Même si François Legault et les caquistes ont été élus sans mettre la lutte contre les changements climatiques dans leur liste de priorités, les appels à l’action se multiplient.
Ils ne proviennent pas uniquement de Québec solidaire et des jeunes qui manifestent le vendredi depuis des semaines. Ils ne se limitent pas non plus aux images de zones inondées.
Le gouvernement ne peut en faire fi.
Au Québec, d’ici 50 ans, 20 000 décès seront attribuables aux changements climatiques, a soutenu mardi un regroupement de médecins, d’infirmières et de professionnels de la santé en conférence de presse, à Montréal.
L’Organisation mondiale de la Santé estime que les changements climatiques sont la plus grande menace à la santé du XXIe siècle, ont rappelé les porte-parole.
«Comment vivre en santé alors que notre environnement lui, est malade», demande la vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Shirley Dorismond. «L’environnement constitue l’un des plus importants déterminants sociaux en santé».
Contrairement à l’environnement, la santé fait partie des trois priorités du gouvernement de François Legault. Il serait donc logique que Québec tente d’agir sur les éléments qui nuisent à l’état de santé de la population.
En d’autres mots, prévenir plutôt que de se limiter à soigner et à traiter les dommages et le stress causés par la pollution, les inondations, les vagues de chaleur, les pannes d’électricité et les précipitations extrêmes plus courantes.
La santé physique, mais la santé mentale serait également grandement affectée par les changements climatiques. Le Devoir publiait mardi un texte du Monde faisant état d’études pointant dans cette direction. En Europe comme en Amérique, les catastrophes naturelles ont des effets néfastes sur la santé mentale, notamment chez les personnes disposant de ressources plus limitées.
Dans un tout autre domaine, les changements climatiques sont également une source de soucis pour le pdg d’Hydro-Québec, Éric Martel. Dans une entrevue récente à La Presse canadienne, M. Martel a affirmé que «c’est clair que les changements climatiques ont un impact sur notre business». Il n’est sûrement pas le seul à constater des impacts sur ses affaires.
Le pdg signale que les intempéries pèsent de plus en plus lourd. Il y a eu 4500 pannes de courant de plus que l’an dernier. En 2017, la société d’État avait dû affronter huit événements majeurs. L’an dernier, le double. En comparaison des années 1980, c’est quatre fois plus.
La facture d’heures supplémentaires de travail a fait un bond chez Hydro. Les coûts d’émondage seraient aussi en hausse, car les arbres poussent plus rapidement qu’avant.
Les changements climatiques sont-ils «LA» cause et la seule explication aux transformations notées par les professionnels de la santé et le président d’Hydro? Certains avanceront sûrement d’autres explications, d’autres hypothèses.
Néanmoins, il risque de devenir de plus en plus difficile pour le gouvernement de tarder à s’engager dans une lutte contre les changements climatiques lorsque différentes voix l’invitent à le faire.
«Le statu quo est inacceptable. C’est mon devoir en tant que médecin de nous prescrire plus d’ambition politique», soutient Claudel Pétrin-Desrosiers, de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.
L’urgence climatique peut paraître bien théorique et bien lointaine pour certains. Montée des océans, extinctions d’espèces et déstabilisation des calottes polaires ne les bouleversent pas.
Par contre, si des professionnels de la santé sonnent l’alarme et font des liens entre changements climatiques et problèmes cardiorespiratoires, asthme et maladie de Lyme, un certain nombre se montreront sûrement plus attentifs et voudront savoir ce qu’eux et leur gouvernement peuvent faire pour limiter les dégâts.