Pour le chef caquiste, cette étiquette de nationalisme ethnique ne passe pas. «C’est une accusation très grave, hystérique, inacceptable. C’est de la sale petite politique, et je pense que, là, les libéraux viennent de dépasser les bornes», a-t-il tonné en point de presse.
M. Leitão a tenu ces propos en anglais, la semaine dernière, lors d’une mêlée de presse suivant une rencontre pré-budgétaire avec des membres de la communauté anglophone de Montréal. Ils ont été publiés sur le site Web de Montreal Gazette mercredi.
M. Legault a rappelé que le premier ministre Philippe Couillard l’avait accusé il y a deux ans de «souffler sur les braises de l’intolérance», mais selon lui, c’est la première fois qu’il entend une «déclaration aussi directe». «Ce genre d’accusations grossières qui laissent entendre que ceux qui ne pensent pas comme les libéraux sont des racistes, les Québécois sont écoeurés de ce genre de propos», croit M. Legault.
Le chef de la CAQ croit que ce type de propos surgit parce que les libéraux sont inquiets de perdre une partie de leur clientèle, soit les anglophones et les allophones.
M. Legault estime que son parti a le droit de vouloir accueillir moins d’immigrants, et qu’il a «le droit d’exiger que les nouveaux arrivants apprennent le français, qu’ils acceptent nos valeurs».
Il a demandé des excuses et une rétractation de la part de M. Leitão et un rappel à l’ordre de la part de M. Couillard. Ce qu’il n’a pas obtenu.
«Les propos que j’ai tenus la semaine dernière ne visaient surtout pas à caractériser la CAQ ou M. Legault comme racistes. Je vous mets au défi de trouver ces mots-là. Je n’ai pas dit ça la semaine dernière. J’ai dit par contre oui, la CAQ aime bien diviser. Ils aiment mieux diviser que mobiliser et c’est ce que j’ai souligné la semaine dernière», a brièvement commenté M. Leitão. Le ministre ne s’est pas rétracté, mais a évité de répéter ses propos.
Philippe Couillard s’est quant à lui réfugié dans le silence, en répondant qu’il n’avait «pas de commentaires» à faire. Il a ainsi évité d’endosser ou de critiquer les propos de son ministre.
Intolérance crasse
Le chef du Parti québécois (PQ) Jean-François Lisée a aussi décrié les propos du ministre des Finances. «M. Leitão comme M. Couillard font preuve d’intolérance crasse» face aux positions sur l’identité du PQ et de la CAQ, juge-t-il. M. Lisée estime qu’il n’y a pas de nationalisme ethnique dans la sphère politique québécoise et que les positions des différents partis sur l’identité doivent être débattues avec respect.
Le chef du PQ croit que l’heure n’est plus aux excuses. Il appelle plutôt les Québécois à retirer le pouvoir des mains des libéraux le 1er octobre prochain. «Ils se font honte, ils nous font honte. Qu’ils s’en aillent.»
«M. Leitão assumera ses paroles, comme M. Legault doit aussi assumer que, lorsqu’il envoie un message comme «il y a trop d’immigrants», ça peut créer une certaine onde de crainte et de peur chez nos concitoyens. Alors, de part et d’autre, ils vivront avec ce qu’ils disent et ce qu’ils font», a quant à elle commenté Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire.