À l’occasion d’un débat coorganisé par le Conseil québécois LGBT et la Coalition montréalaise des groupes jeunesse LGBT, le 19 septembre dernier, les partis politiques avaient une opportunité en or de présenter leurs programmes respectifs en matière de diversité sexuelle et de genre. Malheureusement, en dépit de certaines propositions prometteuses et d’une volonté générale et sincère d’améliorer le bien-être des personnes LGBTQ+, il persiste plusieurs incompréhensions des réalités de ces communautés.
Une égalité pour tous et toutes?
Certes, le mouvement LGBTQ+ a gagné plusieurs batailles juridiques au fil du temps, dont la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, la reconnaissance des familles homoparentales, la reconnaissance des personnes trans qui peuvent désormais changer leur mention de sexe sur leur acte de naissance sans subir de traitement médical quelconque, et j’en passe. Or, pour certains segments des communautés LGBTQ+, l’égalité est loin d’être atteinte.
À titre d’exemple, et puisque les comparaisons avec l’Ontario fusent de part et d’autre, le Québec est la seule province canadienne ne permettant pas à une personne transgenre immigrante de modifier ni son prénom, ni la mention de son sexe sur ses papiers d’identité avant que celle-ci n’obtienne la citoyenneté. Cette inégalité juridique entraîne son lot de conséquences pour les personnes transgenres immigrantes qui risquent de subir un nombre de discriminations dans leur vie quotidienne. Sans oublier les nécessaires réformes du droit de la famille qui peinent à se concrétiser concernant notamment l’encadrement de la gestation pour autrui et la reconnaissance de la pluriparentalité.
Si l’égalité juridique pour toutes et tous peine donc à être atteinte, l’inégalité sociale demeure également préoccupante. Je pense entre autres aux jeunes personnes trans et non binaires qui doivent se battre auprès de leurs établissements scolaires pour faire reconnaître leur identité et leur expression de genre. Je pense aussi aux jeunes LGBTQ+ en situation d’itinérance qui ont de la difficulté à trouver des hébergements où ils et elles se sentent en sécurité. Je pense également à la surreprésentation des personnes LGBTQ+ victimes de violences sexuelles et à l’isolement des minorités sexuelles et de genre dans certaines régions du Québec.
Des moyens qui laissent perplexe
Bien que la majorité des partis politiques s’entendent sur la nécessité d’agir afin d’améliorer le bien-être des communautés LGBTQ+, tous ne s’entendent pas sur les moyens d’y parvenir. De même, certains et certaines maintiennent un discours de déresponsabilisation de l’État qui est pour le moins inquiétant. L’égalité juridique étant atteinte pour certaines franges des communautés LGBTQ+, l’égalité sociale ne devrait pas pour autant être le fardeau des personnes LGBTQ+ et des organismes communautaires qui œuvrent déjà corps et âme auprès de ces communautés. La responsabilité de sensibiliser la population ne devrait pas incomber au seul milieu communautaire LGBTQ+, souffrant déjà d’un sous-financement et d’un manque d’infrastructure.
Au contraire, je suis d’avis que l’État doit faire sa part en matière d’égalité sociale pour les communautés LGBTQ+, ne serait-ce que par un véritable programme d’éducation à la sexualité qui réponde réellement aux besoins de la population. Pour une province qui a fait des droits LGBTQ+ un de ses chevaux de bataille sur la scène internationale et pour des partis politiques qui se complaisent à se dire pro-LGBTQ, il me semble logique que ceux-ci veillent conséquemment et agissent activement au bien-être des communautés LGBTQ+ québécoises.
Alexie Labelle, administratrice de la Coalition montréalaise des groupes jeunesse LGBT