Surcyclage : de déchet à trésor

Lampe fabriquée à partir de plaques d’immatriculation de la Colombie-Britannique, intégrant la technologie «touch» permettant de faire varier l’intensité lumineuse du bout des doigts. Création de Labo57àQuébec

Comme chaque printemps, vous vous apprêtez à faire le grand ménage? Ne mettez pas trop vite à la poubelle ou au recyclage de vieux objets que vous n’utilisez plus. Car ils pourraient se transformer en trésor.


Le surcyclage est tendance que ce soit dans les domaines de la mode, de la décoration ou des arts visuels. Mais qu’est-ce que le upcycling, terme anglais souvent utilisé? Il s’agit de prendre un objet inutilisé et de le transformer en un autre ayant une fonction différente. Du recyclage 2.0 en résumé puisqu’on donne une plus-value à un déchet tout en mettant la pédale douce sur la consommation d’énergie. On recycle donc «par le haut». «Ça demande beaucoup moins de transformation que le recyclage, explique l’artiste récupérateur Nicolas Désormeaux, qui se présente comme «maître upcycling» et a lancé un blogue sur le sujet en 2014. On reconnaît l’objet d’origine, mais il a une autre fonction.»

L’artiste récupérateur Nicolas Désormeaux

Les artistes récupérateurs ont un souci environnemental et luttent à leur façon contre la surconsommation. «Le recyclage, c’est l’fun et écologique, mais ce n’est pas la meilleure des solutions, croit M. Désormeaux. Le surcyclage ou la revalorisation, c’est une nouvelle étape.»



En effet, le recyclage exige une consommation d’énergie pour compresser et faire fondre le plastique, par exemple, et le transformer en un autre objet. Ce qu’évite le surcyclage.

Imagination
Mais les artistes récupérateurs s’adonnent aussi à leur art pour laisser libre cours à leur imagination, précise M. Désormeaux. Ce qu’ils réalisent est étonnant. Ainsi, un vieux téléphone est transformé en lampe, un grille-pain en horloge, un robinet de cuisine en radio, des roues de chariot industriel et un bout d’établi en table, une guitare en luminaire. Les possibilités sont infinies.

Lampe poche : lampe faite à partir d’une lampe de poche vintage et d’un poids pour altère.
1854 : Lampe faite avec un ancien téléphone et une pièce de monnaie du Haut-Canada de 1854.
Toast’heure : Horloge lumineuse (avec prise USB) faite avec un ancien grille-pain.
Radi-eau : Lampe faite avec un robinet et un appareil radio.

Connu sous le nom d’artiste Lartisnick, M. Désormeaux prend ses objets principalement dans la rue, qui regorge d’articles encore en état. Il peut prendre les commandes de clients, mais ceux-ci doivent garder l’esprit ouvert. «Je suis dépendant de ce que je trouve», rappelle-t-il.

Au Québec, quelques salons mettent en valeur les artistes récupérateurs, dont le Kaput! à Beloeil et le Salon des artisans récupérateurs de Montréal. À Québec, le Salon nouveau genre, qui a lieu annuellement en décembre, accorde une belle place aux œuvres surcyclées.



Dans l’avenir, le charpentier-menuisier de formation veut pousser le concept plus loin en créant une association d’artistes récupérateurs, car le sujet, bien qu’il suscite la curiosité des gens, est encore méconnu au Québec, fait-il remarquer.

Info : lartisnick.jimdo.com/le-blogue-upcycling

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Petite histoire du surcyclage

› Définition

Le surcyclage est l’action de récupérer des matériaux inutilisés pour les transformer en produit de qualité ou d’utilité supérieure. On recycle donc «par le haut».

› Naissance

Le terme upcycling est né au milieu des années 90 par l’artiste récupérateur Reiner Pilz. Il a ensuite été repris par William McDonough et Michael Braungart dans leur ouvrage Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things paru en 2002.

Source : Wikipédia

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En chiffres: 13 millions

Au Québec, 13 millions de tonnes de déchets sont produites chaque année, soit un camion de 25 tonnes à la minute. 

Source : Semaine québécoise de réduction des déchets

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LABO57ÀQUÉBEC : DES CHERCHEURS RÉCUPÉRATEURS

Martine Lizotte et Thomas Bura sont chercheurs dans leur vie professionnelle et ont fait de l’art leur passe-temps.

