Le titre, Vice, fait allusion à la position de vice-président des États-Unis qu’a tenu Cheney (Christian Bale) pendant les années Bush (Sam Rockwell), de 2001 à 2009. Mais le film ne se limite (heureusement) pas qu’à cette période. Le long métrage va faire des aller-retour entre celle-ci et les faits saillants de sa carrière.
Le tout débute en 1963. Cheney est un soûlon qui aime se battre. Après une deuxième arrestation pour conduite en état d’ébriété, sa femme Lynne (Amy Adams) lui fixe un ultimatum : il reprend sa vie en main ou elle part. L’ambitieuse, et le pilier, c’est elle.
Vice met en évidence l’amour mutuel de ce duo de choc, mais aussi le dévouement du patriarche envers sa famille. L’homosexualité de leur deuxième fille mettra fin à leurs rêves présidentiels.
McKay souligne évidemment à gros traits les faits marquants des années où le vice-président contrôle la Maison-Blanche, les attentats du 11-Septembre et ses retombées : suppression des libertés individuelles et de certains droits fondamentaux; torture; pouvoir absolu à la présidence; invasion de l’Irak sous de mauvais prétextes (la présence d’armes de destruction massive, entre autres)… Mais aussi l’enrichissement pour les amis du régime, en particulier Halliburton, dont il était le DG jusqu’à son retour en politique.
Comme il l’avait fait de façon magistrale avec The Big Short (Oscar du scénario adapté 2016), le réalisateur utilise des saynètes pour démystifier son propos. Comme ce serveur qui explique au vice-président et à sa garde rapprochée sur un faux menu les options qui s’offrent à eux après le déclenchement du conflit. «On va tout prendre», s’exclame Cheney… Une soif de pouvoir insatiable.
Le cinéaste a aussi recours à un mystérieux narrateur pour les mises en contexte. Nous en saurons un peu plus sur la nature de sa relation avec Cheney au fil de la progression du récit, jusqu’à un incroyable punch vers la fin…
C’est ce qui est remarquable avec Vice : l’inventivité dans l’écriture et la réalisation. Comme de planter un (faux) générique en plein milieu du long métrage avec une fin beaucoup idyllique que la réalité. Ce n’est que pour mieux repartir!
Il y a aussi l’utilisation d’images d’archives qui confère à la fiction une twist documentaire. Sans parler du rythme rapide et du montage énergique.
On pourrait aussi souligner sa direction d’acteurs impeccable. On voit mal comment l’Oscar pourrait échapper à Christian Bale (la trilogie des Batman, Le coup de grâce…). L’acteur nous refait le coup de la métamorphose physique pour incarner un Cheney, jusque dans la démarche, les inflexions de voix et les expressions, plus vrai que vrai. Même chose pour Steve Carell en faucon Rumsfeld et Sam Rockwell en malléable Bush. Et Amy Adams (Le coup de grâce, L’arrivée...), absolument formidable dans la peau de Lynne Cheney, qui devrait obtenir une nomination pour l’actrice de soutien.
Vice est assurément l’un des meilleurs films de 2018. Comme il s’en fait trop peu aux États-Unis. Car il a le mérite d’essayer de montrer les tenants et aboutissants du passage au pouvoir d’un homme très secret. Il le fait en suscitant la réflexion, mais sans oublier de nous captiver en racontant son histoire. Du vrai cinéma, à l’affiche le 25 décembre.
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Au générique
- Cote : ****
- Titre : Vice
- Genre : drame biographique
- Réalisateur : Adam McKay
- Acteurs : Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell et Sam Rockwell
- Classement : général
- Durée : 2h12
- On aime : les acteurs magistraux, la réalisation remarquable, l’humour caustique, la vulgarisation du propos
- On n’aime pas : —