Cette destitution provisoire a été annoncée sans tambour ni trompette. Un court communiqué a été émis vendredi en début de soirée et la ministre a refusé de commenter sa décision de vive voix.
Le contrat qui lie l’Université à distance TÉLUQ et l’Institut MATCI de Montréal était sous enquête depuis le mois d’avril. À ce moment-là, le syndicat des tuteurs de la TÉLUQ, qui voyait ses membres privés de travail au profit de l’Institut MATCI, dénonçait la «privatisation de l’enseignement supérieur».
La ministre David avait alors demandé à ses hauts fonctionnaires de procéder à une enquête interne. Un rapport final a été remis à la fin juin, rapport que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur refuse de rendre public. La demande d’accès à l’information que Le Soleil lui a fait parvenir à cet effet a été refusée.
«Le rapport qui m’a été remis fait état de sérieuses anomalies. Il est de mon devoir de veiller à ce que les lois qui régissent nos établissements d’enseignement supérieur soient respectées. C’est toute la société qui gagne à ce que soit maintenue la réputation de qualité et de saine gestion de nos établissements d’enseignement supérieur. Par conséquent, le ministère a transmis aux autorités compétentes les informations recueillies lors de l’enquête interne, pour qu’une enquête plus approfondie soit menée», a réagi la ministre David par voie de communiqué.
Irrégularités graves
Qui sont les autorités compétentes à qui l’on demande d’enquêter en ce moment? Le cabinet de la ministre ne veut pas le confirmer. Mais il s’agirait «d’irrégularités» assez graves, si bien que le ministère de l’Éducation a décidé de se départir du dossier.
Le ministère a observé à la TÉLUQ des anomalies qui contreviendraient à trois lois : celle sur les contrats des organismes publics, celle sur l’aide financière aux études et celle sur les établissements d’enseignement de niveau universitaire. L’Institut MATCI a pour sa part été rencontré pour des questions d’affichage de son établissement et de ses programmes.
Comme M. Noël ne sera plus aux commandes de la TÉLUQ pour une durée indéterminée, son conseil d’administration et l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec nommeront rapidement un directeur général intérimaire.
Possédant un doctorat en recherche opérationnelle et une maîtrise en administration des affaires (MBA), Martin Noël dirige la TÉLUQ depuis 2 ans. Ex-joueur de football pour le Rouge et Or de l’Université Laval, M. Noël racontait en entrevue au Soleil qu’il souhaite que les universités québécoises travaillent en équipe pour offrir des cours sur le Web. À l’heure actuelle, il était au coeur de discussions avec le ministère de l’Éducation pour la création d’un eCampus Québec, qui regrouperait les cours en ligne de toutes les universités sous un même portail.
La TéLUQ enseigne à environ 20 000 étudiants à temps plein et à temps partiel chaque année, à partir de son siège social dans le quartier Saint-Roch à Québec et de son bureau à Montréal.