Il a pu conforter des partisans qui demeuraient plus ou moins convaincus par le projet de loi et peut-être même ébranler l’opinion d’«opposants mous», croit-on.
Lors de ces audiences publiques, certains, comme la mairesse de Montréal, Valérie Plante, ont mis l’accent sur les conséquences de la future loi sur les personnes qui seront directement touchées. C’est sans surprise que le ministre Simon Jolin-Barrette a rejeté sa demande d’une analyse d’impact selon le sexe.
M. Jolin-Barrette fait de la «politique autrement». Mais pas dans le sens où l’on entend généralement cette expression. Après les audiences publiques, il n’a pas tenté de faire croire qu’il se pencherait sur plusieurs possibilités d’amendements.
Élargira-t-il la portée de la clause de droit acquis pour, par exemple, permettre à une enseignante de postuler un poste de directrice d’école sans perdre le droit de porter un hijab? En élargira-t-il la portée pour y inclure les étudiants inscrits dans un domaine où une interdiction prévaudra? Non.
Définira-t-il précisément ce qu’est un «signe religieux», comme l’a réclamé Alain Fortier, de la Fédération des commissions scolaires du Québec? Le ministre n’en a pas parlé, mais j’en doute.
En fait, nous sommes priés de comprendre que le projet de loi est déjà un «compromis» en soi. C’est ce qu’il faut retenir.
Au cours de ces audiences, il est très clairement apparu que le recours aux dispositions dérogatoires est autant une décision juridique qu’un acte d’affirmation politique pour le gouvernement Legault.
Lorsque la loi sur les signes religieux aura été adoptée, le Québec aura élargi la portée du concept de «société distincte»; il aura accentué sa distinction au sein du Canada — pour le mieux, selon plusieurs, pour le pire, selon d’autres.
Un bâillon législatif pour l’adoption? Mais pourquoi? Pour éviter d’avoir à aller jusque-là, le cas échéant, le gouvernement n’aurait qu’à prolonger les travaux de l’Assemblée nationale au-delà de la mi-juin, période prévue du début de la relâche estivale.
Air Canada-Transat
François Legault a parlé du pincement au coeur qu’il ressentait devant la perspective qu’Air Canada acquière Air Transat. Le cofondateur d’Air Transat se pinçait sans doute aussi les lèvres... Mais il a fait contre mauvaise fortune bon coeur.
En son for intérieur, M. Legault a dû avaler un peu de travers en entendant son ministre Pierre Fitzgibbon bénir plus fortement que lui le probable achat d’Air Transat par Air Canada en disant qu’il s’agissait d’une «solution québécoise». Comme ce dernier, il a cependant, lui aussi, insisté sur le fait que le siège social du transporteur canadien est situé à Montréal. Il n’avait pas le choix.
N’empêche qu’à l’horizon, on voit très bien poindre une opération de rationalisation et sans doute aussi une hausse des tarifs sur certaines liaisons.
François Legault s’est souvenu avec un brin d’émotion du premier décollage d’un appareil d’Air Transat. Moi, je me souviens qu’en novembre 2011, en lançant officiellement la Coalition avenir Québec, il avait dit vivre le même bonheur que 24 ans plus tôt, lorsqu’il avait assisté au tout premier décollage du premier L-1011 de sa compagnie aérienne. C’était à Mirabel.
Un scrutin proportionnel?
Malgré le calendrier serré du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), le premier ministre Legault assure que le scrutin proportionnel peut être mis en place pour les prochaines élections.
Le DGEQ a prévenu que la loi ad hoc devait être adoptée au plus tard en décembre pour que la prochaine législature soit élue avec ce nouveau mécanisme. Il est toujours prévu que le projet de loi soit présenté avant le 1er octobre.
Techniquement, rien n’est donc compromis — législativement parlant. Mais, s’agissant d’un tel projet de loi, et du fait que de plus en plus de voix s’élèveront pour réclamer un référendum sur cette question, le temps législatif sera bien court!
Et l’échéancier sera très très court pour l’atterrissage que devra ensuite effectuer le DGEQ. Pensons seulement à la carte des circonscriptions, qui devra être complètement redessinée.
Finalement, ce sera peut-être un projet non pas pour 2022, mais pour 2026 (et au mieux...). Est-ce que cela chagrinerait tout le monde au gouvernement? Pas du tout.