Plonger, un film qui manque d'air **1/2

Le couple de Paz et César (Maria Valverde et Gilles Lellouche) va se fissurer quand Paz tombe enceinte.

CRITIQUE / Plonger s’ouvre avec un beau plan, un peu en recul, d’un couple qui fait l’amour dans une voiture. La scène laisse entrevoir une passion brûlante. Mais le ciel gris annonce une relation tumultueuse. Un couple sur le fil que filme avec beaucoup de talent Mélanie Laurent, sans qu’on sache toutefois où l’actrice devenue réalisatrice voulait en venir avec ce drame en trois actes qui manque d’air.


La Française s’est taillé une belle réputation comme actrice, dès ses débuts avec le César du meilleur espoir féminin en 2007. Son naturel séduit autant Audiard (De battre mon cœur s’est arrêté), Tarantino (Le commando des bâtards) que Villeneuve (Ennemi). Son passage derrière la caméra s’est fait naturellement. Mélanie Laurent remporte même le César du meilleur documentaire en 2016 pour le très bon Demain.

On attendait donc son troisième long de fiction avec impatience, d’autant que Respire (2014) laissait entrevoir de belles choses. Elle a l’œil, la cinéaste de 35 ans — un bon sens de la composition, mais aussi une caméra qui voit la beauté naturelle avec aisance. Mais la main moins heureuse dans l’adaptation du roman éponyme de Christophe Ono-dit-Biot (Grand Prix du roman de l’Académie française).



Le récit suit le destin de Paz (Maria Valverde) et de César (Gilles Lellouche). La jeune photographe espagnole, séduisante et sexy, rêve de voyages, de rencontres et de témoignages. Le journaliste, ex-grand reporter de guerre troublé, veut plutôt fuir le tumulte — il est d’ailleurs affecté aux pages culturelles.

Plonger va d’abord s’attacher à leur relation en jouant d’ellipses pour amener le spectateur jusqu’au moment où les premières failles apparaissent avant la grande fissure : Paz est enceinte. Il est fou de joie, elle n’en veut pas.

Du duo, la perspective passe à celle de la future maman, troublée et terrorisée. Sa grossesse s’accompagne d’un grand doute existentiel et artistique. «J’étouffe», dit-elle. Perdue, la photographe quitte mari et enfant pour aller vivre son post-partum ailleurs.

César, qui manquait singulièrement d’épaisseur depuis le début, va entrer en scène et amorcer son enquête pour retrouver cette femme dont il est amoureux fou, malgré tout.



Le spectateur devrait pourtant s’attacher au destin trouble du couple. Chacun a déjà éprouvé des sentiments semblables où on se parle sans se comprendre, où cette incompréhension mutuelle distille son venin et où la désunion semble inévitable. Mais tout au long, on se demande où Mélanie Laurent veut en venir. Sans jamais nous offrir de pistes de réflexion véritables à défaut d’une destination.

Outre ce problème d’identification, Plonger peine à exploiter ses thématiques. Mélanie Laurent explore les difficultés amoureuses face au mal-être, à l’incommunicabilité et à l’égoïsme dans le couple, mais en restant en surface. Même chose pour le rapport à l’art et la composante environnementale (il y a un parallèle confus avec la survie des animaux aquatiques).

Mélanie Laurent a un réel talent de mise en scène et une bonne direction d’acteur — Lellouche et Valverde sont beaux et crédibles dans la passion, un peu moins dans le désespoir. Mais il lui faudra apprendre l’épure pour concrétiser son grand potentiel.

Le couple de Paz et César (Maria Valverde et Gilles Lellouche) va se fissurer quand Paz tombe enceinte.

AU GÉNÉRIQUE

• Cote: **1/2

• Titre: Plonger



• Genre: drame

• Réalisatrice: Mélanie Laurent

• Acteurs: Maria Valverde et Gilles Lellouche

• Classement: général

• Durée: 1h42

• On aime: la photo magnifique. La sensualité de Maria Valverde

• On n’aime pas: le manque de perspectives. Le récit parfois confus. Le manque d’identification