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« Je suis allé à la frontière du Togo pour voir s’ils l'avaient passée, indique celui qui habite dans ce pays depuis sept ans. Dans les journaux, je lisais qu’ils avaient de la difficulté à savoir s’ils l’avaient fait. Finalement, ils ne l’ont pas passée. J’ai su qu’ils auraient été vus à Zimaré, à 50 km de Ouagadougou, autour du 22 décembre », indique-t-il, ajoutant que les deux voyageurs auraient pu passer la frontière illégalement, ce qui serait surprenant.
« J’ai demandé à un ami qui est député dans cette région de me mettre en contact avec le commandant de brigade de l’armée. Demain, je vais là-bas avec un ami. Ça commence à être une zone un peu à risque », avoue M. Gagnon.
Selon lui, il est « très possible » qu’Édith Blais et son compagnon de voyage se soient fait enlever. « Avec le délai de temps et le fait qu’il n’y a eu aucune transaction bancaire, c’est très étrange. Toutes les pistes sont là actuellement. Ce sont de grands voyageurs, ce qui veut dire qu’ils pourraient faire des expériences bizarres. J’espère que c’est cette option qui est le cas. Le fait qu’ils n’aient pas donné de signe de vie à leur famille dans le temps des fêtes, ce n’est vraiment pas normal. Ils font face à une situation exceptionnelle, espérant que ce n’est pas trop grave », analyse-t-il.
Est-ce important pour lui d’aider une Québécoise disparue dans son pays d’adoption? « Si personne ne prend en main ces choses-là, personne ne va le faire et rien ne va se passer. Je sais que le consul de l’Italie est très frileux dans ce genre de situation et essaie de travailler d’une manière beaucoup trop diplomatique. Je ne pense pas que c’est la solution », avoue-t-il.
« Il faut faire attention où on va et ne pas aller où il ne faut pas, conseille M. Gagnon. Il ne faut pas oublier qu’on est blancs. C’est ce que les blancs oublient souvent. C’est l’erreur classique quand on est rendus trop à l’aise. C’est là que les problèmes arrivent habituellement. Ce n’est peut-être pas des djihadistes, c’est peut-être des coupeurs de route. À ce moment-ci de l’année, c’est le gros moment des braqueurs, des invasions à domicile et des coupeurs de route. C’est peut-être relié à ça. »
De plus, le Québécois d’origine doute de la thèse de l’autostoppeur. « Je trouve ça bizarre, car ce n’est pas vraiment quelque chose qui se fait ici. C’est une information que j’ai lue, mais qui n’est peut-être pas relayée de la bonne façon. Peut-être que quelqu’un l’a référé, mais je ne peux pas en dire plus, puisque je ne le sais pas. »
Les médias en parlent
Au Burkina Faso, les médias ont commencé à parler de la situation. « Ça commence à tourner et à prendre dans les médias ici. Il faut que ce soit diffusé au maximum pour qu’on puisse avoir des nouvelles. Il n’y a pas beaucoup de blancs, donc si quelqu’un voit une blanche, début trentaine avec des dreds, elle est assez facile à repérer. »
« Demain, j’ai une entrevue à la radio. La nouvelle a commencé à rouler en boucle à partir de 20 h (15h, heure du Québec) à Burkina Info. J’ai mis en contact une journaliste avec la famille, donc un gros article en une va sortir ici », résume M. Gagnon.
Mélanie Blais, la soeur de la voyageuse, avoue que la présence de Patrick Gagnon sur le terrain est appréciée. « On ne le connait pas du tout, mais il voyage physiquement. Il est allé au consulat canadien, italien, à la frontière, il cherche activement. Ça aide beaucoup d’avoir quelqu’un là-bas. On aimerait que ça paraisse dans les journaux. Si quelqu’un les a vus, qu’ils sauront qu’on les cherche. C’est à cette étape que nous sommes rendus », décrit-elle.
Les politiciens silencieux
De leur côté, les politiciens du Canada se sont avérés silencieux. Affaires étrangères Canada a pris contact avec la famille d’Édith Blais. « Ils ont dit qu’ils nous avaient contactés plusieurs fois dans les derniers jours, ce qui n’est pas vrai, déplore Mélanie Blais. Ils voulaient savoir si on avait des informations et s’il y avait des transactions financières dans son compte. Ils ne voulaient rien nous dire. Ils disent qu’ils font des choses, mais ils ne sont pas capables de dire quoi. Il y a une ou deux personnes là-bas qui n’ont pas de pouvoir », déplore-t-elle. « C’est très bureaucratique », poursuit sa mère, Jocelyne Bergeron.
De son côté, La Tribune a tenté de parler à la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau, qui est injoignable, elle qui est en voyage à l’étranger.
Celle-ci a tout de même écrit à son attachée de presse que « notre ambassade à Ouagadougou et Affaires mondiales Canada sont au courant qu'une citoyenne canadienne est portée disparue. Nos diplomates font tout sur le terrain pour recueillir l’information pertinente, en étroite collaboration avec les autorités du Burkina Faso. Mon équipe et moi suivons l’évolution de ce dossier de près. Et mes pensées sont bien sûr avec la famille et amis qui vivent un moment extrêmement difficile. »
Le député de Sherbrooke, Pierre-Luc Dusseault, affirme qu’en ce moment il n’est pas impliqué dans ce dossier et ne connait pas les détails.