Madame Drapeau a écrit au premier ministre François Legault, au ministre de l’Éducation Jean-François Roberge et à la ministre déléguée à l’Éducation Isabelle Charest pour leur faire part des impressions vécues par sa fille lors de l’épreuve de français du ministère, le 1er mai.
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«Il y a des classes où la tablette est permise et d’autres où elle ne l’est pas. Dans ce dernier cas, ils ont le dictionnaire papier. Pour avoir vu des jeunes à l’œuvre depuis des années, ils sont plus rapides avec la tablette. Certains étudiants ne savent pas se servir d’un dictionnaire papier. Vingt pour cent de la grille de pondération est associée à l’orthographe. À la fin d’un examen, ce qui prend le bord, c’est la révision de l’orthographe. Ceux qui sont plus rapides avec la tablette qu’avec le papier mais qui ne peuvent compter sur la tablette sont désavantagés», analyse Nathalie Drapeau.
Selon les renseignements recueillis depuis qu’elle a écrit une première fois aux représentants du gouvernement québécois, le 2 mai, la tablette est acceptée dans des classes de plusieurs écoles du Québec depuis 2011-2012.
«Le ministère de l’Éducation a conclu que tous les étudiants avaient suffisamment de temps, qu’ils emploient la tablette ou qu’ils écrivent à la main. Je ne suis pas d’accord. Même si l’Antidote (un logiciel de correction) est désactivé, comme on me le souligne, bien des élèves sont plus rapides en composant directement leur brouillon sur la tablette, et pour faire la recherche dans le dictionnaire électronique lors de la correction. Ceux qui n’ont pas accès à la tablette et qui doivent faire la rédaction de leur brouillon à la main, puis transcrire leur copie au propre, sont clairement désavantagés», ajoute-t-elle.
Il y a des classes où la tablette est permise et d’autres où elle ne l’est pas. Dans ce dernier cas, ils ont le dictionnaire papier
Nathalie Drapeau a deux filles qui ont passé l’examen de secondaire V en français du ministère, l’une en 2018 et l’autre cette année. Les deux ont exprimé les mêmes remarques à propos de l’iniquité découlant de la disponibilité de la tablette ou non.
«Ma fille a 95 %. Je n’ai aucune angoisse pour elle, mais quand elle est arrivée de son examen la semaine passée en disant : «le privé a encore un avantage sur moi», ça, ça me gosse, pour employer leur vocabulaire», souligne Mme Drapeau.
Elle s’en veut un peu de ne pas avoir lancé la question il y a un an, quand son autre fille a passé les mêmes remarques.
Au Québec, environ 75 % des étudiants du secteur privé travaillent avec des tablettes, comparativement à 25 % pour ceux des écoles du secteur public.
«Je ne veux pas en faire essentiellement une question d’école privée versus école publique, mais nous n’avons pas d’école privée en Gaspésie. L’examen de français au secondaire V est important pour les jeunes. S’ils ne sont pas soumis aux mêmes conditions, ils ne sont pas sur la même ligne de départ. Si le ministère a des preuves irréfutables qu’il y a équité avec et sans tablette, il doit en faire la preuve clairement. La question de perception est importante ici pour les jeunes. Cet aspect n’a pas été évalué par le ministère. On me l’a dit», dit-elle.
«Système à deux vitesses»
Bryan Saint-Louis, porte-parole du ministère de l’Éducation, note que tous les «élèves rédigent leur épreuve en mode papier crayon». Il note de plus qu’il y a équité parce que les logiciels susceptibles de conférer un avantage aux étudiants munis d’une tablette sont désactivés lors d’un examen.
Le député de Bonaventure, Sylvain Roy, croit que cette utilisation des tablettes par une partie seulement des étudiants crée «un système à deux vitesses, un système donnant des avantages qui semblent manifestes pour une catégorie d’élèves. Il y a apparence d’iniquité au moins, pas iniquité accotée, mais c’est inacceptable. On va poser des questions au ministre Roberge».