À Lévis, c’est le 29 octobre 2018 que conseil municipal a décrété la peine de mort pour la maison Rodolphe-Audette en confirmant la décision du 3 juillet 2018 du comité de démolition, ce qui signifie que la démolition de cette maison ne pouvait être faite avant que plusieurs conditions soient rencontrées par le propriétaire. Deux de ces conditions étaient «que le projet de remplacement soit accepté relativement au cadre réglementaire et que les plans du projet de remplacement soient recommandés par le conseil d’arrondissement de Desjardins». Lors d’une rencontre en août dernier, je m’étais inquiétée auprès de M. David Gagné, secrétaire du comité de démolition, de la démolition de la maison que je croyais rapide et il m’avait rassurée en m’indiquant que la démolition ne pouvait être faite avant que le propriétaire ait satisfait aux conditions émises. À moins «d’accroc» de la Ville de Lévis, il est impossible que, le 31 octobre 2018, le projet de remplacement du propriétaire, et les plans du projet, aient été acceptés et recommandés : le propriétaire ne pouvait donc alors démolir la maison.
En tant que citoyenne de Lévis, je voulais prendre un recours pour faire annuler la décision du Conseil de ville sur la base, notamment, d’un vice de formalité à la base de la demande de démolition qui avait été signalé dans le document d’appel. Je devais aller voir un avocat la semaine prochaine pour avoir un avis à ce sujet car j’étais dans l’impossibilité de le faire cette semaine.
Le dossier de la maison Rodolphe-Audette est similaire à plusieurs dossiers qui ont conduit à la démolition de maisons patrimoniales dans toute la province de Québec, les promoteurs immobiliers et plusieurs municipalités n’ayant pas à cœur la protection de notre patrimoine.
C’est le 5 août 2008 que Belvédère de Lévis inc. a acheté le lot sur lequel était située la maison Rodolphe-Audette et, à cette date, des travaux étaient nécessaires pour la remettre d’aplomb car sa détérioration était commencée. Tout dépendant des intentions du nouveau propriétaire le 5 août 2008, il pouvait s’agir d’une réhabilitation annoncée ou d’une mort annoncée de cette maison.
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Le comité de démolition et le Conseil de ville de Lévis «parlent» des projets du propriétaire comme des projets de sauvegarde alors qu’il s’agit toujours de projets de démolition de la maison pour pouvoir faire des condos. À mon avis, il est impossible de dire que ces projets sont des projets de sauvegarde, d’autant plus que les personnes, à la base de la pyramide de Belvédère de Lévis inc., sont versées en ingénierie, etc. Je ne crois pas que, devant une cour de justice, ces personnes réussiraient à faire «croire» qu’elles ne savaient pas, dès le départ de l’élaboration de leur premier projet, que des projets de condos nécessitaient la démolition de la maison. Extrait de l’expertise de M. Carl Lapierre en 2014 : «transformer ce bâtiment en condos implique et génère des risques élevés sur la structure du bâtiment» (projet de 3 condos à l’intérieur de la maison).
Le 8 décembre 2014, lorsque le Conseil de ville de Lévis a refusé la démolition de la maison Rodolphe-Audette, les citoyens ont crû aux propos de M. le maire : «enfin la maison Rodolphe-Audette va être protégée». Or, «les bottines n’ont pas suivi la babine» : la décision n’a pas été appliquée. Les citoyens sont habitués à ce comportement de la part des politiciens mais, lorsqu’il y a une résolution d’une Ville, peuvent-ils agir de la sorte? Belle question à soulever devant une cour de justice. En février 2018, dans son expertise, Génie + a mentionné que la maison Rodolphe-Audette était réhabilitable mais à de forts coûts. Par ailleurs, cette expertise démontre que la détérioration a été très grande à partir du 8 décembre 2014, ce qui ne serait pas survenu si le Conseil de ville avait fait arrêter la détérioration en 2014. Malgré les propos contraires à ce sujet de M. Lehouillier, j’estime que la Ville avait le pouvoir d’agir à cet égard (le document d’appel énumérait les pouvoirs de la ville)
Je ne peux passer sous silence l’attitude méprisante de M. Lehouillier, le 29 octobre 2018, envers les membres du Comité de la mise en valeur de la maison Rodolphe-Audette. Je préfère l’idéal des gens de ce comité à l’appât du gain des promoteurs. Pas une seule conseillère municipale, pas un seul conseiller municipal pour s’insurger contre l’attitude du maire. Dans un gouvernement, de quelque niveau que ce soit, la démocratie est en deuil quand il n’y a pas d’opposition.
La maison Rodolphe-Audette a soulevé l’intérêt dans toute la province de Québec : sa «sauvage» démolition ne sera pas oubliée.
Huguette Gagnon, Lévis