G7: même des campings réservés par Ottawa!

Toutes les chambres du Château Frontenac sont indisponibles du 6 juin au 10 juin inclusivement, selon les recherches du Soleil dans le système informatique, tout comme de nombreux autres hôtels de la capitale.

EXCLUSIF / Vous doutez encore de la démesure du Sommet du G7 qui aura lieu à Québec et La Malbaie les 8 et 9 juin? Le gouvernement fédéral, l’armée et les policiers ont réservé des chambres à coup d’hôtels complets… même des campings de Charlevoix sont réquisitionnés, a remarqué Le Soleil.


Les forces de l’ordre ont notamment mis la main sur le camping Le Genévrier de Baie-Saint-Paul; celui-ci est situé à 50 kilomètres du Manoir Richelieu de La Malbaie, site principal de la rencontre des puissances économiques. La clientèle annuelle de l’entreprise pourra toujours s’y rendre. Mais les policiers interdiront l’accès à toute autre personne, nous explique la réceptionniste, Linda Lemieux. 

Le directeur, Yves Froment, se réjouit de la manne. En pleine période creuse, l’ensemble du site est monopolisé dès la fin mai, pour une vingtaine de jours. Ottawa aurait choisi Le Genévrier entre autres pour ses chalets logeant de 4 à 8 personnes. Les 35 ont été loués en bloc.

M. Froment avertit les retardataires du Sommet: de Sainte-Anne-de-Beaupré aux Escoumins, beaucoup de locateurs sont en négociation, beaucoup d’autres ont déjà signé un contrat. Le choix s’amenuise, selon lui.

Du côté du Camping au bord de la rivière et Motel Riviera de La Malbaie, le propriétaire Dominic Bergeron confirme d’ailleurs lui aussi que les autorités logeront dans son établissement. Ancien policier, il ne donnera toutefois pas plus de détails; une question de sécurité et de confidentialité, dit-il. Selon son site de réservation en ligne, il n’y pas de disponibilité entre le 20 mai au 12 juin.

Chez son voisin, Les chalets du Riviera, la dizaine d’unités ont également trouvé preneur. «Tout est loué!» indique Richard Morin. Le tout par le même client qui s’installera ici, comme chez les précédents, dès le mois de mai.

Campement militaire?

Il semble, en outre, que la Défense nationale avait l’œil sur les Villas et le camping des érables, établi juste au bout du golf du Manoir Richelieu, à l’intérieur du périmètre de sécurité. Les militaires étaient à la recherche d’un grand terrain pour ériger un campement, affirme l’hôte, Jean-Jacques Tremblay. Les parties n’auraient toutefois pas réussi à s’entendre. Il aurait en plus reçu la visite de représentants du Japon en quête de logis et d’émissaires du gouvernement fédéral.

La location de terrains de camping peut certes surprendre. Mais il faut se souvenir que les besoins sont considérables. «Jusqu’à 12 000 chambres seront requises pour la durée du Sommet», rappelle Richard Provencher, porte-parole, communications et relations avec les médias, au Bureau de gestion des sommets du fédéral. «Il y a plusieurs types d’hébergement qui ont été et continuent d’être considérés. Nous regardons dans tout Charlevoix ainsi que les régions à proximité.»

Des chambres par centaines

D’ailleurs, dans la capitale, bon nombre d’hôtels ont été réservés en entier par le gouvernement, les policiers et des délégations internationales.

Des exemples? Les 611 chambres du Château Frontenac sont indisponibles du 6 juin au 10 juin inclusivement, selon nos recherches dans le système informatique. Pourquoi? «On n’est pas tenu de parler du G7 à des journalistes», répond la coordonnatrice aux relations publiques, Mickaële Couture. La réponse est dans le refus de répondre.

Même constat au Hilton, où l’on compte 571 unités. «Fermé» les 7, 8, 9 et juin. «On ne peut plus prendre de réservation dans ce coin-là.» Encore la faute au G7.

Ces deux institutions sont habituées de recevoir des délégations importantes de congressistes. Mais les besoins sont tels que des entreprises un peu moins familières d’événements d’une telle envergure ont également été sélectionnées, certains dès la fin mai.

L’hôtel Pur, du quartier Saint-Roch, est dans la liste. Du 24 mai au 11 juin, la bâtisse de 242 chambres est «occupée» pour le G7. Vers les Galeries de la Capitale, le Grand Times Hotel est réservé du 2 juin au 11 juin.

