Des candidats progressistes secouent le parti démocrate

Alexandria Ocasio-Cortez, une nouvelle venue de 28 ans, a nettement battu le candidat de l’establishment démocrate Joe Crowley lors des primaires new-yorkaises.

WASHINGTON — La victoire choc d’une jeune hispanique novice en politique, très marquée à gauche, face à une figure de l’establishment démocrate, lors d’une primaire aux États-Unis, insuffle un nouvel élan à un parti qui cherche encore la meilleure contre­-attaque face au républicain Donald Trump.


«Les femmes comme moi ne sont pas censées se présenter aux élections» : dans sa vidéo de campagne, Alexandria Ocasio-Cortez, 28 ans, se présente en éducatrice et ex-serveuse, une jeune new-yorkaise des quartiers populaires qui a décidé de confronter une figure de son parti au Capitole, parce que «tous les démocrates ne sont pas les mêmes».

N’hésitant pas à se présenter comme une «socialiste», un mot encore tabou pour beaucoup d’Américains qui y lisent une «menace» communiste, cette fille de Portoricains incarne à la fois le souffle progressiste et le nombre record de femmes et de candidats issus des minorités qui animent le parti démocrate en route pour les élections de novembre.

Elle a nettement battu Joe Crowley, 56 ans, dont 20 ans de mandat à la Chambre des représentants. Sa victoire est presque garantie en novembre dans cette circonscription très démocrate, à cheval sur les quartiers du Bronx et du Queens, ce qui en ferait la plus jeune élue de l’histoire à la Chambre.

«Elle s’en est pris à tout l’establishment démocrate local de sa circonscription et a remporté une très ferme victoire», a salué Bernie Sanders, l’ancien candidat à la présidentielle qui avait mis en difficulté Hillary Clinton avec un même message anti-élites et un programme similaire, prônant notamment une couverture de santé universelle.

Avec un budget bien inférieur à celui de son opposant, Alexandria Ocasio-Cortez «a démontré encore une fois ce que la politique progressiste de terrain peut faire», a poursuivi le septuagénaire qui était parvenu à galvaniser des foules de jeunes en 2016.

La nuit des primaires de mardi marque de fait une victoire plus large pour Bernie Sanders et ses politiques très à gauche.

À quelques centaines de kilomètres au sud de New York, dans le Maryland, c’est un de ses poulains, Ben Jealous, qui a largement remporté la primaire devant un candidat soutenu par l’establishment, pour tenter de déloger en novembre le gouverneur républicain.

Fait marquant, Ben Jealous est Noir dans un pays qui n’a jamais élu que deux gouverneurs afro-américains.

«Les habitants du Maryland comprennent que c’est avec des dirigeants progressistes forts au niveau des États et localement que nous pouvons nous opposer le plus efficacement à l’extrémisme de Donald Trump», a souligné Bernie Sanders sur Twitter.

Ignorer Trump

Mais si Bernie Sanders mentionne le nom du président républicain, ces deux candidats, eux, ont suivi une stratégie prônée par certains démocrates pour contrer Donald Trump : en parler le moins possible, sans entrer dans les polémiques agitant Washington, pour se centrer sur les questions qui comptent vraiment dans le quotidien des électeurs.

«Notre campagne était ultra-concentrée sur un message de dignité économique, sociale et raciale pour les travailleurs américains», a rappelé Alexandria Ocasio-­Cortez mercredi sur MSNBC. «Nous devons présenter un plan et une vision à laquelle les gens puissent croire et je ne crois pas que ce soit en entrant dans des batailles sur Twitter avec le président que nous allons progresser en tant que pays».