«J’ai regardé les documents accessibles au public, et j’ai été profondément surprise, je ne m’attendais pas à ce genre de réforme. Je m’attendais à une réforme qui parlerait plus d’égalité, qui viendrait naturellement aider tout le monde mal pris lors d’une rupture. Dans la consultation publique de la réforme, il y a un document que j’ai annoté de part et d’autre et il m’a jeté en bas de ma chaise, ce que je ressentais de ce document-là c’est qu’il y a beaucoup d’injustice. Je constate que la situation des pères à la suite d’une rupture, on en tient plus ou moins compte. L’après-rupture, on s’en fout carrément, on ne se pose pas de question», exprime Lise Bilodeau, présidente de l’ANCQ.
La consultation publique se tiendra au Musée de la Civilisation à Québec, toute la journée lundi. Mme Bilodeau y présentera un mémoire Pour une réforme du droit de la famille moderne et égalitaire.
«Je souhaite pour les jeunes que la réforme soit équitable envers tout le monde, et non genrée. S’il y a des besoins, oui, on va les combler. Mais en même temps, il faut penser à celui qui comble les besoins. On l’oublie celui-là. Il devient marginalisé. Il faut donner à celui qui paie la chance de conserver sa dignité», indique aussi la présidente de l’association.
500 M$ de pensions alimentaires
La situation actuelle au Québec est que plus de 274 000 ordonnances de pensions alimentaires sont traitées annuellement, ce qui représente 500 millions $. Parmi cet ensemble, 61 % sont dans un contexte de garde exclusive de la mère, alors que 13 % dans un contexte de garde du père (selon les chiffres de Revenu Québec).
«On n’est pas contre le fait que les papas paient une pension, mais ce qui s’en vient est énorme. Ça rend la situation de ceux qui paient complètement inéquitable par rapport à celle de la maman. On veut une égalité promise, mais aussi une autonomie. On tape sur celui qui va payer. Je souhaite tellement la liberté et l’autonomie des femmes, mais je ne la trouve pas là-dedans. Le bonhomme va payer et c’est fini», ajoute Mme Bilodeau.
Fondée en 1979, l’ANCQ est préoccupée par la discrimination et les conditions de vie plus difficiles vécues par des couples formés d’hommes séparés unis à une nouvelle conjointe. Les enfants sont également pris en compte, l’association valorisant le droit d’accès aux deux parents et la présomption de garde partagée.
L’association accompagne donc les pères qui doivent payer des pensions alimentaires, mais qui au fil du temps, ne parviennent plus à assurer une condition monétaire confortable.
«On veut faire changer les lois, c’est sûr. Mais on a aussi un côté caritatif. Assez souvent, on va aider les nouveaux conjoints, les papas, en difficulté. Les nouvelles conjointes nous parlent des problèmes qu’ils ont avec leur homme. Et bien souvent maintenant les papas sont seuls, ils ne refont pas leur vie, ils n’ont pas d’argent», termine la présidente.
Mme Bilodeau espère que de moins en moins d’enfants souffriront des conflits résultant d’une rupture des parents.
La ministre de la Justice et procureure générale du Québec, Sonia LeBel, et l’adjoint parlementaire de la ministre et député de Chapleau, Mathieu Lévesque, rencontreront différents groupes de la société civile ainsi que des citoyens au sujet de la réforme. Les groupes et organismes pourront se faire entendre lundi entre 9h30 et 12h, et les citoyens entre 13h30 et 17h et de 18h à 21h, au Musée de la Civilisation à Québec.