Nous pourrions poursuivre ainsi longtemps. D’autres exemples? Dans le Vieux-Québec, le Manoir Victoria est «fermé» les 6, 7, 8 et 9 juin. Constat similaire au Clarendon.

Des hôtels affichent toutefois encore des chambres pour la période du Sommet du G7… à des prix parfois stratosphériques.

Soulignons que la situation est similaire à Saguenay. 

Le G7 est composé du Canada, de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Japon et de l’Italie. Plus de 8000 délégués et des milliers de fonctionnaires, policiers, militaires, agents de sécurité, journalistes et cie sont attendus.

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PAS DE VACANCES POUR LES POLICIERS DE QUÉBEC

Le SPVQ bat le rappel des troupes. L’ensemble des policiers de la capitale devront être au travail avant et pendant le Sommet du G7 qui se déroulera à Québec et La Malbaie les 8 et 9 juin, confirme-t-on au Soleil.

Autant les cadres que leurs subalternes seront en service: «Le SPVQ comptera plus de 850 policiers lors du G7 dans ses rangs», nous écrit l’agent Étienne Doyon, porte-parole. «Plus de 850 est l’effectif policier total [de la Ville].»

Pas question de s’en tirer en demandant un congé pour aller à la pêche! «Une consigne a été émise à l’effet que les vacances ne seront pas autorisées lors de cette période.»

Alors, ces centaines de policiers municipaux qui accumuleront les heures supplémentaires, quel sera leur rôle? «Le SPVQ aura […] le mandat d’encadrer les manifestations avec ses partenaires, notamment la Sûreté du Québec et la GRC», répond M. Doyon.

Car les nombreux agents de la capitale ne seront pas seuls. Pour le Sommet du G7, le SPVQ fait partie du Groupe intégré de la sécurité, le GIS. Celui-ci est piloté par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à laquelle se joignent des représentants des polices de Québec et de Saguenay, de la SQ ainsi que de l’armée canadienne. Le GIS enverra sur le terrain des milliers de membres des forces de l’ordre. 

En plus, tel que le révélait récemment Le Soleil, le gouvernement fédéral a mandaté une entreprise privée afin de recruter «plus de 500» agents de sécurité, des vétérans et d’ex-policiers de préférence, pour une mission qui commencera dès mars. L’entreprise en question? Les Commissionnaires, «plus important employeur d’ex-militaires dans le secteur privé au pays», dixit son site Web.

Manifestations

Le déploiement d’un tel arsenal de sécurité ne signifie toutefois pas que les manifestations seront interdites, note M. Doyon. «Une zone de libre expression sera mise en place à La Malbaie pour les citoyens. À Québec, pour l’instant, aucun périmètre n’est prévu à l’heure actuelle. Les gens pourront manifester en respectant les règlements et les lois en vigueur.»

D’ailleurs, plusieurs groupes militants se préparent pour l’événement de juin. Mais, aussi, pour se faire entendre à l’occasion des rencontres préparatoires.

Nous l’évoquions il y a peu, une première action est annoncée les 5 et 6 avril durant la tenue du Sommet d’affaires B7 à Québec — B7 pour «Business Summit 7». Au cours de cette réunion, les dirigeants des plus grandes organisations d’affaires des pays du G7 préparent leurs «recommandations» à l’adresse des chefs d’État.

Le G7 est composé du Canada, de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, du Japon et de l’Italie. Le Canada préside l’instance durant toute l’année.

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LES POMPIERS EN ALERTE

Le Service de protection contre l’incendie de Québec (SPCIQ) participe activement aux préparatifs pour la grand-messe du G7.

«Un chef est assigné juste au Sommet du G7 […] à temps plein», fait valoir l’officier médias et prévention, Bill Noonan. Il y aurait déjà eu plusieurs rencontres en haut lieu.

Il faut planifier les heures supplémentaires, définir l’effectif nécessaire, identifier les casernes qui seront appelées en premier en cas d’urgence…

Mais, insiste M. Noonan, les pompiers travailleront «en support au service de police». Si par exemple, une manifestation s’enflamme, les agents devront sécuriser les lieux avant que les camions du SPCIQ se rendent sur place éteindre un éventuel feu.

Contrairement à la directive lancée chez les policiers de la capitale, Bill Noonan n’a pas vu passer de note interne refusant tout congé à l’occasion du Sommet du G7. Il ajoute cependant que les pompiers sont habitués d’être appelés à la maison par un système automatisé lorsqu’un chef demande du renfort.