Travailleurs de 14 à 16 ans: une main-d’œuvre sous-estimée

Selon Jean-Nicolas Tremblay, directeur général des IGA des Sources, même si les travailleurs de 14 à 16 ans sont souvent une main-d’œuvre sous-estimée, ce ne sont pas tous ces jeunes qui sont prêts pour le monde du travail.

«Les travailleurs de 14 à 16 ans sont souvent une main-d’œuvre sous-estimée par les employeurs! Il faut juste prendre le temps de bien faire le processus de sélection».


La direction de la chaîne IGA des Sources, qui détient six points de vente à travers la grande région de Québec sous différentes enseignes, n’hésite pas aujourd’hui à faire confiance aux jeunes travailleurs. Surtout, lorsqu’on sait que le taux de chômage sur le territoire est de 3,9 %.

Dans ses rangs, elle compte présentement une quinzaine d’employés âgés de moins de 16 ans. Il s’agit d’un nombre marginal comparer aux 850 talents de l’organisation à travers son réseau. Toutefois, si on pense à plus long terme, il s’agit d’une relève intéressante et non négligeable pour une organisation. 

«Nous avons des gens qui demeurent chez nous durant toutes leurs études. Ce sont parfois des enfants d’autres employés», indique au Soleil le directeur général des IGA des Sources, Jean-Nicolas Tremblay. «Va-t-il en avoir encore plus au cours des prochaines années? Je ne sais pas, mais oui, cela peut aider lorsque la main-d’œuvre est plus difficile à trouver», poursuit-il. Un élément, et il ne le cache pas, qui peut forger un sentiment d’appartenance envers une organisation.

La direction tient toutefois à préciser que la priorité demeure les études. Pas question de faire l’école buissonnière pour gagner des billets verts. 

Pour embaucher un jeune entre 14 et 16 ans, l’employeur doit respecter certaines normes du travail. Par exemple, il ne peut pas faire travailler un adolescent la nuit, soit entre 23 heures un jour donné et 6 heures le lendemain, sauf si celui-ci n’est plus obligé de fréquenter l’école.

À partir de 14 ans, pour information, la direction n’a légalement plus besoin d’obtenir l’autorisation écrite de l’un des parents. Chez IGA des Sources, on demande tout de même le feu vert d’un proche.

Selon M. Tremblay, ce ne sont pas tous les jeunes âgés de 14 ans qui sont toutefois prêts pour le monde du travail. Chez IGA des Sources, ils occupent souvent des postes d’emballeur et de commis, entre autres, aux fruits et légumes ou à la boulangerie. 

«Il y a une question de maturité et de développement d’où l’importance de l’entrevue. Il y a parfois des jeunes qui se démarquent et ils sont souvent très efficaces», estime-t-il. «Nous sommes une entreprise familiale. C’est intéressant de voir des parents avec leurs enfants», ajoute-t-il.

Moins de curriculum vitae

Ce dernier concède qu’il y a moins de curriculum vitae sur son bureau qu’il pouvait y en avoir il y a cinq ans. Il se réjouit toutefois à l’idée que son organisation semble actuellement épargnée par le manque de travailleurs qui frappe la province. Son taux de roulement est d’environ 35 %.

«Ce n’est pas un taux très élevé pour le commerce de détail. Est-ce que le climat pour l’emploi est rose? Non, mais cela va quand même bien pour nous. Nous sommes situés dans des régions ou des secteurs où il y a beaucoup de développements pour de jeunes familles», explique-t-il. «La réalité, c’est que nous avons de la difficulté à trouver des gens pour faire entre 25 et 40 heures par semaine. Chaque fois que nous avons un bon CV et une bonne rencontre, aujourd’hui, nous embauchons», poursuit celui qui a débuté dans le domaine de l’alimentation à l’âge de 16 ans.

Les curriculum vitae des personnes retraités — elles sont actuellement plus d’une trentaine à travers le réseau de l’entreprise — sont également les bienvenus. «Le marché est vraiment ouvert chez nous de 14 à 75 ans», conclut le patron, avec une pointe d’humour.

Chez Sobeys, la maison mère des IGA, la porte-parole Anne-Hélène Lavoie a indiqué au Soleil que la chaîne IGA des Sources est l’une des rares à travers l’organisation à embaucher des travailleurs de moins de 16 ans. La compagnie ne possède aucune politique à l’interne concernant cette tranche de travailleurs.

Selon une étude publiée par le Mouvement Desjardins, mercredi, près de 120 000 postes étaient à pourvoir au Québec au troisième trimestre de 2018, soit presque le double qu’il y a deux ans. Au Québec, les quatre secteurs ayant un nombre plus élevé de postes à combler sont l’industrie manufacturière (18 105), l’hébergement et la restauration (13 580), le commerce de détail (13 430) ainsi que les soins de santé (13 240).

Toujours selon Desjardins, au Québec, «le salaire des postes exigeant un diplôme d’études secondaires se situe en moyenne à 16,65 $ l’heure comparativement à 32,75 $ l’heure pour ceux qui détiennent un baccalauréat».