C’est du moins ce qu’on peut lire dans une note interne du syndicat obtenue par Le Soleil. On indique que l’entreprise est disposée à faire droit à la demande de l’organisation syndicale dans le cadre du renouvellement des conventions collectives dans sept de ses établissements, mais à certaines conditions.
En plus de la hausse de loyer pour chaque année donnée, l’employeur précise que ses résidences doivent maintenir un niveau d’occupation d’au moins 96 %, que le taux directeur d’intérêt de la Banque du Canada (1,75 %) ne doit pas grimper de plus de 0,25 % et que les exigences gouvernementales demeurent substantiellement les mêmes, c’est-à-dire qu’elles n’entraînent pas de coûts additionnels.
Ces demandes jugées «inacceptables» par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) sont inscrites dans une contreproposition datée du 10 janvier dernier.
Elles ont fait bondir de leur chaise des responsables du syndicat, qui digèrent mal le fait de refiler la facture aux occupants des résidences pour personnes âgées.
Ils tiennent à rappeler que le roulement de personnel dans ce secteur atteint souvent plus de 50 % en raison des mauvaises conditions de travail.
«Pour avoir une entente de principe, nous demandions à l’employeur d’avoir un lien avec le salaire minimum», indique Gilles Gagné, représentant du secteur des Centres d’hébergement privés à la FSSS-CSN. «Nous n’avons aucun contrôle sur ces quatre conditions. C’est une insulte pour les travailleurs qui s’occupent des aînés. Ce n’est pas nous qui régissons la Régie du Logement. On ne portera pas l’odieux devant les résidants de cette situation», déplore-t-il.
La FSSS-CSN, qui représente environ 500 personnes dans ce dossier — préposés aux bénéficiaires, infirmiers auxiliaires, réceptionnistes, cuisiniers et serveurs —, a demandé un plancher pour l’augmentation salariale de 0,50 $ en 2019 et le même montant en 2020. Ce que l’employeur a accepté.
L’an dernier, le salaire minimum au Québec avait toutefois bondi de 75 ¢ l’heure. Il avait été porté à 12 $.
«L’objectif de cette demande est de ne pas se faire rattraper par le salaire minimum. Par exemple, s’il augmente de 60 ¢ cette année et que la hausse prévue dans la convention est de 50 ¢, il y aura un écart de 10 ¢. On demande à l’entreprise de prendre le plus haut montant et c’est là qu’elle nous impose des conditions. Selon cette logique, une personne avec un salaire de 14 $ gagnerait 14,60 $», explique au bout du fil M. Gagné.
Sept établissements
Au Québec, ces négociations qui ont débuté en mars dernier concernent sept établissements, soit le Pavillon Murray, le Manoir Manrèse, les Jardins Logidor, le Manoir Les Générations, Le Clair Matin et les Jardins Intérieurs 1 et 2.
L’ensemble des syndicats dispose d’un mandat de grève générale illimitée. Jeudi dernier, une demande de conciliation a été déposée au ministère du Travail pour avoir une table commune.
«Avec la pénurie de main-d’œuvre, Cogir aurait intérêt à rassurer leurs salariés», estime M. Gagné.
«Pas exact»
Du côté de l’employeur, on préfère ne pas commenter sur la place publique les négociations en cours. Le président et chef de la direction, Mathieu Duguay, affirme que le dossier continue d’évoluer.
«Le processus va bien. On cherche des pistes de solution», avance-t-il. «Le 3 %, ce n’est pas exact, car cela n’est pas possible en vertu des règles de la Régie du Logement. On cherche à avoir des formules créatives où nous avons un alignement d’intérêt avec nos équipes», poursuit-il.
Questionné sur les quatre exigences de Cogir, M. Duguay précise que des versions subséquentes ont été travaillées.
«S’il y a d’autres versions, le syndicat n’est pas au courant. Nous n’avons aucune réponse de l’employeur», répond M. Gagné. «Et pourquoi le 3 % d’augmentation de loyer figure dans les demandes si ce n’est pas possible?» s’interroge-t-il.
Cogir possède plus de 18 000 logements situés au Québec, en Ontario et aux États-Unis incluant un réseau d’une quarantaine de résidences privées pour aînés.