Martine Lizotte et Thomas Bura n’ont rien des artistes typiques. Ils sont respectivement chercheurs en océanographie et en chimie. Leur passe-temps? Créer des lampes à partir de matériel récupéré.

Il y a deux ans, lors de rénovations au pavillon Alexandre-Vachon de l’Université Laval, où ils travaillent, les laboratoires de chimie et de physique sont dépouillés de leur contenu. Du métal est récupéré, mais plusieurs petits appareils (ampèremètre, voltmètre, agitateur magnétique, notamment) datant des années 60 et 70 se retrouvent à la poubelle. Martine et Thomas mettent la main dessus. «L’objet en soi était très beau et on s’est mis à les récupérer, explique Martine. On s’est dit il faudrait en faire profiter aux autres et en faire un truc à la fois utile et joli.»

Sous leurs mains agiles, un tout petit ampèremètre vert vieillot devient une lampe. Leurs amis aiment l’œuvre. Ils font des commandes. Le bouche-à-oreille fait le reste. 

Lampe fabriquée à partir 
d’une caméra 8 mm vintage.
Lampe fabriquée à partir de 
cassettes audio transparentes. 
Ampoule OLED.
Petite lampe deux tons de 
bleu construite à partir d’une jauge 
à vide à thermocouple.

Look rétro-industriel

Le duo a jusqu’à maintenant réalisé une centaine de lampes, vendues par leur site Facebook et dans des événements comme le Salon nouveau genre. Martine et Thomas privilégient l’utilisation d’ampoules à incandescence Edison, car elles ne deviennent pas trop chaudes et ne nécessitent donc pas d’abat-jour, qui casserait le look rétro-industriel, expliquent-ils.

À travers l’art, leur curiosité scientifique est utile. Ils apprennent de leurs essais et erreurs. «On est juste des gens qui tripent, rappellent-ils. On aime prendre un objet qui existe déjà et le revaloriser.» Ils s’inscrivent ainsi dans le courant du surcyclage.

Leurs lampes obtiennent du succès. Ayant écoulé tout ce qu’ils avaient récupéré dans les laboratoires, ils fouillent maintenant dans les antiquaires à la recherche de beaux objets comme des plaques d’immatriculation, de vieux extincteurs ou des appareils photo vintage. Souhaitant conserver leur entreprise à petite échelle, Martine et Thomas travaillent à l’atelier coopératif La Patente et dans leur condo. «Chez nous, c’est Versailles. Il y a 1000 lumières!», rigole Thomas.  

Info : facebook.com/Labo57aQuebec



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DU MOBILIER URBAIN À PARTIR DE SACS DE PLASTIQUE

Banc conçu de sacs de plastique défaits en copeaux puis passés dans une imprimante 3D.

Le studio néerlandais The new raw a trouvé une façon originale de donner une nouvelle vie aux vieux sacs de plastique. Les sacs sont dans un premier temps défaits en copeaux, puis utilisés dans une imprimante 3D. Le premier objet créé ainsi est un banc baptisé XXX bench, un meuble aux formes courbes et au style actuel. Celui-ci pèse 53 kg, ce qui représente la quantité de déchets plastiques produite annuellement par deux personnes à Amsterdam. Une idée ingénieuse! Source : ufunk.net

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UN VIEUX TÉLÉPHONE COMME ORDINATEUR D'AQUARIUM

Quoi faire avec son vieux téléphone? On peut évidemment aller le porter à un point de collecte du programme canadien de recyclage des appareils sans fil (recyclemycell.ca). Mais pourquoi ne pas tout simplement lui trouver une autre utilité? Le fabricant de cellulaires, Samsung, a conçu une nouvelle plateforme Web nommée Upcycling destinée à donner des solutions clés en main pour donner une nouvelle vie à notre appareil. Pour l’instant, le site n’offre qu’un avant-goût des projets, mais il devrait sous peu détailler les marches à suivre. Des ingénieurs de Samsung, ainsi que des «patenteux» peuvent y inscrire leurs idées. On y propose entre autres d’utiliser son vieux téléphone comme ordinateur d’aquarium. Après quelques modifications, votre appareil sera en mesure de lire le pH de l’eau, de vérifier la température, de planifier les heures pour nourrir les poissons, etc.  

Info : galaxyupcycling.github.io

Un vieux téléphone intelligent devient un ordinateur d'aquarium.