L'organisme a publié samedi ce bilan provisoire à partir des informations recueillies sur le terrain pendant sa mission d'observation conjointe avec Amnistie internationale.
Parmi les comportements dangereux, une arme d’impact à projectile aurait été pointée sur au moins une personne qui ne semblait pourtant poser aucun danger. «Les policiers ont obligé un homme à se coucher par terre sous la menace d'une arme qui est demeurée pointée sur lui alors qu'il était allongé», rapporte Nicole Filion, coordonnatrice de l'organisme.
Selon la ligue, les policiers ont aussi adopté des techniques de souricières — au moins deux observées —, qui étaient injustifiées. «Nous déplorons cette pratique policière qui, en restreignant la liberté de mouvement sans motif apparent, brime le droit de manifester.»
Si Mme Filion félicite les policiers de n’avoir fait aucune arrestation de masse, elle soulève encore des questions sur certaines arrestations et extractions individuelles, toujours sans motif apparent.
«Les policiers faisaient des arrestations ciblées en surgissant brusquement pour intercepter un manifestant sans lui indiquer le motif de son arrestation. On sait que six personnes ont été accusées d'attroupement illégal. Ce n'est rien pour justifier cette façon de faire. Il y a quelque part une forme d'intimidation lorsqu'on se met à plusieurs pour arrêter quelqu'un», condamne la coordonnatrice.
Enfin, des personnes arrêtées ont été victimes de propos injurieux pendant leur incarcération. «Les policiers sont là pour maintenir l'ordre, pas pour exprimer leur opinion», fait savoir Mme Filion.
«Des observatrices nous ont rapporté des cas où les manifestants étaient fouillés et devaient présenter une pièce d’identité afin de sortir d’une souricière. Rien de ce que nous avons observé ne semblait justifier une telle intervention», a renchéri la ligue.
Toujours à Québec, il y a eu des incidents où des manifestants s’en sont pris à du matériel des membres des médias. Les forces policières auraient aussi porté «des gestes inacceptables» contre la presse. Dans ce contexte, la ligue rappelle l’importance de la liberté de presse dans une société démocratique.
Mise en scène
À La Malbaie, où quelques poignées de manifestants ont voulu se faire entendre dans la zone de libre expression, la situation n'était guère plus reluisante, mais pour des raisons autres que le comportement des policiers, par ailleurs très courtois.
«On s'oppose à ce genre de mise en scène où on «parke» les gens dans un enclos. Le droit de manifester et prendre les moyens de livrer son message pour informer la population de certains enjeux peut entraîner une certaine perturbation», souligne Mme Filion.
Selon elle, cette façon de faire dissuade les manifestants de se faire entendre. D'ailleurs un groupe anti-G7 avait fait connaître ce printemps son intention d'éviter «le piège tendu à La Malbaie». On ne s'étonnera donc pas que la zone de 1,4 kilomètre carré a été déserte quasiment toute la semaine.
La Ligue des droits ajoute même que la configuration de cette zone avait un potentiel de dangerosité, advenant des perturbations en présence de centaines de manifestants. En effet, le lieu clôturé sur trois côtés possède une seule entrée et sortie. Il est aussi bordé par le fleuve qui n'offre évidemment pas une sortie de secours sécuritaire.
Prison sans détenu
La prison temporaire érigée à Clermont à plus de 1 million $ n'aura finalement servi à rien. L'agent Hugues Beaulieu de la Sûreté du Québec confirme qu'aucun détenu n’a été incarcéré. Au cours de la semaine, un seul individu a été arrêté. Jeudi, un homme a été intercepté et son véhicule fouillé. Il a été interrogé, puis libéré. Aucune accusation ne sera portée contre lui.
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