Le Québec a fait le choix de percevoir des redevances, d’établir un marché du carbone et de se doter de moyens pour lutter contre les changements climatiques et nous appuyons cette décision. Il s’agit maintenant de choisir les meilleures façons pour atteindre nos objectifs collectifs, ne pas concentrer les investissements dans quelques agglomérations et permettre au plus grand nombre de profiter de ses retombées.
Ces dernières semaines, on souligne avec raison que les transports constituent la principale source de la hausse des émissions des gaz à effets de serre au Québec. Les données sont claires et cette question accapare une grande partie de l’attention des médias en raison du rôle de la voiture dans nos sociétés modernes et des problèmes de congestion qui affectent un grand nombre de nos concitoyens. Le gouvernement doit donc prendre des mesures pour s’attaquer à ce problème et nous croyons que l’offre en transports collectifs doit être améliorée.
Toutefois, les régions ont également voix au chapitre et la captation de ces gaz doit aussi faire partie de la solution.
Le Québec fait déjà mieux que les autres grâce à l’hydroélectricité. Mais il pourrait améliorer davantage son bilan en profitant de l’énorme potentiel que représentent ses forêts. En effet, chaque arbre étant un puissant capteur de carbone et les forêts couvrant déjà près de 50 % du territoire québécois, des investissements sylvicoles à grande échelle constitueraient un moyen particulièrement efficace pour la lutte contre les changements climatiques.
Les experts sont unanimes à ce chapitre : un effort massif de reboisement permettrait au Québec d’éliminer encore plus de gaz à effet de serre et de diminuer sensiblement son empreinte carbone. C’est d’ailleurs ce que proposait le Forestier en chef dans son rapport de décembre 2017 : «Le gouvernement du Québec doit compter sur le potentiel de contribution de la forêt dans l’atteinte des cibles de réduction des gaz à effet de serre. […] L’intensification de l’aménagement forestier et l’augmentation de l’utilisation du bois font partie des stratégies internationales reconnues dans la lutte aux changements climatiques.»
Cet effort favoriserait aussi la régénérescence de nos forêts et une utilisation optimale du territoire bénéfique pour le développement économique des communautés qui forment le Québec des régions. Une stratégie gagnante devant comporter plusieurs moyens, le gouvernement du Québec doit reconnaître la forêt comme vecteur essentiel de la lutte contre les changements climatiques et consacrer une partie importante du Fonds vert à des investissements accrus afin d’augmenter la possibilité forestière de nos territoires, et ainsi accroître la culture, la récolte et la production. Tous les Québécois, ceux qui vivent de la forêt et ceux qui la fréquentent, en sortiraient gagnants.
À titre de porte-parole des régions, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) demande donc à la ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, MarieChantal Chassé, d’utiliser le Fonds vert pour accroître de façon importante les travaux sylvicoles partout au Québec.
Jacques Demers, maire de Saint-Catherine-de-Hatley, préfet de la MRC de Memphrémagog, président de la FQM
Yvon Soucy, préfet de la MRC de Kamouraska, premier vice-président de la FQM, président du Regroupement des communautés forestières et porte-parole de la campagne Une forêt de possibilités