Les armes d’assaut ont non seulement été les principales armes à feu récemment utilisées dans les fusillades de masse aux États-Unis, mais il en fut de même lors des tragédies que nous avons connues au Canada tel qu’à la Polytechnique en 1989, au Collège Dawson en 2006, au Métropolis à Montréal en 2012, sans oublier la tuerie à la mosquée de Québec l’année dernière.
Malgré le fait que 80 % des Canadiens, y compris la majorité des propriétaires d’arme à feu, sont en faveur d’une interdiction de la vente d’armes d’assaut au Canada, le projet de loi C-71 n’aborde pas cette question. Clairement, aux dires du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, un autre projet de loi différent du C-71 devra être présenté aux Communes pour traiter du bannissement des armes d’assaut.
«S’il vous plaît, s’il vous plaît. Aidez-nous, aidez-nous, et aidez la société à ce que ce genre d’arme d’assaut, de guerre ne soit pas dans ce pays. C’est pour le bien de toute la société.» Ce cri du cœur lancé par Boufeldja Benabdallah aux élus aura-t-il été inutile?
Le lobby des armes à feu au Canada est politiquement influent. Les députés sont, semble-t-il, inondés de messages provenant de leurs sympathisants. Le plus troublant est de constater que le public présuppose que notre pays est mieux protégé qu’aux États-Unis en ce qui concerne la vente d’armes à feu. Pourtant, aux dires d’Hélène Buzzetti dans un long article publié dans le journal Le Devoir du 4 mai; obtenir un permis d’armes à feu est d’une facilité désarmante. Les autorités se fient à la bonne foi des demandeurs et croisent les doigts en espérant que les médecins leur signaleront les cas à risque.
En vérité, il est légalement possible d’acheter dans notre pays une arme d’assaut de type militaire sans restriction, c’est-à-dire sans qu’il soit possible de retrouver leurs propriétaires. Le projet de loi C-71 n’aborde pas ce point précis, mais s’adresse seulement à des considérations techniques secondaires telles que le rôle de la Gendarmerie nationale et l’application de la loi.
Ironiquement, au même moment où se tient ce débat, selon un article publié par Olivier Robichaud dans le Huffpost le 23 mai, le Service de police de la Ville de Laval et de Longueuil est en voie d’offrir des armes d’assaut à leurs patrouilleurs. Cela ne semble pas encore être le cas pour le SPVM à Montréal où seuls les groupes d’intervention tactiques en possèdent une quarantaine.
Sommes-nous en train de créer une psychose sociale aux allures étasuniennes? Le danger accroît avec l’usage du tabac, c’est connu. La prolifération des armes à feu de type militaire n’annonce rien de bon pour les Canadiens incluant les honnêtes propriétaires d’armes à feu consciencieux, responsables dans le maniement de leurs armes et respectueux des lois. Ceux-ci n’utilisent pas d’armes d’assaut pour la chasse au gibier!
La raison ne semble pas prévaloir à ce chapitre. La question de l’accessibilité d’armes d’assaut doit se restreindre aux militaires. C’est pourtant simple! Qu’est-ce qui nous empêche en tant que société qui aspire à vivre en sécurité de mettre hors la loi la vente libre d’armes de guerre? Ce n’est certainement pas la prolifération de ces armes qui assurera une plus grande protection civile. L’exemple de nos voisins américains n’est-il pas suffisant?
Sans trop nous en rendre compte, assistons-nous à une forme lente et sournoise d’acceptabilité sociale de vente libre d’armes d’assaut sans mécanisme de contrôle?
Pour la liste des signataires : www.polysesouvient.ca
Serge St-Arneault et Heidi Rathjen, Montréal