Le Québec est l’un des endroits dans le monde où l’on retrouve les pères les plus engagés. Mais ceux-ci, sans doute en raison des rôles sociaux encore dominants, se sentent peu encouragés à l’exprimer haut et fort. Un sondage réalisé auprès de 2000 pères en décembre dernier à la demande du RVP indique d’ailleurs que si la paternité est une expérience vécue positivement pour 98% d’entre eux, la majorité (53%) estime qu’elle n’est pas suffisamment valorisée.
Selon le même sondage, huit pères sur dix (80%) disent souhaiter que les pères soient davantage encouragés à s’affirmer en tant que parent, alors que deux sur trois sont d’avis que les médias présentent trop peu de modèles de pères auxquels ils s’identifient (65%) et que l’information concernant la parentalité est souvent traitée d’une façon qui intéresse les mères davantage que les pères.
Le sondage nous apprend aussi que le sentiment qui exprime le mieux ce que ressentent les pères par rapport à leur paternité, c’est la fierté. Le thème «fier d’être père» s’est donc imposé pour la 7e édition de la Semaine québécoise de la Paternité, et nous nous sommes donnés comme objectif de lancer un mouvement en faveur d’une représentation moins stéréotypée des rôles parentaux, où les pères se montrent bien visibles et expriment haut et fort leur désir d’être pleinement engagés auprès de leurs enfants.
Le Défi #fierdetrepere, lancé à la mi-mai et devant se poursuivre jusqu’à la fête des Pères, voire au-delà, propose aux papas de diffuser des selfies où ils posent fièrement avec leurs enfants. Un geste simple, mais significatif, car c’est entre autres en voyant émerger des modèles positifs auxquels ils s’identifient que les pères québécois se sentiront de plus en plus valorisés dans leur rôle et pourront occuper toute la place qui correspond à leurs aspirations profondes.
Cette mobilisation des pères autour d’un projet de société inclusif, où pères et mères contribuent également au projet familial, à l’éducation et au bien-être des enfants, dans une perspective familiale et dans le respect de l’égalité entre les femmes et les hommes, est une condition essentielle pour convaincre les décideurs politiques de changer certaines politiques publiques qui, encore aujourd’hui, créent des disparités entre les mères et les pères.
On parle ici de mesures bien concrètes, comme des cours de préparation à la naissance intégrant pleinement les pères et axés sur le «devenir parent», l’allongement à huit semaines du congé de paternité pour permettre de développer encore plus le lien d’attachement, le calcul des prestations d’assurance parentale basé sur le revenu familial plutôt que le revenu individuel des conjoints afin d’éviter que ce soit les écarts de revenus qui dictent le choix des parents, la modernisation des pratiques en conciliation famille-travail dans les milieux à prédominance masculine, le retrait de la notion «d’autre parent» dans la déclaration de naissance, ou encore l’amélioration de l’accès à la justice en cas de séparation par, entre autres, un plus grand nombre d’heures de médiation gratuite ou le rehaussement des seuils d’admissibilité à l’aide juridique.
Alors, chers papas, fiers papas, vous êtes prêts à joindre le mouvement?