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Le bois, un matériau écologique et renouvelable aux possibilités sous-estimées !

Les forêts emprisonnent le gaz carbonique présent dans l’air et libèrent de l’oxygène.
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Le bois est un matériau noble, disponible en abondance, écologique, récupérable et renouvelable. Utilisé depuis des millénaires en construction et pour la fabrication d’innombrables objets et outils, on continue encore aujourd’hui d’en proposer de nouvelles utilisations en s’appuyant sur ses propriétés, ou celles de ses résidus, jusqu’alors insoupçonnées.



Résistant, durable et isolant
Dans le domaine de la construction, le bois ne cesse de surprendre par sa polyvalence, sa résistance et sa durabilité. C’est grâce à la recherche sur ses propriétés mécaniques qu’on lui découvre continuellement de nouvelles applications. En comprenant mieux sa composition et sa structure, on arrive aujourd’hui à concevoir des produits répondant à des critères et à des normes spécifiques. Ainsi, avec des produits structuraux à la résistance mécanique de plus en plus comparable à celle de l’acier, il n’est pas surprenant que les parts de marché du bois dans la construction non résidentielle au Québec aient quasiment doublé entre 2006 et 2016. L’édifice en bois le plus haut de la planète compte maintenant 18 étages ! 

Le bois présente également l’avantage d’être un très bon isolant thermique, pouvant garantir l’efficacité énergétique des bâtiments qui l’utilisent. Damien Mathis, étudiant-chercheur au Centre de recherche sur les matériaux renouvelables (CRMR), souhaite démontrer l’efficacité du bois dans un climat comme le nôtre. Il a ainsi construit de petites maisonnettes écoénergétiques, pour démontrer que le bois est non seulement un bon isolant, mais qu’en le combinant à des acides gras provenant de plantes, il permet aussi de stocker l’énergie thermique provenant du soleil durant le jour et de la rediffuser lentement dans l’espace habitable. Le bois est donc appelé à prendre une place de plus en plus importante dans la construction de bâtiments de toutes tailles.

Construction commerciale en cours dans le parc industriel 
de Saint-Augustin.


Des résidus récupérés et réutilisés… jusque dans votre assiette !
D’autres usages du bois sont beaucoup plus surprenants. Lors de sa récolte et de sa transformation, ce matériau génère une quantité importante de résidus, comme des branches, des écorces et des feuilles. Les avancées en recherche ont per-mis d’y trouver de nouvelles applications prometteuses, notamment dans le secteur agroalimentaire. 

La cellulose issue du bois se retrouve maintenant dans le fromage et dans la crème glacée. La cellulose est un polymère naturel abordable qui n’augmente pas la teneur en gras et qui ajoute des fibres au produit alimentaire. Elle empêche les particules de fromage râpé de se coller les unes aux autres et la crème glacée de former des cristaux. Un dérivé de la cellulose, le xylitol, pourrait même bientôt remplacer le sucre, tout en offrant un apport calorique fortement réduit. On découvre aussi constamment de nouveaux usages pour les feuilles et l’écorce, dont on extrait certaines molécules pour donner une saveur ou une odeur à des produits alimentaires, mais aussi pour des applications cosmétiques et même pharmaceutiques. 

Les travaux de la professeure Tatjana Stevanovic, chercheure au CRMR, ont révélé que les extraits d’écorce d’érable présentent des teneurs si élevées en polyphénols que leur potentiel antioxydant pourrait en faire d’éventuels produits pharmaceutiques. Ce qui était autrefois considéré comme des résidus dont on devait disposer est donc maintenant considéré comme une matière première valorisable ! Un avenir prometteur qui garantira une utilisation de plus en plus optimale du bois provenant de nos forêts.

Une ressource renouvelable
Le bois et ses dérivés offrent la possibilité de répondre à de nombreux besoins humains, mais le rôle de ce matériau dans notre société peut être apprécié à une échelle beaucoup plus vaste. En choisissant le bois, on opte pour une ressource renouvelable. Contrairement à plusieurs matériaux d’usage courant, qui sont issus du pétrole ou d’autres ressources à l’abondance limitée, le bois repousse. En aménageant nos forêts de façon durable, comme c’est le cas au Québec, on garantit le renouvellement continuel de la ressource et le maintien de la santé de nos écosystèmes. 

La cellulose issue du bois se retrouve maintenant dans le fromage et dans la crème glacée.

Plus écolo que l’acier et le béton
Les forêts constituent aussi un important réservoir de carbone, c’est-à-dire que le gaz carbonique qui y est emprisonné n’est pas libéré dans l’atmosphère. Et lorsqu’on récolte la forêt? Le carbone est transféré dans les produits du bois et y est séquestré pour une période supplémentaire qui peut être très longue lorsque le bois est utilisé pour la construction, par exemple. 

De plus, le bois offre une occasion précieuse de remplacer des matériaux dont la fabrication et l’utilisation requièrent plus d’énergie ou génèrent une empreinte environnementale plus importante. On utilise l’analyse de cycle de vie, une méthode d’évaluation rigoureuse, pour déterminer l’ensemble des ressources et l’énergie nécessaires à la fabrication d’un produit donné. 

Lorsqu’on compare le bois à d’autres matériaux, comme l’acier ou le béton, on s’aperçoit rapidement que l’impact des produits en bois est beaucoup moins négatif sur l’environnement. Une plus grande utilisation du bois dans l’ensemble des activités de notre société cons-titue donc un outil incontournable dans la lutte aux changements climatiques. 

Le bois est donc une formidable ressource. En plus d’être renouvelable et écologique, on peut le récupérer, le recycler et même valoriser les résidus issus de sa transformation. Dans un monde tourné vers l’environnement et le développement durable, pas étonnant que plusieurs chercheurs, comme ceux du CRMR, lui consacrent temps et énergie pour tirer profit de ses nombreuses propriétés et ainsi développer de nouvelles utilisations aussi variées que surprenantes !

Alexandre Morin-Bernard et Claude Durocher, étudiants au Centre de recherche sur les matériaux renouvelables