L’homme de Pont-Rouge, âgé de 44 ans, a plaidé coupable à une accusation de production de résine de cannabis et à une autre d’avoir allumé un incendie sans se soucier de la sécurité d’autrui. Le juge Steve Magnan de la Cour du Québec doit maintenant décider quelle peine imposer à ce producteur qui visait la guérison plutôt que l’appât du gain.
En 2012, le technicien en génie civil, marié et père de trois enfants, apprend qu’il a des tumeurs au cerveau.
Il sera opéré deux fois au cours des deux années suivantes pour retirer trois tumeurs.
Malgré les opérations, une tumeur réapparaît.
Selon Cédrick Pioger, des spécialistes à l’hôpital lui annoncent qu’il n’a plus qu’entre six mois et un an à vivre. Une troisième opération est planifiée pour prolonger la vie du père de famille.
Cédrick Pioger décide de changer son alimentation. Il affirme qu’en coupant le sucre, la tumeur a cessé de grossir.
Mais comme elle refuse de disparaître, le patient se lance dans des recherches et consulte une naturopathe à l’automne 2015. Cette dernière va lui donner une recette d’huile de cannabis.
Cédrick Pioger commence par s’approvisionner en huile à une boutique du centre-ville. Selon lui, les tests sur son cerveau démontrent l’effet bénéfique de la drogue.
Mais lorsque la boutique est fermée par la police en 2016, il devient à bout de ressources. «J’allais tout faire pour en avoir parce que j’avais trop peur que ça revienne, explique-t-il au juge, la voix brisée par l’émotion. Je voulais un frigo plein d’huile, pour le reste de ma vie. Je le sais à 100 % que ça m’a guéri, même si les gens ne me croient pas.»
Pas d'autorisation
L’homme affirme qu’il a tenté d’obtenir une autorisation de Santé Canada pour obtenir du cannabis médical. Sa médecin de famille n’aurait jamais voulu signer les formulaires.
Cédrick Pioger décide de produire lui-même son huile avec quatre kilos de feuilles et des branches de cannabis qu’il ramasse chez un producteur.
Cédrick Pioger n’est pas sans expérience avec le cannabis. Il a déjà été condamné à de l’emprisonnement dans la collectivité en 2003 et 2005 pour de la production de marijuana. Il ne souffrait d’aucune maladie à cette époque.
Le 1er décembre 2016, Cédrick Pioger décide de faire une recette d’huile avec l’aide de son fils de 21 ans. Sa femme dort avant son quart de travail, son plus vieux est au sous-sol et sa fille est sortie.
Cédrick Pioger et son fils tentent de faire chauffer du cannabis séché avec, notamment, du butane. Une grande flamme s’élève soudain dans la casserole. La hotte et le mur seront endommagés par les flammes et la suie, mais les dommages se limitent à la cuisine.
Des voisins du jumelé entendent le bruit fait par la montée de flammes, qu’ils qualifient même d’explosion, et appellent police et pompiers.
À l’arrivée des secours, Cédrick Pioger y va d’une explication vaseuse à propos de frites. Il est rapidement arrêté et incarcéré. Il plaide coupable une semaine plus tard.
Son avocat, Me David Monaghan, estime que le crime commis par son client, dans un contexte thérapeutique, devrait lui valoir une peine de 90 jours à purger les fins de semaine.
La procureure de la Couronne Me Mélanie Ducharme soutient qu’en raison des risques liés à une telle production et de la grande négligence dont l’accusé a fait preuve, la peine appropriée devrait en être une de 15 mois de détention.