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Le sommeil au volant, cet ennemi invisible

Les premiers signes de la fatigue au volant se manifestent par des picotements dans les yeux et des bâillements, entre autres.

CHRONIQUE / Il est sournois. Souvent, on ne le voit pas venir, mais à lui seul, il est responsable de près du quart des accidents routiers avec blessures et aussi mortels.


«Il s’agit de la troisième cause d’accidents après l’alcool et la vitesse. Vingt-trois pour cent des accidents avec blessures et 21 % des accidents mortels sont causés par la fatigue au volant», avance le docteur Charles Morin, directeur du Centre d’étude des troubles du sommeil de l’Université Laval.

«C’est probablement sous-estimé. Parce que contrairement à l’alcool au volant, on n’a pas une mesure qu’on peut prendre après coup pour arriver à des conclusions définitives. Donc, c’est par défaut souvent que l’on va faire ce constat-là», ajoute le chercheur rencontré la veille de l’ouverture du Salon de l’auto de Montréal.



Alors comment reconnaît-on les symptômes de la fatigue au volant? «Lorsqu’on commence à détecter les premiers signes avant-coureurs de fatigue : picotements dans les yeux, bâillements... Je peux en nommer plusieurs. On ne peut pas faire autrement, il faut s’arrêter», explique Dr Morin. «S’il y a quelqu’un d’autre pour prendre le volant et qui est plus reposé, on peut lui donner le volant. Sinon, on fait une sieste. La sieste de 15 à 20 minutes, c’est la meilleure façon de contrer la somnolence.

«Et à ça, on peut ajouter de la caféine aussi. Donc, l’équivalent de deux tasses de café en premier, après ça, on fait une sieste de 15 à 20 minutes.»

Mais ce n’est pas l’unique solution, selon le chercheur. La meilleure solution, c’est le sommeil avant de prendre la route. Il faut éviter d’accumuler une «dette de sommeil». «La cause première de la fatigue au volant, c’est le manque de sommeil. Et le meilleur remède… c’est le sommeil», affirme le Dr Morin.

Ce dernier met aussi un bémol sur les nouvelles technologies qui permettent d’avertir le conducteur qu’il peut être fatigué. «Ça peut nous donner un faux sentiment de sécurité. Au lieu de s’arrêter et de faire la sieste, si on se dit : “Je vais entendre ce bip-bip-là quand je vais traverser la médiane ou bien que ma vitesse va être inconstante.”»



Ces signes-là sont des indicateurs que le conducteur subit des épisodes de micro-sommeil, dont il a été possible de simuler avec un dispositif mis au point pour Ford et présenté en même temps que l’entrevue avec le Dr Morin.

Les constats étaient tout de même éloquents. Un simple clignement qui peut durer quelques secondes peut avoir des conséquences graves.

Un programme pour les jeunes

Justement, en s’adressant à l’un des groupes à risque, le constructeur Ford a mis sur pied un programme de conduite pour les jeunes entre 17 et 21 ans.

L’Académie de conduite Ford fait des arrêts dans les grandes villes canadiennes, généralement le printemps. Les activités se font en circuit fermé, comme le circuit ICAR à Mirabel.

Les participants ont l’occasion de prendre le volant avec les différents simulateurs d’effets physiologiques, comme celui des micro-sommeils ou celui des facultés affaiblies par l’alcool et les drogues.

Selon Christine Hollander, directrice des communications chez Ford du Canada, les écoles peuvent organiser une journée pour leurs élèves à ce programme qui est gratuit.



Toutes les informations au sujet de L’Académie de conduite Ford et le formulaire d’inscription se trouvent à www.drivingskillsforlife.ca/fr. Les inscriptions sont ajoutées à une liste de rappel et s’il y a assez d’inscriptions pour une région donnée, le constructeur organise des sessions de formation.

Mis à part les jeunes de 17 à 25 ans, les autres groupes à risque de la fatigue au volant sont notamment les travailleurs de nuit, les personnes qui travaillent entre 50 à 60 heures par semaine, ceux qui dorment moins de six heures par nuit ou qui ont des troubles du sommeil. Également, la prise de certains médicaments, comme les somnifères, les antidépresseurs, les anxiolytiques et les sédatifs a un effet évident.