«Staycation»: en vacances... à la maison

Cet été, oubliez les paysages exotiques de Bali et l’ascension héroïque jusqu’au Machu Picchu! Votre destination de rêve pourrait être votre propre ville...


C’est le principe même du staycation, une contraction des mots stay pour «rester» et vacation pour «vacances». L’idée qu’on doive absolument sortir de chez soi pour se sentir en vacances est révolue. Dans le confort de notre maison ou d’un hôtel à proximité, on profite à plein des musées, parcs, festivals, restos, bref, de tout ce que nous n’avons jamais le temps de faire le reste de l’année.

Résidante de Québec, Catherine (nom fictif) a goûté aux joies du staycation. Les trois dernières années, elle prenait ses vacances pendant le Festival d’été. Ses deux jeunes garçons partis dans un camp à l’extérieur de la ville, elle profitait tout simplement de la vie, son amoureux se joignant à elle lors de ses journées de congé. «C’est une formule gagnant-gagnant. Les enfants partent en voyage au camp, ils sont tout excités, à l’aventure sans papa et maman et nous, on peut profiter de la ville, des spectacles, sans avoir à planifier. Ça me permet de passer une semaine sans agenda, sans réveille-matin. Je me lève quand je veux et je fais ce dont j’ai envie!» Le bonheur, quoi! Tout ça sans avoir à prendre la voiture et à sortir son GPS.



«On remarque que des gens de la région de Québec prennent leurs vacances pendant le Festival d’été. Ils vont voir des spectacles le soir et dorment tard le matin», indique Éric Bilodeau, directeur des communications et de la publicité à l’Office du tourisme de Québec (OTQ).

En période touristique creuse, comme novembre et avril, les hôteliers flirtent avec les gens de Québec en leur offrant des tarifs préférentiels. «Ils offrent des prix intéressants pour jouer aux touristes dans sa propre ville», explique M. Bilodeau. Mais l’OTQ n’exploite pas cette tendance, son mandat premier restant d’attirer les touristes étrangers à Québec.

Le «staycation» permet de faire des activités qu'on prend rarement le temps de faire dans sa ville, comme déambuler dans les rues de Place Royale.

Se changer les idées
Depuis environ huit ans, la coprésidente de Groupe Germain Hôtels, Christiane Germain, a vu grandir la popularité du staycation. «Avant, on se disait: “on ne couche pas à l’hôtel dans sa ville”. Mais maintenant, on le fait de plus en plus.» Les Québécois et les Ontariens en sont particulièrement friands, constate celle qui est à la tête de 16 hôtels à travers le Canada. L’hôtel Alt, situé dans le Quartier Dix30 à Brossard, sur la Rive-Sud de Montréal, attire les adeptes de staycation. «La fin de semaine, je pourrais dire à l’œil qu’entre 20 et 30 % des gens qui sont à l’hôtel sont des gens qui n’habitent pas très loin.» C’est-à-dire dans un rayon d’une heure de voiture, environ.

Des jeunes couples avec enfants y trouvent leur compte, explique Mme Germain, car lors d’une petite escapade en amoureux, ils peuvent aller voir un spectacle, manger au resto, magasiner, se changer les idées en résumé, sans être trop loin de la maison s’il arrive quelque chose à la marmaille.



«Le staycation, c’est une façon de décrocher»

Le staycation a un autre avantage: il fait gagner du temps de transport, car nul besoin de rouler trop longtemps ou de prendre l’avion pour arriver à bon port.

«Le staycation, c’est une façon de décrocher, croit Mme Germain. Et parfois d’être dans sa ville, ça donne l’occasion de faire des choses que tu ne fais pas souvent.»

«Combien de gens de Québec ont fait des tours de calèche? Alors que si on va à Vienne, on va en faire un», illustre Éric Bilodeau, directeur des communications et de la publicité à l’Office du tourisme de Québec.

«On est tous pareils. Quand on va visiter ailleurs, on va dans les musées, on fait plein d’activités, mais on prend rarement le temps de le faire dans notre ville, renchérit Éric Bilodeau de l’OTQ. Combien de gens de Québec ont fait des tours de calèche? Alors que si on va à Vienne, on va en faire un.»

