Les faits
De manière générale, il ne fait aucun doute que la production de viande requiert plus de ressources que la production de fruits, légumes et céréales. Les animaux, en effet, doivent eux-mêmes être nourris avec des grains ou du fourrage, et ils ne transforment pas toute la nourriture qu’ils mangent en viande. Les chiffres varient pour la peine d’une étude à l’autre, d’une région à l’autre, d’une espèce à l’autre et selon les modes de production, mais on peut compter environ 3 kg de nourriture végétale (surtout des grains) pour produire 1 kg de viande, d’après la FAO, le bras agricole de l’ONU. [http://bit.ly/2KSJgdl]
Alors si l’on mangeait directement les végétaux au lieu de les donner à du bétail que l’on consomme ensuite, l’agriculture occuperait forcément moins d’espace, utiliserait moins d’eau, épandrait moins d’engrais et de pesticides, et brûlerait moins d’énergie. Beaucoup moins, en fait, et c’est particulièrement vrai pour le bœuf, parce qu’il transforme moins bien sa nourriture en muscle que les autres sortes de bétail et que sa digestion produit beaucoup de méthane, un important gaz à effet de serre (GES).
C’est le bœuf que les boulettes de Beyond Meat prétendent de remplacer, et tout indique qu’elles pèsent beaucoup moins lourd sur l’environnement. En septembre dernier, des chercheurs de l’Université du Michigan ont évalué ses impacts totaux, des champs jusqu’à l’épicerie [http://bit.ly/2KdIkjW], et ils ont trouvé que produire 1 kg de «fausses boulettes» dépense presque moitié moins d’énergie, émet 90 % moins de GES, occupe 92 % moins de territoire et consomme 99 % moins d’eau que 1 kg de bœuf.
Certes, on nous fera remarquer que cette étude a été commandée par le fabricant lui-même, ce qui peut impliquer des biais de la part des évaluateurs. C’est entièrement vrai, mais il faut aussi préciser que leur rapport a été révisé par trois autres scientifiques indépendants (deux de l’Université de Californie et un de Carnegie Mellon), qui l’ont jugé «de haute qualité» et dont les «méthodes sont scientifiquement et techniquement valides». En outre, Beyond Meat et Impossible Food (une autre entreprise qui fabrique des «fausses boulettes») ont gagné le prix Champion de la Terre l’an dernier, la plus haute distinction environnementale remise par l’ONU [http://bit.ly/2MMtYt8].
Alors comme les conclusions de cette analyse de cycle de vie ont été corroborées par des sources externes et qu’elles sont entièrement cohérentes avec ce que l’on sait de l’empreinte environnementale de la viande, il faut conclure que la commandite de Beyond Meat n’a pas biaisé les résultats pour la peine.
Reste une partie de la question de M. Bourdeau à laquelle il faut répondre : est-ce que les boulettes végétales sont environnementalement supérieures au bœuf haché même si le bœuf est produit localement?
Et la réponse est oui, parce que le transport ne compte pas pour beaucoup dans les GES émis par l’agriculture : autour de 85 à 90 % [http://bit.ly/2Re89RI et http://bit.ly/2Zn18Rq] des émissions surviennent à la ferme elle-même. Alors même en présumant qu’acheter local enlève complètement le 10 à 15 % restant, cela ne diminue pas beaucoup les avantages environnementaux documentés par l’étude de l’Université du Michigan.
Verdict
Vrai. Il est indéniable que l’élevage pèse plus lourd sur l’environnement que la production végétale, de bien des manières. Une analyse de cycle de vie a trouvé que l’empreinte des boulettes Beyond Meat est, selon l’indicateur, entre 50 et 99 % moindre que celle d’une quantité équivalente de viande. Le fait que le bœuf soit produit localement ou non ne fait pas une grosse différence.
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