À l’heure actuelle, les Québécois ont acheté 45 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables. Même s’il ne reste que 20 mois pour atteindre la cible, Mme Gélinas n’a aucun doute. «L’industrie n’avait pas anticipé un engouement aussi fort», exprime celle qui dirige Transition énergétique Québec (TEQ), une nouvelle société d’État qui vient de fêter son deuxième anniversaire.
En entrevue au Soleil, Mme Gélinas explique que l’an dernier, il y avait une douzaine de modèles d’autos électriques sur le marché. Cette année, il y en a une quarantaine et dans deux ans, l’industrie prévoit pouvoir proposer 200 modèles.
À ce développement rapide de l’industrie s’ajoutent d’autres facteurs politiques. «Il y a quelques années, le problème qu’on avait, c’est qu’il ne rentrait pas assez de véhicules électriques au Québec.» Le gouvernement libéral de Philippe Couillard a imposé la norme VZE (véhicule zéro émission) aux constructeurs automobiles, si bien que depuis le 11 janvier 2018, ceux-ci sont obligés de fournir un nombre minimal de véhicules électriques à leur clientèle.
Mme Gélinas explique que l’élection de Doug Ford en Ontario, en juin 2018, a aussi changé la donne. «L’Ontario donnait un rabais [à l’achat d’un véhicule électrique] plus intéressant que le nôtre, alors les constructeurs envoyaient la majorité de leurs voitures en Ontario. Quand le gouvernement ontarien a retiré la subvention du jour au lendemain après l’élection, les constructeurs se sont tournés vers nous, parce qu’on était le deuxième plus intéressant.»
Au Québec, c’est TEQ qui administre le programme Roulez électrique, qui offre une subvention pouvant aller jusqu’à 8000 $ à l’achat d’un véhicule neuf. Mme Gélinas s’attend à ce que les ventes de véhicules électriques montent en flèche au cours des prochains mois, parce qu’à partir du 1er mai, le gouvernement fédéral a décidé d’ajouter un rabais de 5000 $ à l’achat d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable.
La Coalition avenir Québec doutait fortement il y a quelques années que le Québec puisse atteindre cette cible des 100 000 véhicules en 2020. Aujourd’hui, le discours du ministre caquiste des Ressources naturelles Jonatan Julien est tout autre. «Il y a une croissance exponentielle [du nombre de véhicules électriques]. C’est certain qu’on va atteindre la cible dans deux ans», a-t-il soutenu la semaine dernière, lors de l’étude des crédits de son ministère.
Encore très peu
Reste que 100 000 véhicules, c’est très peu dans un parc automobile qui compte 6,5 millions de voitures. Dans sa politique énergétique, le Québec s’est fixé l’objectif d’atteindre 1 million de véhicules électriques sur ses routes d’ici 2030. «Ça, c’est une autre histoire. Est-ce qu’on pourra atteindre ça? Je ne m’avancerai pas», commente Mme Gélinas.
Surtout que les rabais gouvernementaux pour stimuler l’achat de véhicules électriques ne seront pas éternels et tendront à diminuer avec les années. «Le prix des véhicules diminue, l’autonomie augmente. Alors l’idée, c’est que lorsque le prix sera équivalent à celui d’un véhicule à essence, t’as plus besoin de subvention.»
TEQ, qui compte une centaine d’employés à Québec, gère huit programmes de subventions différents, qui visent tous l’efficacité énergique ou la réduction des gaz à effet de serre. Il aide par exemple de grandes industries à se débarrasser du chauffage au mazout.
Financée en grande partie par le Fonds vert du Québec, TEQ espère ne pas perdre de plumes lors de la réforme de ce fonds annoncée par la CAQ. «Avec 18 % de l’argent du Fonds vert, on livre 60 % des réductions de GES au Québec. On peut dire que l’argent est bien investi», évalue Mme Gélinas.
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LA FIN DE RÉNOVERT, MAIS RÉNOCLIMAT RESTE
Plusieurs rénovateurs ont été déçus d’apprendre dans le dernier budget que le crédit d’impôt RénoVert était aboli. Johanne Gélinas, pdg de Transition énergétique Québec (TEQ), explique toutefois que le programme Rénoclimat reste, et qu’il sera même bonifié. «Un des enjeux, c’est qu’il y avait de la duplication, de la redondance. C’est comme si tu étais payé deux fois pour tes travaux», indique-t-elle. Ceux qui veulent changer leurs portes, leurs fenêtres ou mieux isoler leur maison pourront s’adresser à TEQ et recevoir une subvention, mais seulement après qu’un évaluateur soit passé sur place et analyse la véritable efficacité énergétique qui pourra être tirée de ces rénovations. Mme Gélinas explique que le programme sera éventuellement bonifié, pour inclure par exemple la domotique. Patricia Cloutier
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DE L'HYDROGÈNE POUR LES GROS CAMIONS
TEQ a procédé il y a quelques semaines à l’inauguration de la première station à hydrogène publique, située à Québec. Mme Gélinas précise qu’il s’agit d’un «banc d’essai» parce que le Québec veut apprivoiser cette technologie. «L’avenir de l’hydrogène, c’est pas pour les véhicules individuels. C’est vraiment dans le transport lourd, pour les gros camions», indique Mme Gélinas. Parce que les batteries utilisées dans les voitures électriques ne procurent pas assez d’autonomie aux camions lourds. D’ici un an, TEQ aura complété une étude sur le potentiel de l’hydrogène au Québec. «À ce moment-là, on va être capable comme gouvernement de se positionner à savoir si on veut investir dans l’hydrogène et où on doit investir.» Patricia Cloutier