La revitalisation de cet ancien quartier ouvrier fait partie de la vision du maire de Québec depuis qu’il a été élu à la tête de la ville en 2007, a-t-il lui-même rappelé lors d’une conférence de presse de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), samedi. «C’était tellement laid que personne ne s’était imaginé qu’il pouvait en profiter.»
«Les plans» préparés par son administration n'ont toutefois pas levé de terre rapidement. Si l'écoquartier a été annoncé une première fois en 2010, il aura fallu plus de sept ans pour que le premier projet résidentiel y soit lancé, l'automne dernier.
«Masse critique»
La donne va changer et la transformation va s'accélérer dans les prochaines années, croit le maire. Le siège social de la CNESST, dont la construction doit se terminer en 2021, amènera 1850 travailleurs dans le secteur. «Avec la CNESST, c’est 3100 personnes qui vont travailler à la journée longue ici, alors qu’il y a quelques années, il n’y avait personne», a fait valoir le maire. «La base [du projet], c’était d’amener des gens qui travaillent ici. Avec 3100 travailleurs, on a gagné notre pari.»
Le chiffre du maire inclut les 1200 travailleurs du gouvernement fédéral qui s'y sont installés ces dernières années dans deux bâtiments construits dans l'écoquartier.
Avec l'arrivée de la CNESST, le maire croit que la «masse critique» sera atteinte pour la suite du développement. «Les gens veulent aller [vivre] dans une place où il y a une qualité de vie. [...] Est-ce qu’il y a de commerces? S’il n’y a pas de commerces, [c'est parce qu'il] n’y a pas suffisamment de clients. Les 3100 personnes qui viennent travailler ici, ça fait la masse critique dont tu as besoin pour investir dans des commerces. Si tu investis dans des commerces, les gens viennent vivre [dans le quartier] parce qu'il y a des commerces. L'urbanisme, c'est ça, c'est l'oeuf et la poule.»
Rappelons également l'arrivée prochaine de Médicago au nord de l'écoquartier, dans l'Espace innovation D'Estimauville (anciennes terres de la ferme SMA). La construction du complexe biotechnologique de production de vaccins devrait être finalisée d'ici 2020. Quelque 420 employés y déménageront.
Lent départ
À ce jour, selon des données fournies par le maire Labeaume samedi, des 34 maisons de ville planifiées en 2018-2019 dans la phase 1 du développement de l'écoquartier, dix sont en construction et sept ont été achetées. Des chiffres qui semblent le satisfaire. «Ça veut dire que ça va marcher», a-t-il lancé. Un projet de construction de 70 logements sociaux est aussi en marche. Un lot est toujours vacant pour la phase 1.
Une piste cyclable a vu le jour en 2014 et un parc a été partiellement aménagé en 2017. La Ville prévoit la décontamination d'un terrain plus au sud, un ancien dépôt à neige, pour y ajouter un autre parc.
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UN SIÈGE SOCIAL VERT
Le nouvel immeuble de 8 étages de la CNESST sera érigé à l'intersection du boulevard Sainte-Anne et de l'avenue D'Estimauville. Moyennant un investissement de 151 millions $, le bâtiment sera d'une superficie totale de 34 500 mètres carrés et comprend un stationnement étagé.
Selon Manuelle Oudar, présidente et chef de la direction de la CNESST, l'espace de travail y sera «convivial», «moderne» et «stimulant». L'infrastructure respectera les critères de la certification LEED v4, qui prévoit entre autres un aménagement écologique du site, une gestion efficace de l'eau ainsi que de hauts standards d'efficacité énergétique. Le bâtiment adhère à la Charte du bois du gouvernement provincial, ce qui signifie que le matériau y sera mis en valeur.
Le bâtiment n'aura pas de tour de refroidissement sur son toit afin d'éviter toute contamination à la légionellose, a-t-on aussi précisé samedi.
Le projet d'un siège social entièrement neuf a été confirmé il y a deux ans. La CNESST prévoyait d'abord rénover son infrastructure existante de la rue Bourdages en y ajoutant des étages, au coût de 130 millions $. Des fissures découvertes dans les pieux souterrains ont forcé la direction à changer ses plans.