Un film de guerre patriotique bat des records aux guichets en Russie

Une scène du film russe «T-34»

MOSCOU - Un film de guerre racontant «le dévouement à la Patrie» d’un soldat soviétique, dernier-né d’une série de productions patriotiques à gros budgets soutenues par l’État russe, bat des records d’affluence en Russie, selon des professionnels du secteur.


Baptisé «T-34», du nom d’un char soviétique symbole de la victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie, ce long-métrage a collecté près de 713 millions de roubles (9,8 millions d’euros) de recettes au cours de son premier week-end d’exploitation, du jamais vu, selon Biouletin Kinoprokatchika, la lettre d’information du secteur.

«C’est un drame sur la façon dont un prisonnier s’échappe d’un camp de concentration fasciste pour essayer de sauver sa vie, son amour et son dévouement à sa Patrie», a écrit le ministère de la Culture russe dans un communiqué.

Son réalisateur Alexeï Sidorov a souhaité «raconter la guerre en attirant la jeunesse sans heurter ceux qui conservent toujours la mémoire de la Grande Guerre Patriotique», poursuit la même source.

Le souvenir de la Grande Guerre Patriotique, le nom donné en Russie au conflit armé entre l’URSS et l’Allemagne nazie, reste la source d’une immense fierté et constitue un pilier essentiel du patriotisme prôné par Vladimir Poutine.

La sortie en début d’année de «T-34» a coïncidé avec celle de «Prazdnik» («La Fête»), une comédie noire se déroulant pendant le terrible blocus de Léningrad (redevenue depuis Saint-Pétersbourg) par l’armée allemande.

A l’inverse de «T-34», qui a bénéficié d’une large couverture dans les médias progouvernementaux, le réalisateur de «Prazdnik» a choisi de diffuser son film sur YouTube après avoir été critiqué et accusé de «blasphème».

Cette comédie financée par des fonds privés a néanmoins atteint près de 800.000 vues sur ce réseau social.

Le ministère russe de la Culture a le pouvoir d’autoriser ou non la sortie en salles d’un film. Début 2018, il avait interdit à la dernière minute la comédie franco-britannique «La Mort de Staline», qui narre de manière burlesque les heures ayant suivi la mort du dirigeant soviétique en 1953.

Parmi les autres grands films patriotiques récemment produits, la comédie romantique «Pont de Crimée. Fait avec amour !» est sortie quelques semaines avant que cette nouvelle structure ne soit au coeur d’un incident militaire entre l’Ukraine et la Russie.

En novembre 2017, un long-métrage sur la victoire inattendue de l’équipe de basket soviétique contre les États-Unis aux JO de 1972 est quant à lui devenu le plus gros succès commercial de l’histoire du cinéma russe.