est guère surprenant. Les scénaristes du classique d’animation original s’étaient en grande partie inspirés du Roi Léo, d’Osamu Tezuka, et du Hamlet de Shakespeare.

Comme dans la célèbre tragédie du barde anglais, nous avons affaire à un régicide, celui de Scar, qui élimine son frère Mufasa pour le détrôner. Simba — son héritier — doit venger son père. Le lionceau est beaucoup moins tourmenté qu’Hamlet, toutefois...

Dans Le roi lion, le drame est allégé par un deuxième acte comique avec l’entrée en scène du suricate Timon et du phacochère Pumbaa. Les deux comparses apprennent à Simba leur philosophie désinvolte, le fameux Hakuna Matata («sans souci» en swahili). La lionne Nala viendra secouer les puces du prétendant au trône.

Pendant ce temps, le fourbe Scar surexploite les ressources de son royaume jusqu’à l’extinction en pratiquant la politique de la terre brulée. Une belle métaphore sur l’Occident, en général, et de la présidence Trump, en particulier, quand on y pense...

Ne vous inquiétez pas, Disney n’a aucune intention de faire dans le politique. C’est presque ironique qu’on puisse en faire cette lecture.

Il ne faudrait surtout pas que le spectateur soit distrait du récit par de telles considérations. Jon Favreau et son équipe se chargent de lui en mettre plein la vue, au point d’ailleurs de tout surligner, en particulier avec l’envahissante trame sonore. L’écrin, mélange d’images de nature paradisiaque avec l’animation des animaux cuuuuute à mort, est splendide. Mais son joyau ne scintille pas beaucoup.

Nous ne sommes pas dans La planète des singes : des lions qui parlent et chantent, ça ne fonctionne tout simplement pas — l’anthropomorphisme a ses limites. Surtout quand on utilise les techniques du documentaire animalier pour rehausser l’impression que nous voyons réellement les créatures dans leur milieu naturel… 

On se serait attendu aussi à ce que le réalisateur des deux premiers Iron Man fasse preuve de plus d’esprit d’initiative pour prendre des libertés avec l’histoire «originale», comme il l’avait fait avec Le livre de la jungle (2016), mieux réussi. Mais il n’avait probablement pas cette marge de manœuvre. Dommage.

Parce que contrairement au film d’animation original, qui relève du conte, cette version a quelque chose de perfide. Elle nous offre un Éden où la vie sauvage règne en incarnant un idéal écologique qui connecte tous les êtres vivants. Triste illusion : la plupart des animaux représentés dans le long métrage sont en voie d’extinction...

Rien de nouveau dans ce Roi lion. Il s’agit d’une copie conforme, aux images toutefois grandioses, du classique de l’animation qui fête ses 25 ans cette année.

Au générique

Cote : ** 1/2

Titre : Le Roi lion

Genre : Animation

Réalisateur : Jon Favreau

Classement : Général

Durée : 1h58

On aime : les superbes images.

On n’aime pas : le flagrant manque d’originalité. L’absence d’émotion. L’aspect mercantile du concept.