Mort de Guy Blouin: le policier Beaulieu acquitté

Simon Beaulieu et son avocat après l'annonce de son acquittement, vendredi, au palais de justice de Québec

Le policier Simon Beaulieu de la police de Québec a été acquitté ce matin des accusations de conduite dangereuse et négligence criminelle causant la mort du cycliste Guy Blouin le 3 septembre 2014.


L’ancien patrouilleur de 37 ans, devenu sergent-détective, a fait une manœuvre en marche arrière sur la rue Saint-François pour intercepter Guy Blouin, qui roulait en sens contraire du trafic.

Le cycliste de 48 ans a été heurté par le parechoc de la voiture de police et la roue arrière roule sur son corps. Il est décédé à l’hôpital quelques minutes après l’impact.

Selon l’expert de la Sûreté du Québec, mandaté par la Couronne, le policier Beaulieu reculait à 44 km/h. L’ingénieur Jean Grandbois engagé par la défense avait plutôt estimé la vitesse à 22 km/h.

Il a été établi lors du procès que le système de freinage ABS de l’autopatrouille ne fonctionnait pas. Selon la poursuite, le Crown Victoria freinait à 74%. La défense estime qu’en raison d’un bris au moyeu de la roue, le taux de freinage était grandement affecté.

Le juge René de la Sablonnière de la Cour du Québec a qualifié de « déficiente » la cueillette d’information de l’expert de la SQ, qui ne savait pas que les autopatrouilles de la police de Québec étaient munies de GPS. Aux yeux du juge, l’expertise de la défense, basée notamment sur les données GPS, l’emporte largement. Le juge retient donc que le policier a reculé sur une distance de 15 mètres à une vitesse de 22 km/h, sans gyrophare ni sirène.


Des proches de Simon Beaulieu étaient soulagés après l'annonce du verdict.

Le policier avait pris soin de vérifier qu’aucun piéton ne se trouvait à proximité et il n’avait aucune idée d’un bris mécanique sur son véhicule, note le juge.

« Le tribunal n’est pas convaincu du caractère dangereux de la manœuvre dans les circonstances et la conduite du policier ne constitue pas un écart marqué par rapport à ce qu’un autre policier aurait fait, estime le juge. Nous sommes en présence d’un malheureux et bête accident qui n’est pas criminel pour autant. »

Le juge de la Sablonnière a rendu sa décision dans une salle d’audience bondée de collègues du policier, de membres de sa famille, de représentants des médias et de citoyens du centre-ville.

Des policiers avaient procédé à la reconstitution du drame, le 5 septembre 2014.

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Citoyens préoccupés

Ces derniers, regroupés au sein d’un comité baptisé 3 septembre, se disaient abasourdis par la décision. Ils restent préoccupés par tout le processus judiciaire. « Les membres ont le sentiment que les procédures en vigueur lorsqu’un policier blesse gravement ou tue quelqu’un dans l’exercice de ses fonctions ont encore une fois favorisé l’impunité policière », écrit le Comité du 3 septembre dans son communiqué de presse. 

Le porte-parole Jean Fortin avait une pensée pour la famille de Guy Blouin, qui a attendu trois ans et demi l’aboutissement de l’affaire.

Le procureur de la Couronne Me Michaël Bourget a indiqué que le ministère public n’irait pas en appel du jugement, qui lui apparaît sans équivoque.

Policiers soulagés

Dans un communiqué diffusé quelques minutes après l’acquittement, la Fraternité des policiers s’est dite elle soulagée par ce verdict. « Nous avons toujours cru, et la décision de ce matin le confirme, que le comportement du policier Beaulieu ne pouvait entraîner une responsabilité criminelle, écrit le Fraternité. Il s’agit d’un accident, certes tragique, mais qui demeure un accident. »

Le Service de police de la Ville de Québec a réitéré ses sympathies envers la famille et les proches de Guy Blouin. Le corps de police rappelle que « le travail de policier implique de prendre des décisions en fonction d’une situation précise qui peut évoluer rapidement ». 

Le SPVQ affirme continuer à bonifier la formation de ses agents en conduite automobile en situation d’urgence. Le corps de police veut aussi maintenir ses liens avec les organismes et les intervenants du quartier Saint-Roch pour répondre à leurs préoccupations en matière de sécurité publique.

C’est le Service de police de la Ville de Québec qui payait les frais d’avocat de policier puisque les gestes reprochés avaient été commis dans le cadre de son travail. Simon Beaulieu n’était pas suspendu, mais affecté à des tâches administratives.

Reprise de l’enquête

Le Commissaire à la déontologie policière reprendra son enquête sur la conduite du policier Simon Beaulieu. La procédure en déontologie policière avait été suspendue en raison des procédures criminelles.

Au terme de l’enquête, le policier Beaulieu pourrait être cité devant le comité de déontologie policière pour avoir contrevenu à un article voulait qu’il n’aurait pas utilisé avec prudence et discernement une pièce d’équipement, à savoir l’autopatrouille.

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