La quarantaine passée, plusieurs musiciens tournent tranquillement le dos à leur projet musical pour se concentrer sur d’autres aspects de leur vie. C’est loin d’être le cas pour Didier, William Murray (voix), Sébastien Marier-Verret (basse) et Michel Bélanger (batterie), qui font passer leur groupe en deuxième vitesse en espérant atteindre les plus hauts sommets de la planète métallique. «À 41 ans, le feu brûle encore plus fort que quand j’avais 15 ou 16 ans», affirme Didier, qui souhaite que son groupe soit connu pour autre chose que sa double vie d’avocat et de «métalleux».
«Parfois, quand on joue à Montréal, certains sont surpris et parlent du band avec “l’avocat dedans”, mais on veut être autre chose. Tant mieux si ça peut amener des gens à être curieux et à écouter notre musique, mais on ne veut pas mélanger les choses. On n’est pas des animaux de foire!» poursuit le guitariste, dont la verve et le franc-parler lui sont fort utiles dans ses deux carrières.
Mode de vie
Car évidemment, les gars de The Flaying ont tous un autre emploi : Michel travaille à la faculté de droit de l’Université Laval; William est gestionnaire de projet et chef d’équipe à la Société de l’assurance-automobile du Québec (SAAQ) et Sébastien est disquaire. «Oui, c’est une grosse gestion de gérer nos emplois et le groupe, mais il faut mettre l’accent sur le groupe. On veut faire des choses et c’est la seule façon pour que ça marche», explique Michel. «Je me fais parfois dire “vous avez un beau loisir!”, mais pour nous, ce n’est pas un loisir, c’est un mode de vie!» ajoute Didier.
Après avoir présenté une trentaine de spectacles au Québec et en Ontario depuis 2013, The Flaying rêve maintenant d’aller faire un tour en Europe, terre promise pour tout artiste métal qui se respecte, aux États-Unis et même au Japon. «Oui, on veut faire des gros festivals, des gros shows. On veut aller à un endroit où très peu de groupes sont allés et on sait qu’on peut y aller», poursuit Didier, qui a fondé The Flaying avec trois autres camarades en 2010.
Ambitions
Après un premier album, Unhope, lancé de façon indépendante, la signature avec PRC Music, l’étiquette québécoise de Rémi Côté qui s’est fait depuis quelques années une place de choix dans le monde du métal, s’insère dans cet objectif de passer à un autre niveau. «C’est certain que le but ultime serait de signer avec une grande étiquette comme Metal Blade, Earache, Nuclear Blast ou Roadrunner, mais PRC Music, c’est un peu comme la ligue semi-pro. C’est l’un des labels canadiens émergents dans ce qui est actuel. Beaucoup de bands qui ont un following sont signés là», explique Didier. «On a aussi travaillé avec des gars comme Raphaël Malenfant, Nick Tremblay (Now and on Earth) et Christian Donaldson (Cryptopsy) du studio The Grid pour atteindre les plus hauts standards de qualité sonore.»
C’est que pour The Flaying, la virtuosité et l’aspect technique de la musique est un facteur aussi important que la lourdeur et la vitesse des riffs. «C’est très important, la technique, et on se donne des standards très élevés», explique Didier, ajoutant que le processus de création du groupe implique les quatre membres. «Ce sont quatre personnalités qui entrent en collision. Le processus est établi. Quelqu’un arrive avec une idée et on la travaille en groupe», indique Sébastien.
Le quatuor assume aussi pleinement la nature violente et apocalyptique de ses thèmes. «Oui, il y a des trucs qui pourraient devenir tendancieux dans nos chansons, dans les couvertures de nos albums», indique Didier en pointant un policier mort-vivant en train de frapper un autre personnage. «L’esthétique de notre univers peut-être très choquante, mais ça nous inspire», enchaîne-t-il. «Nos paroles se rapportent souvent à une crise existentielle et sociale, c’est un filon très riche à exploiter», ajoute William.
«Le message, c’est un peu la “finitude” de l’humanité. Tout le monde va mourir et on espère être là pour jouer de la musique pendant que ça se produit, un peu comme les musiciens du Titanic», conclut Didier, sourire en coin.
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EN ANGLAIS ET EN FRANÇAIS S.V.P. !
Alors que plusieurs groupes métal optent spontanément pour l’anglais comme langue «universelle», de plus en plus de groupes choisissent aussi de chanter dans leur langue maternelle. The Flaying emprunte à la fois les deux voies, son chanteur William Murray ayant choisi d’écrire à la fois dans la langue de Shakespeare et dans celle de Molière.
«Depuis deux ou trois ans, il y a beaucoup bands au Québec qui chantent dans les deux langues. Il y a dix ans, plusieurs se disaient qu’il fallait absolument chanter uniquement en anglais pour aller à l’international, mais il y avait aussi quelques groupes qui composaient uniquement en français», explique William.
«Pour moi, ce sont souvent les thèmes qui m’amènent à écrire dans une langue plutôt que dans l’autre. Sur notre nouvel album par exemple, il y a une pièce qui s’appelle “Place du Parvis” et qui traite de ce secteur du quartier Saint-Roch. Je ne pouvais pas vraiment écrire ça dans une autre langue que le français!» poursuit-il.
William avoue d’ailleurs que les approches d’écriture sont plutôt différentes en anglais et en français. «On voit souvent le français chez les groupes black metal comme Sombre Nostalgie, dont j’ai déjà fait partie. Ça apporte un niveau de langage plus poétique qui cadre bien avec cette souche plus sombre du metal.»
«Pour nous, ce qui est bien, c’est que William est capable de bien faire sonner les deux langues. Alors nous continuerons d’avoir des pièces en anglais et en français», ajoute le batteur Michel Bélanger. Ian Bussières
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