«On voulait faire un portrait de ville loin des récits officiels, où une suite de petits récits personnels seraient capables d’ouvrir des brèches. Parler de Québec en sortant de ce qu’on nous a toujours raconté, trouver des stratégies pour faire réapparaître des choses, mais qu’on ne voit pas», résume le cinéaste.
Le Web s’avérait le meilleur médium pour mettre en relation des fragments d’histoire, des lieux, des personnages et proposer des raccourcis temporels évocateurs entre hier et aujourd’hui, les archives officielles et les archives personnelles. Il imagine donc un parcours métaphorique, où les internautes doivent utiliser leur intuition et suivre leur curiosité.
«Ludovica», c’est la ville rêvée par Champlain, toujours en chantier, toujours en devenir. Une utopie inspirante pour David N. Bernatchez. «Si on ne veut pas seulement raconter l’histoire telle qu’elle est, il faut évoquer des histoires non terminées, des rêves. La notion d’utopie permettait de rassembler les dimensions politique et artistique. Cette friction-là m’intéressait», explique-t-il.
Aux contenus Web qui tournent souvent autour de l’autopromotion, de la construction de l’image de soi ou d’un réseau de contacts, il préfère les démarches collectives porteuses, qui ouvrent les horizons et nous projettent en arrière ou en avant, plutôt que de nous engluer dans le présent.
La première et la dernière capsule, où l’on entend EP4 percussion, mettent respectivement en valeur le rapport aux archives, avec l’historien Réjean Lemoine et un extrait du journal de Champlain, et le rapport à la mémoire et au territoire, avec le Huron Max Gros Louis. Elles sont baptisées Mémoires d’un fondateur et La mémoire du corbeau.
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Histoire de Syméon (celui qui reconnaît le Christ dans l’Évangile selon Luc, donc Bach a fait le sujet d’une cantate en 1727) met en valeur les Violons du Roy. «Cette histoire est née en Palestine, est passée par l’Allemagne, est devenue de la musique et aujourd’hui au XXIe siècle, un collectif de musique baroque de Québec joue ça. C’est quelque chose de merveilleux, qui montre que nous sommes connectés aux traces du temps qui passe», expose M. Bernatchez. «J’ai capté un extrait de concert en une prise, puis je l’ai annexé à un autre plan-séquence.»
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La capsule Histoire d’entropie est un portrait éclaté de La Fête, un jeune collectif issu du Pantoum, que le cinéaste a librement associé à des images de tempêtes de neige — un corpus qui le fascine et qui cadrait avec l’univers musical joyeusement désordonné du groupe.
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Porté par L’orchestre d’hommes-orchestres, Petites histoires s’est construit comme un cadavre exquis. Le cinéaste a mélangé des bouts de phrases d’un texte écrit par le groupe et leur a demandé de le redire dans divers lieux de la basse-ville, dont l’îlot Fleurie, qui fut souvent le théâtre de projets créatifs et collectifs.
Les capsules peuvent être visionnées de manière indépendante, mais s’inscrivent dans le projet plus vaste du site Web, où l’on peut facilement se perdre pour une promenade aussi dépaysante qu’instructive. À découvrir ici.