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Évolution des conditions de travail au cours du siècle

Ouvrières, manufacture de la Dominion Corset en 1934.
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En un siècle, les conditions de travail ont énormément changé. Temps de travail, conditions salariales, santé et sécurité, la plupart des acquis l’ont été au terme de luttes farouches. Le Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches a été au cœur de beaucoup d’actions en faveur de normes du travail plus favorables. Il a aussi mené ces combats avec des actions sociopolitiques et, fréquemment, en s’alliant aux mouvements communautaires de la région.


«En 1919, le Québec adopte une loi sur le salaire minimum des femmes. Même si elle n’entrera en vigueur qu’en 1925, c’est une première réussite pour le mouvement syndical. Les allumettières de Hull ont été des pion­nières», explique Jean-Noël Grenier, professeur au département des relations industrielles de l’Université Laval.

Amélioration des normes du travail

La région de Québec n’est pas en reste avec les premières avancées syndicales dans l’amélioration des conditions de travail. Même si les grèves dans la chaussure de 1925 ont marqué une rupture dans la culture syndicale et annoncé la prise en main par le clergé d’une partie du mouvement syndical, des acquis notables vont suivre.

«Les luttes dans l’industrie du vêtement, notamment avec les grèves à la Dominion Textile de Saint-Grégoire de Montmorency où les ouvrières ont osé défier la loi du cadenas de Maurice Duplessis, permettront d’améliorer les conditions de travail, en abaissant entre autres le temps de travail à 50 heures par semaine», poursuit Jean-Noël Grenier. 

Dans les années 1950, avec l’adoption de la formule Rand qui permet le prélèvement automatique de la cotisation syndicale sur les salaires, les syndicats renforceront leur pouvoir et gagneront en efficacité.

Que ce soit dans les mines, dans les manufactures, puis dans les secteurs publics et parapublics, le Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches participera activement aux avancées qui jalonneront tout le XXe siècle.

En 1926, les ouvriers qui opèrent la «machine no 3» de l’usine de pâtes et papiers de Donnacona travaillent pieds nus. Le Syndicat national et catholique des ouvriers du moulin à pulpe et papiers de Donnacona a été fondé en 1937.

Actions sociopolitiques et communautaires

«Dans la région de Québec, il ne faut pas négliger les actions sociopolitiques des syndicats. Par exemple, même si ça reste une lutte sans relâche pour obtenir des contrats, le conseil central
a été un soutien important du chantier maritime de la Davie à Lévis qui a permis de le garder vivant alors que le fédéral voulait faire disparaître tous les chantiers maritimes du Saint-Laurent», précise Jean-Noël Grenier.

Le Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches a axé ses luttes non seulement sur les
grèves, mais par bien d’autres actions. Son engagement dans la communauté a toujours été fort et il n’a pas hésité à s’impliquer dans les mouvements qui pouvaient améliorer concrètement les conditions de vie des gens. «J’ai toujours plaisir de voir que la maison de la CSN sur Charest est une véritable maison de la coopération où des groupes qui auraient beaucoup de difficultés à survivre autrement se côtoient», ajoute encore Jean-Noël Grenier.

Dans les activités économiques où les patrons sont divers et soumis à une rude concurrence, comme dans l’hôtellerie par exemple, le conseil central devient un lieu de solidarité important dans un contexte de négociations coordonnées.

Cette volonté de travailler pour toutes et tous permet des gains intéressants. Qu’on pense à l’équité salariale, à la santé et à la sécurité au travail, au temps de travail, au salaire minimum ou encore aux services de garde, sans oublier les conditions de logement et bien d’autres combats, l’investissement syndical dans la communauté a permis des avancées notoires.

«Aujourd’hui, il y a des batailles importantes pour le respect, pour contrer la pauvreté, sur les formes de pressions psychologiques, sur les conciliations famille-travail, la campagne 5-10-15
pour l’amélioration des normes minimales et d’autres qui sont au cœur de cette action syndicale », conclut Jean-Noël Grenier.