Le facteur 11 septembre 2001
Titulaire de la Chaire de tourisme Transat à l’Université du Québec à Montréal, Paul Arseneault a été à même de voir la naissance de cette tendance. «Le phénomène a surtout été mesuré à l’échelle nord-américaine après les attentats de New York (World Trade Center) en 2001, explique-t-il. Ça a jeté un froid sur les Nord-Américains, un sentiment de danger à l’extérieur.» Ce qui, par ricochet, a poussé les gens à demeurer davantage chez eux.

Est arrivée pratiquement au même moment la notion du cocooning avec le cinéma maison, la popularité du jardinage et de l’aménagement de sa cour, rappelle-t-il, ce qui a renforcé la tendance.



L’aspect socio-économique n’est pas non plus à négliger, selon lui. «Contrairement à ce qu’on pourrait croire, partir en voyage n’est pas le lot de la majorité des gens. Le taux de pauvreté au Québec est encore assez élevé et on tend à l’oublier.»

Des raisons médicales ou professionnelles peuvent aussi empêcher les gens de partir à l’extérieur. «Mais on peut dire que le quart des gens qui ne partent pas en voyage n’ont juste pas envie de partir», avance-t-il.

Voyager : un droit pour les milléniaux
Le staycation ne semble toutefois pas parler aux générations Y et Z, qui ont des fourmis dans les jambes, souligne M. Arseneault. «Ces jeunes ne veulent pas être propriétaires d’une maison ou d’une automobile. Pour eux, le voyage n’est pas une récompense, mais un droit absolu et une nécessité.» Donc pas question de rester à la maison.

Éric Bilodeau de l’OTQ précise cependant que le staycation n’entre pas en compétition avec les voyages à l’extérieur. «Ce n’est pas parce que quelqu’un prend une semaine pour rester à Québec qu’il n’ira pas ailleurs. Ce n’est pas une relation de cause à effet.»

Alors, cet été, on part ou on reste? Et pourquoi pas un peu des deux...

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CINQ ACTIVITÉS À FAIRE POUR (RE)DÉCOUVRIR QUÉBEC

1) Pique-niquer au parc du Cavalier-du-Moulin

Trésor caché, ce petit espace tranquille de 1500 mètres carrés situé dans le Vieux-Québec, au bout de la rue Mont-Carmel, est un vestige de la fortification française du XVIIe siècle. «L’un des lieux les plus poétiques de la capitale», décrit l’auteur Pierre Morency dans le livre Le regard infini: parcs, places et jardins publics de Québec

goo.gl/LMoScQ

2) Voguer sur la rivière Saint-Charles 



Depuis plus de 100 ans, il est possible de canoter sur la rivière Saint-Charles grâce à l’entreprise Canots Légaré. Jusqu’au 30 septembre, vous pouvez louer canot, kayak ou surf à pagaie pour parcourir 20 kilomètres d’eau calme. De petites plages tout au long du chemin vous permettent de prendre une pause et de vous ravitailler. 

goo.gl/bGM3vR

3) Déguster le premier fromage d’Amérique du Nord à l’île d’Orléans

L’île d’Orléans est un détour incontournable pour sa villégiature et ses arrêts gourmands. On peut entre autres y déguster le premier fromage d’Amérique du Nord, Le Paillasson, à Sainte-Famille. 

goo.gl/2rAvpk

4) Observer les orignaux à la Forêt Montmorency

Du 21 septembre au 4 novembre, apprenez-en plus sur l’orignal et son habitat lors de safaris organisés à la Forêt Montmorency de l’Université Laval. Le célèbre appel de l’orignal est évidemment au programme. Pratiquez-le dès maintenant. 

goo.gl/XjZXYE

5) Prendre le traversier Québec-Lévis

Les occasions sont rares de prendre le traversier pour aller lorgner l’autre rive. Non seulement le voyage est agréable, mais on peut apprécier la plus belle vue de Québec arrivés à Lévis. Et il faut profiter du quai Paquet, qui offre jeux d’eau, spectacles son et lumière du 23 juin au 30 septembre, ainsi que le spectacle gratuit Surface, du 19 au 21 juillet, qui met en scène des artistes locaux. 

quaipaquetlevis.com

Source: Office du tourisme de Québec