Discours inaugural de Legault: être audacieux en éducation

Le premier ministre François Legault a fait de l’éducation l’enjeu majeur de son discours d’ouverture de la 42e législature.

L’heure d’un «redressement national» en éducation est venue, déclare le premier ministre François Legault. Dans cette sphère comme dans d’autres, il propose de remplacer la peur par l’«audace et la fierté».


M. Legault a fait de l’éducation l’enjeu majeur de son discours d’ouverture de la 42législature. «Pour la première fois depuis les années 60, l’avenir de nos enfants va être l’ambition première d’un gouvernement.»

Tablant sur les grands changements de la Révolution tranquille, M. Legault croit que c’est par l’éducation que le Québec a réussi à rattraper son retard à l’époque. Il a promis de protéger les budgets alloués aux écoles durant son mandat, «même si le Québec devait affronter un ralentissement économique». 

Le premier ministre s’est voulu rassurant quant à son engagement de créer des classes de prématernelle quatre ans pour tous les enfants du Québec d’ici cinq ans. 

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Selon lui, cette mesure n’aura pas pour effet de «démanteler ou d’affaiblir le réseau des CPE». Il a aussi adressé un message aux parents qui craignent que leur enfant de quatre ans soit trop jeune pour fréquenter l’école : la prématernelle ne sera pas obligatoire et utilisera «l’apprentissage par le jeu». 

Comme l’avait fait son ministre de l’Éducation plus tôt en journée, M. Legault s’en est pris à ceux qui tiennent le discours «fataliste» voulant que le Québec ne soit pas capable de trouver l’espace et les enseignants nécessaires à la création de ces classes. 

La peur

M. Legault a d’ailleurs identifié la peur comme sa principale adversaire. «La peur de se tromper, la peur de ne pas être capable, la peur du changement», énumère-t-il. 

Dans ce long discours de plus d’une heure prononcé au Salon bleu mercredi, le premier ministre fait un rappel des principaux engagements de la Coalition avenir Québec (CAQ). En plus de l’éducation, l’économie et la santé seront ses grandes priorités. 

M. Legault croit que le Québec se doit d’être «audacieux» en affaires, afin de rattraper le niveau de richesse «de nos voisins canadiens et américains». Il mise sur la vente d’hydroélectricité à ces mêmes voisins pour enrichir le Québec. 

En santé, le premier ministre reste vague sur la façon dont il va s’y prendre pour améliorer le temps d’attente à l’urgence ou à la clinique médicale. «On va avancer un pas à la fois, main dans la main avec les professionnels en soins.»

Le premier ministre a aussi réitéré son intention de réformer le mode de scrutin, d’interdire les signes religieux pour les employés de l’État en situation d’autorité et d’abaisser le nombre d’immigrants que recevra le Québec. 

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Les «grands oubliés»

Le chef du Parti libéral Pierre Arcand a déploré le manque de détails et de mesures concrètes dans ce discours. Selon lui, les municipalités, l’agriculture, la foresterie, le développement social et la santé mentale sont les «grands oubliés» de la CAQ. 

«C’est l’audace de ne rien dire», critique quant à lui le chef du Parti québécois Pascal Bérubé. Selon lui, ce discours annonce «un gouvernement de grand parleur, petit faiseur». M. Bérubé a senti M. Legault «sur la défensive» sur son engagement le plus important, soit la création de classes de prématernelle quatre ans. Une vision «qui ne marchera pas». 

La co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé trouve quant à elle «choquant» de ne pas avoir entendu une fois le mot «pauvreté» dans le discours. Elle trouve que de bonnes idées s’y trouvent, mais attend de voir comment elles seront déployées. «C’est pas parce qu’on répète constamment le mot audace qu’on est audacieux.»

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LE PLQ ACCUSE LA CAQ D'OUTRAGE AU PARLEMENT

L’opposition libérale a durement critiqué, mercredi, le discours d’ouverture du premier ministre François Legault, qu’elle accuse d’outrage au parlement pour avoir d’abord partagé son texte avec les médias plutôt qu’avec les parlementaires.

Or, c’est le privilège des élus d’être les premiers à prendre connaissance des affaires du parlement.

Le leader parlementaire de l’opposition officielle, Sébastien Proulx, s’est aussitôt levé de son siège au Salon bleu. «Il y a manifestement, et à première vue, outrage à nos règles», a-t-il déclaré.

«Ce n’est pas banal, ce qui s’est passé, a-t-il insisté en point de presse. Déjà, dès le départ, un faux pas aussi important...»

Exercice de relations publiques, discours électoraliste, partisan, sans élévation, ni lyrisme, sans vision cohérente, les partis d’opposition à l’Assemblée nationale n’ont pas manqué de qualificatifs, mercredi, pour décrire le discours d’ouverture de M. Legault.

Selon le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Pierre Arcand, le premier ministre a livré un discours écrit par des sondeurs, rempli de mots-clés tels que audace, humanisme et proximité.  La Presse canadienne