Huitième béluga trouvé mort dans le fleuve

Les employés de Parcs Canada ont rapatrié la carcasse de la femelle béluga DI30 Athéna, qui flottait dans le secteur de la Petite-Anse, au quai de Baie-Sainte-Catherine.

Dl30 Athéna était connue depuis 1989 par l’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). La carcasse du béluga femelle, qui serait peut-être née au courant des années 1970, a été retrouvée dimanche. Son décès porte à huit le nombre de bélugas qui sont morts cette année dans le Saint-Laurent.


«On l’avait vue la semaine dernière», raconte au bout du fil le directeur scientifique du GREMM, Robert Michaud. L’imposant mammifère était facilement reconnaissable en raison de sa cicatrice profonde aux contours dentelés sur son flanc droit. 

Aussitôt signalés, les employés de Parcs Canada ont rapatrié la carcasse, qui flottait dans le secteur de la Petite-Anse, au quai de Baie-Sainte-Catherine.

L’animal venait à peine de mourir, si bien que sa carcasse était fraîche et parfaitement intacte. Les experts n’ont pas perdu de temps : le mammifère a pris lundi la route de l’Institut de médecine vétérinaire, à Saint-Hyacinthe, où la nécropsie sera réalisée mardi matin. 

M. Michaud voit dans ce triste événement une occasion de faire progresser la recherche. Dl30 Athéna est-elle «morte de sa belle mort» ? «Il est trop tôt pour le dire», avance l’expert, qui préfère attendre les résultats de la nécropsie. «C’est une possibilité, toutefois», concède-t-il. 

Si cette mort porte à huit le bilan des décès cette année, Robert Michaud refuse de dire si le bilan sera pire ou meilleur que celui de l’année dernière, alors que 22 carcasses avaient été repêchées. 

Forte mortalité

Le chercheur reste néanmoins inquiet, puisque la population de bélugas diminue depuis une décennie. Surtout, «depuis une dizaine d’années, on observe une forte mortalité chez les femelles et les nouveau-nés», note-t-il. Jusqu’à aujourd’hui, en 2018, un béluga qui venait de naître a été trouvé sans vie par les équipes de recherche. «On retient notre souffle pour la suite de la saison», soutient M. Michaud. 

«Les bélugas ont besoin de toute notre aide», poursuit-il. La petite population de mammifères et les milieux doivent être protégés, défend le chercheur. 

Dans le but de mettre à jour ses données sur la modélisation du trafic maritime et des déplacements des mammifères marins dans l’estuaire du Saint-Laurent et le Saguenay, le gouvernement du Québec a récemment annoncé la création d’un nouveau programme scientifique auquel le GREMM participera. Les chercheurs se concentreront sur les impacts de la pollution sonore sur les bélugas. 

Pêches et Océans Canada travaille aussi sur un nouvel inventaire des bélugas qui vivent dans le Saint-Laurent. 

«On n’attend pas les résultats pour agir. Parfois, il faut agir avant d’avoir toutes les solutions», souligne le directeur scientifique, qui reconnaît que les gouvernements se préoccupent de la condition de ce mammifère unique dans le Saint-Laurent. 

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Dl30 Athéna, son histoire…

Le site Web du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins regorge de renseignements sur les bélugas qui évoluent dans le fleuve Saint-Laurent. On y trouve entre autres une description de certains mammifères qui sont souvent observés par les scientifiques. Voici quelques extraits de l’histoire de Dl30 Athéna: «Nous avons rencontré Athéna pour la première fois en 1989, elle était alors déjà toute blanche. Il est donc difficile de déterminer avec précision son âge. Le changement de couleur chez les bélugas, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 à 16 ans. On peut donc affirmer que Athéna est donc née autour de 1975 ou bien avant. Les bélugas peuvent vivre jusqu’à 60 et même 80 ans. Athéna pourrait être née en 1950!»

«Elle est devenue l’un des bélugas les plus familiers de notre équipe de recherche, basée à Tadoussac. À l’exception de 1990, elle a été observée tous les étés. En tout, près d’une centaine de rencontres!»

«Athéna appartient à la communauté du Saguenay à laquelle appartiennent également DL1757, Griffon, DL0829 et Slash [morte en 2013]. Les associations entre femelles d’une même communauté ne sont toutefois pas stables. Elles pourraient varier selon l’état reproductif des femelles, si elles sont gestantes ou non ou accompagnées d’un jeune.»

«Au fil des années, Athéna a été vue accompagnée de très jeunes bélugas. Il est toutefois difficile d’établir avec certitude les liens mère-veau. Éventuellement, lorsque nous aurons une biopsie, l’ADN de Athéna nous révélera des détails de son arbre généalogique.»