Chez les hommes, cette situation pose un défi particulier, car ils sont souvent réticents à consulter, particulièrement en matière d’aide psychosociale. Selon un sondage SOM tout récent réalisé pour le compte du Regroupement provincial en santé et bien-être des hommes, près d’un homme sur quatre (22%) pourrait vivre de la détresse psychologique, alors que seulement 12% rapportent avoir consulté un intervenant psychosocial au cours des douze derniers mois.
Ce sondage fait suite à un premier coup de sonde, effectué en 2014, qui visait à identifier les freins à la demande d’aide. Afin d’améliorer l’accessibilité et la qualité des services pour les hommes en détresse, il était cette fois-ci crucial de mieux comprendre ce qui aiderait les hommes à consulter et à mieux connaître leurs préférences en matière de services. Le sondage fournit des pistes très intéressantes à cet égard.
D’abord, il faut démystifier tout ce qui entoure l’intervention psychosociale. Pour les hommes, le facteur le plus important au moment de consulter, c’est de sentir que l’intervenant pourra réellement les aider à régler leur problème. Qu’au-delà de l’écoute, ils recevront des outils concrets et des conseils donnés par des intervenants crédibles. Bref, ils ont besoin de savoir à quoi s’attendre. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour faire connaître l’intervention psychosociale, comment elle fonctionne, sa pertinence et son efficacité.
Une fois que les hommes réalisent qu’ils ont besoin de consulter, c’est important pour eux de savoir où s’adresser, savoir quelles sont les ressources à leur disposition. Or, il n’existe actuellement aucun site internet spécialisé qui répertorie et présente l’ensemble des ressources destinées aux hommes. Un tel outil — la modalité de communication préférée par les participants au sondage — devrait être développé en priorité.
Une fois que l’homme a décidé de consulter, il faut évidemment diminuer le plus possible les barrières à l’accès, notamment financières. La gratuité des services ou le faible coût arrive au premier rang des facteurs aidant à la consultation. Pour les anglophones, notons qu’il est primordial que les services soient offerts dans leur langue maternelle.
Le sondage démontre également à quel point le fait d’offrir une réponse immédiate et de faire un suivi serré de chaque demande peut faire une différence. Si son appel arrive sur une boite vocale, un homme sur quatre (24%) affirme qu’il laisserait tomber sa demande d’aide. S’ils doivent être mis sur une liste d’attente, 70% des hommes souhaitent qu’on les rappelle régulièrement pour prendre de leurs nouvelles. C’est aussi très important pour les hommes de pouvoir développer une relation de confiance avec l’intervenant. Les deux tiers (65%) préfèreraient qu’il y ait une relation de continuité avec un même intervenant, quitte à devoir attendre avant de commencer l’intervention.
Enfin, il faut souligner que les médecins ont un pouvoir d’influence important. Les hommes estiment à 80% la probabilité de consulter un intervenant psychosocial si un médecin le leur recommandait. L’influence du médecin est plus grande que celle de la conjointe ou du conjoint (70%) et des amis (60%).
Le ministère de la Santé et des Services sociaux a rendu public, le 22 août 2017, un Plan d’action ministériel en santé et bien-être des hommes. Ce plan prévoit des investissements pour, entre autres, «améliorer l’accessibilité aux services et mieux répondre aux besoins des hommes et des garçons, notamment en contexte de vulnérabilité». Les résultats de ce sondage, nous l’espérons, pourront soutenir le développement de nouvelles stratégies pour faciliter la demande d’aide des hommes en détresse.
Pour consulter les résultats complets du sondage:
Janie Houle, Ph.D, psychologue communautaire
Professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal
Raymond Villeneuve
Administrateur du Regroupement provincial en santé et bien-être des hommes