Les finissants en arts visuels de l'UL questionnent le présent

Elise Pakiry présente des photographies de corps masqués par une cagoule reproduisant un exubérant organe sexuel féminin.

Les 17 finissants du BAC en arts visuels de l’Université Laval exposent depuis vendredi à l’Édifice de la Fabrique. Si plusieurs démarches se révèlent personnelles et intimes, ce sont surtout les questionnements sur les enjeux sociaux qui marquent les propositions cette année.


Tombée oblige, nous avons visité l’exposition mercredi alors que plusieurs œuvres n’étaient pas encore installées. La commissaire Marie-Soleil Guérin-Girard nous a toutefois présenté chacune des démarches, question de pouvoir vous en donner un aperçu.

La plupart des œuvres sont rassemblées au 3e étage. Elise Pakiry présente une installation en trois temps. Des photographies de corps masqués par une cagoule tricotée pour reproduire un exubérant organe sexuel féminin captent l’attention. Tout comme le sein gonflable rose d’où s’est extirpée l’artiste pour une performance immortalisée en vidéo. Les photographies d’Élie Dubois-Sénéchal montrent des groupes d’amis, vêtus d’habits scintillants, qui arborent des masques de Donald Trump maquillé comme Marilyn dans les œuvres d’Andy Warhol.

Olivier Thibeault travaille aussi sur les représentations du corps, mais en peinture et en flirtant davantage avec l’abstraction, décrit la commissaire. Maëlle Urien façonne quant à elle des formes — membres ou organes — avec de la mousse, des bas de nylon et des fleurs, alors que Claudie Mailhot-Trottier a fait des portraits montrant avec douceur des sujets dans leur environnement intime. En photo et en broderie, Gabrielle Brochu traite de la fertilité, de la féminité et des terrains fertiles.

Une partie de l’installation de Maëlle Urien

Nature et langage

Gabrielle Ouellet Morneau, qui a une formation en joaillerie, affiche au mur un herbier de plantes séchées, où devaient être intégrés de petits cabinets de curiosités. Viviane Caron a travaillé en photo-collage à partir d’images de la nature, réagencées pour créer la silhouette d’un animal ou d’un continent. Joelle Henry a quant à elle collecté des images et des objets dans la nature, comme des archives. Sophie Poirier tente plutôt de «documenter l’absence» dans de grandes toiles monochromes noires.

Une partie de l’installation de Gabrielle Ouellet Morneau

Stéphanie Letarte a conçu un dispositif électronique qui compose des discours à partir de textes célèbres aux accents sexistes et machistes, alors que Jack Bradley a conçu une piste sonore, deux dictionnaires et des échantillons calligraphiques d’une langue qu’il a inventée.

Les photographies de Joelle Henry

Noémie Myrian Otis a créé plusieurs petites boîtes, archivant un laboratoire-fabrique de chiens, dont on peut voir le contenu par des judas. Rachel Wisniewski signe un long exutoire coloré.

Un des photo-collage de Viviane Caron

Trois installations sonores ou vidéos occupent des espaces au 4e étage : une «projection angoissante» de Catherine Robitaille, une installation rassemblant des centaines yeux sur acétate de Judith Cameron et une vidéo contemplative, incluant eau et cellophane, d’Annabelle Guimond Simard, décrit la commissaire.

À découvrir jusqu’au 2 juin au 295, boulevard Charest Est, Québec.