Fin observateur de la nature humaine — surtout la sienne qu’il aime offrir en exemple —le vétéran humoriste a donné une autre preuve de ses talents de conteur, à l’occasion de la première à Québec de son 11e one-man-show, Utopies. Ses blagues inspirées du quotidien, ses mimiques et ses onomatopées ont fait mouche chez ses fans tout au long de la soirée. Après 30 ans de carrière, sa cote d’amour ne semble pas avoir faibli d’un iota.
Avec, comme toile de fond, un immense signe peace and love surmonté d’un papillon, l’humoriste a donné le ton, d’entrée de jeu, avec une dénonciation des discours culpabilisants sur la protection de l’environnement. Le transport en commun et le compostage, oui c’est nécessaire, il en faut, avoue-t-il, mais très peu pour lui.
«Du monde heureux de prendre l’autobus, ça existe pas. Les poignées là-dedans, c’est pas pour se tenir, c’est pour se pendre.»
Et l’humoriste d’enchaîner avec le jeu des comparaisons. «Un bateau de croisière pollue autant qu’un million de voitures par jour, mais on se fait gosser avec nos sacs de plastique et nos pelures de bananes.»
Rire des bobos
Notre quinquagénaire se plaît à rire, à défaut d’en pleurer, de tous ces petits bobos qui viennent avec l’âge. Comme la digestion plus lente, les brûlements d’estomac ou les problèmes de vessie. «Quand t’es jeune, c’est toi qui décides quand tu vas faire pipi. Pas nous autres!» De la même façon, son numéro sur ses problèmes d’apnée du sommeil, avec la machine pour en venir à bout, a déclenché l’hilarité dans la salle. «Avec ça, les aventures d’un soir, c’est fini…»
L’humoriste, qui réside en Floride une partie de l’année, s’est inspiré de quelques mésaventures vécues là-bas. Comme cette soirée avec un couple d’amis dans un club échangiste où, ô malaise, quelques clients l’ont reconnu. Un Québécois, surpris en pleins ébats, de lui lancer «Flashe tes lumières!»
De la même façon, vaut mieux oublier les plages de nudistes pour faire le plein de fantasmes. «C’est pas là que tu vas t’énerver. Si tu veux t’exciter, t’es mieux d’avoir une bonne histoire et te la répéter dans ta tête… […] Quelqu’un de tout nu qui essaie de se mettre debout dans une vague, c’est pas élégant…»
Ici et là, quelques flottements, inévitables vu la longueur du spectacle. Comme ce récit d’une invasion de domicile chez son ami américain, un ex-Marine capable de se défendre; la description d’un match de badminton entre amis; ou encore les essais de dentiers de sa seconde mère Léonie. Tout cela s’est étiré inutilement.
Il n’empêche, on a eu l’impression que le public en aurait pris encore et que le principal intéressé avait encore de l’essence dans le réservoir. Comme dans le temps.