Avant, un enfant signalé à la DPJ rencontrait beaucoup d’intervenants qu’il devait visiter dans leur lieu de travail respectif : l’hôpital, le poste de police… Mais ces travailleurs de bonne intention pouvaient ainsi ajouter au trauma du jeune interrogé et examiné par de nombreux inconnus.
Pour les dossiers les plus lourds, ceux d’enfants victimes d’abus sexuel, d’abus physiques et de négligence grave, la DPJ de Québec a donc décidé d’ouvrir un site d’accueil ou l’enfant restera durant tout le processus, explique la directrice Dominique Jobin. Ce sont les travailleurs sociaux, avocats, policiers, médecins, infirmières et autres aidants qui viendront à lui. Et puisqu’ils seront réunis, l’enfant n’aura pas à raconter son histoire bouleversante à répétition, tous pouvant l’écouter en même temps à travers une vitre teintée.
«Il s’agit d’un modèle unique au Québec.» Une nouvelle approche qui changera des vies, évalue-t-elle.
Le regroupement des forces pourrait également mener au dépôt d’un plus grand nombre d’accusations, espère-t-on. Des policiers spécialement formés en entrevue d’enfants bénéficieront de deux salles où ils pourront filmer leur conversation. Derrière la vitre, un procureur pourra écouter en direct le témoignage puis recevoir rapidement les rapports de l’équipe médicale. En plus, les proches de la victime seront également rencontrés sur place. Voilà qui permettra de réduire les délais, de prendre une décision plus rapidement quant à la judiciarisation ou non du dossier, note Me Claudine Laurin, secrétaire générale par intérim du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
La nouvelle entité porte l’acronyme SIAM, pour Services intégrés en abus et maltraitance. Les premiers enfants seront reçus dans les locaux du 1020, route de l’Église à partir du 27 août.
Il a fallu trois ans pour bâtir le projet. Le budget est évalué à 2,4 millions $ sur 5 ans. Environ 500 jeunes victimes devraient transiter par le SIAM chaque année.