Claude Dubois en terrain conquis

Claude Dubois était dans une forme splendide, tout sourire, blagueur, la voix toujours juste, droit comme un chêne.

CRITIQUE / De toute évidence, Claude Dubois n’aurait pas voulu se trouver ailleurs, jeudi soir, que sur la scène de la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre. Ça tombait bien, son public non plus, lui qui était déjà conquis avant même la première note. Le vétéran chanteur a livré un spectacle impeccable, sans temps mort, fort de ses plus grands succès qu’il a livrés au quart de tour avec un plaisir contagieux.


Dubois est «sorti fort», comme on dit dans le jargon sportif, enchaînant coup sur coup Artistes, le célèbre Blues du businessman et peut-être l’une de ses plus belles compositions, J’ai souvenir encore, rendue avec une belle sensibilité. Une formidable symbiose s’est dès lors installée entre le chanteur et ses fans pour le reste du spectacle. À plusieurs reprises, Dubois a fait appel à eux pour l’accompagner dans quelques airs.

Vêtu sobrement d’un jeans, avec t-shirt et veston noirs, le chanteur ne s’est pas égaré dans de longs monologues, préférant mettre sa musique à l’avant-plan. «On va laisser la parole aux comiques et la chanson à Dubois», a-t-il lancé avec l’approbation de l’assistance.



Jamais, au gré de cette soirée faite d’une vingtaine de chansons, certaines de ses moins connues livrées sous forme de pot-pourri, le chanteur de bientôt 71 printemps n’a laissé trahir un quelconque signe de fatigue, lui qui a été frappé il y a deux ans par un cancer de la moelle osseuse qui a nécessité des traitements de chimio. L’homme était dans une forme splendide, tout sourire, blagueur, la voix toujours juste, droit comme un chêne.

Ses admiratrices, nombreuses, ont été comblées par ses compositions faites en leur honneur au fil de sa longue carrière, que ce soit Femmes de rêve, la magnifique Femme de société, écrite en collaboration avec Léo Kay — «On a fait Portage ensemble et c’était pas une course de canots…» — ou encore Femme ou fille, reprise sous un arrangement jazzé qui a culminé avec une performance chaudement applaudie du pianiste Eddie Pierre.

Solide le bonhomme, tout comme l’ont été les trois autres musiciens, Yanni Aumont (guitare), Samuel Leonard (basse) et Denis Courchesne (batterie).

À mi-parcours, Dubois a reçu une longue ovation à l’issue de son ultra-émouvante et très attendue Si Dieu existe. Un artiste en pure communion avec son public, ça ressemblait un peu beaucoup à ce qui s’est passé lors de ce moment existentiel, alors qu’un ange et un autre sont passés dans la salle...



C’est sur les chapeaux de roues que Dubois a entamé le dernier droit, avec une belle relecture de Comme un million de gens, Chasse-galerie et, pour clore la soirée, Besoin pour vivre.

Le public a eu beau réclamer un rappel, le principal intéressé s’est contenté de venir le saluer. De toute évidence, il n’aurait pas voulu se trouver ailleurs, mais il avait tout donné... et bien donné.

Claude Dubois est à nouveau en spectacle vendredi au Grand Théâtre, ainsi que les 1er et 2 juin.