«Je suis descendu et j’ai dit au technicien que c’était un site archéologique. La rue Saint-Vallier est l’un des axes routiers les plus anciens à Québec qui reliait autrefois le palais de l’intendant à l’hôpital général. D’ailleurs, j’ai vu que des pièces archéologiques avaient été excavées», explique M. Auger au Soleil.
Des briques, des bouts de bois, des bouteilles, des pierres qui auraient été jadis les assises de maisons auraient ainsi été mis au jour par la pelle mécanique. «La très grande maison de l’ancien propriétaire de la Dominion Corset était située sur ce site et, ironiquement, c’est dans l’ancienne usine qu’on trouve les bureaux du département d’archéologie de la Ville de Québec», indique M. Auger.
Surprise
Le professeur indique que le technicien qui effectuait les tests de sols lui aurait dit que, normalement, il y avait un archéologue avec lui quand il réalisait ce type de travaux, mais que cela n’avait pas été recommandé cette fois-ci. «Il semblait surpris qu’il n’y ait pas d’archéologue sur place.»
M. Auger a d’abord contacté un archéologue la Ville de Québec pour se faire répondre que le terrain n’appartenait pas à la Ville. Il a donc décidé de porter plainte au ministère de la Culture pour travaux sur un site archéologique sans permis, envoyant des photos pour appuyer ses dires. «J’ai déposé ma plainte jeudi, j’ai envoyé de nouvelles photos vendredi et j’ai reçu un message qui me disait qu’ils étaient en vacances jusqu’au 8 janvier...»
«On assiste à la destruction d’un site archéologique alors que, pourtant, on n’a qu’à ouvrir une carte de 1807 pour voir que ça en est un. Malheureusement, au Québec, la loi n’a pas assez de dents en ce qui a trait au respect des vestiges archéologiques», déplore M. Auger.
Pas classé
Philippe Morin, coprésident du groupe Kevlar, qui est propriétaire du terrain, a confirmé que l’entreprise faisait présentement réaliser des analyses géotechniques par la firme Englobe afin de tester la capacité portante de sols de l’îlot Dorchester. Kevlar souhaite éventuellement y bâtir des tours résidentielles et une tour de bureaux.
«Je n’ai jamais entendu parler que c’était un site archéologique et il n’est pas classé comme un site patrimonial non plus. Pourtant, nous sommes propriétaires du terrain depuis près de 13 ans et ce n’est pas la première fois que nous y faisons des travaux. Moi, je n’ai jamais rien trouvé là-bas», explique-t-il, ajoutant toutefois qu’il avait été informé de la visite de M. Auger sur le site des travaux.
«On m’a dit que quelqu’un s’était présenté sur le site pour crier haut et fort qu’il devrait y avoir un archéologue sur place. Il n’y a rien d’alarmant, les gens d’Englobe m’ont dit que suite à cela, ils avaient fait un survol afin de voir si le site était classé comme tel et il ne l’était pas», conclut-il.
Du côté du ministère de la Culture, personne n’a été en mesure de répondre ou de rappeler Le Soleil concernant la plainte de Réginald Auger vendredi.