Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, en a fait l’annonce, jeudi, alors qu’il livrait une allocution à l’occasion de l’ouverture de la 7e édition du Rendez-Vous RH Québec qui réunissait, dans la capitale, plus de 300 professionnels des ressources humaines.
«Le gouvernement entend poursuivre la mise en oeuvre de la Stratégie nationale de la main-d’oeuvre», a déclaré le ministre au sujet de cette stratégie mise sur les rails par l’ancien gouvernement libéral qui prévoit des investissements de plus de 1,3 milliard $ afin de permettre aux entreprises de trouver toute la main-d’oeuvre dont elles ont besoin, et ce, dans un contexte de rareté de travailleurs.
«Bien que nous souhaitons poursuivre son application (de la Stratégie), beaucoup reste à faire afin qu’elle puisse accompagner adéquatement les entrepreneurs et les travailleurs qui ressentent les contrecoups de la pénurie de main-d’oeuvre», a poursuivi le député-ministre de Trois-Rivières. «La Stratégie devra donc être revue par notre équipe au ministère afin qu’elle considère toute la complexité de la problématique. Là-dessus, nous sommes déjà en action.»
«Notre gouvernement abordera la situation avec un oeil nouveau», a précisé Jean Boulet. «Nous souhaitons que cette stratégie bonifiée évolue en temps réel, qu’elle prenne en compte l’ensemble des facteurs liés aux problématiques de main-d’oeuvre, qu’elle soit connectée aux besoins des travailleurs et des entreprises afin que nous puissions proposer des solutions qui seront bénéfiques pour tous les acteurs du marché du travail.»
En point de presse, Jean Boulet a mentionné que des «mesures concrètes» seront annoncées «en temps opportun» sans vouloir en dire davantage.
Au cours de son allocution, il a fait allusion à des «initiatives ciblées» pour les travailleurs expérimentés.
«Âgés entre 50 et 64 ans, ces derniers font partie des groupes sous-représentés sur le marché du travail. «Leur apport est essentiel et nous les accompagnerons pour les préparer aux possibilités d’emploi existantes et les aider à rehausser leur employabilité.»
Dans son discours qui marquait sa première grande sortie publique sur la situation de l’emploi dans la Belle Province, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale n’a pas parlé du recours à l’immigration pour pourvoir les 1,5 million de postes qui seront à pourvoir d’ici 2026. Rappelons que la CAQ s’est engagée électoralement à baisser, dès 2019, les seuils d’immigration pour fixer à 40 000, plutôt que 50 000, le nombre d’immigrants qui seraient accueillis au Québec.
«L’immigration — et sa régionalisation — est l’une des voies que nous devons prendre pour faire face à la pénurie de main-d’oeuvre», a reconnu le ministre en point de presse.
En ce qui a trait aux nombreuses embûches bureaucratiques et administratives qui gênent les employeurs désireux d’aller chercher des talents à l’étranger, il a mentionné que son collègue Simon Jolin-Barrette (ministre de l’Immigration, de la Diversité et l’Inclusion) «travaillait là-dessus.»
«Bombe à retardement»
Au cours des prochaines années, le vieillissement de la population va faire chuter dramatiquement le nombre de personnes disponibles pour occuper les emplois dans les entreprises.
Devant les professionnels des ressources humaines, le chroniqueur économique René Vézina a rappelé que Québec — avec son taux de chômage à 4,3 % — était la deuxième grande ville la plus âgée au Canada, tout juste derrière Victoria.
«Au Québec, un million de personnes vont quitter les rangs de la population active d’ici 2030», a fait valoir Denis Hamel, vice-président du Conseil du patronat du Québec.
Et la relève est insuffisante.
Pour 100 travailleurs qui prendront leur retraite, il y en aura seulement 95 sur les rangs pour les remplacer dans la Capitale-Nationale. En Gaspésie, il n’y aura que 50 travailleurs pour succéder aux 100 qui tireront leur révérence.
«La pyramide des âges se déséquilibre de plus en plus. On ne peut pas nier l’évidence. Il faut se le dire, on se retrouve avec une bombe à retardement dans les mains», a insisté René Vézina.
Il y a donc nécessité d’accroître les bassins de main-d’oeuvre.
«Les entreprises doivent aussi apprendre à être plus attractives, à gérer leur main-d’oeuvre dans un environnement en perpétuel changement et à accroître leur productivité en recourant, entre autres, aux nouvelles technologies», a suggéré Denis Hamel.