La première intervention menée au CIUSSS de l’Estrie-CHUS avec le Dr Andrew Benko avait permis de faire du patient Jean-Claude Bergeron « un homme neuf », au dire de ce dernier. Les artères de ses jambes étaient si bloquées qu’il avait peine à marcher.
L’angioplastie est une technique qui permet de rouvrir des artères rétrécies ou obstruées sans avoir recours à une intervention chirurgicale importante.
« Ça change complètement la vie de ces personnes-là. Quelqu’un qui a les artères bloquées, c’est quelqu’un qui ne peut pas marcher ou pour qui monter les escaliers, c’est comme faire un marathon... Il y a du monde pour qui ça change leur vie », commente le professeur Martin Brouillette, également président et directeur général de Solutions médicales Soundbite.
Jusqu’ici, 39 patients du Québec et de l’Autriche ont pu profiter d’une telle intervention pour des artères périphériques, soit au niveau des jambes.
« On vise le marché européen », souligne le chercheur en précisant que les États-Unis sont aussi dans la mire. « On a fait notre demande pour faire les essais aux États-Unis. On attend notre réponse. Les essais devraient commencer au printemps. »
Pour illustrer ce qui a été mis au point par M. Brouillette et ses étudiants Steven Dion et Louis-Philippe Riel, Québec Science parle d’un « marteau-piqueur pour déboucher les artères », dont les mouvements microscopiques peuvent fracturer « les dépôts calcifiés sans abîmer les tissus ». La technologie pourra aussi servir à déboucher les artères coronaires des patients.
« C’est un peu plus compliqué; les artères coronaires sont plus petites en diamètre et elles sont plus tortueuses. Ça prend un fil guide de plus petit diamètre et plus flexible. On est en train de préparer notre demande pour faire l’essai clinique qui devrait avoir lieu à la fin du printemps au Canada et aux États-Unis. »
L’entreprise Solutions médicales Soundbite, qui n’existait pas il y a deux ans et demi à peine et qui est basée à Ville Saint-Laurent, emploie aujourd’hui quelque 35 personnes, dont des ingénieurs du Laboratoire d’onde de choc de l’Université de Sherbrooke (LOCUS). Plusieurs des employés sont des diplômés de l’UdeS.
Un doublé
Ce n’est pas la première fois que les percées scientifiques de M. Brouillette attirent l’attention de Québec Science.
En 2012, « un tout petit moteur générant la puissance d’une Ferrari » conçu par M. Brouillette et les chercheurs Jean-Sébastien Plante, Mathieu Picard et David Rancourt avait obtenu le titre de Découverte de l’année.
Les découvertes sont sélectionnées par un jury de chercheurs et de journalistes. Parmi les critères, il doit notamment s’agir d’une percée ou d’une avancée majeure dans un domaine de la recherche fondamentale ou appliquée. Les gens sont appelés à se prononcer dans le cadre du prix du public.
Pour cette 25e édition des 10 découvertes de l’année, l’équipe du magazine a survolé les 250 découvertes tirées des palmarès annuels. À partir de celles-ci, elle a tracé « un club des 3 », dont les percées successives leur ont permis de figurer à trois reprises au palmarès.
Parmi les six scientifiques, on retrouve le professeur André Bandrauk de l’Université de Sherbrooke, récompensé pour « l’invention de la science de l’attoseconde » et « ses travaux sur les lasers modernes appliqués à la chimie et à la physique ».