Mercredi, Le Soleil rapportait que le CIUSSS de la Capitale Nationale envisageait de fermer l’urgence psychiatrique de l’Hôpital du Saint-Sacrement dans l’optique de se conformer aux meilleures pratiques en santé mentale, qui favorisent les services dans la communauté, dont l’hospitalisation à domicile.
«On a trois urgences psychiatriques actuellement à Québec [Saint-Sacrement, CHUL et Enfant-Jésus], et on se demande si on n’arriverait pas à fonctionner avec deux. Si on veut augmenter les services dans la communauté, il faut déplacer des ressources de l’hôpital vers la communauté», disait le président-directeur général adjoint du CIUSSS, Guy Thibodeau.
M. Thibodeau affirmait que les «gens à l’interne consultés nous disent que c’est une bonne idée de concentrer les interventions» dans deux urgences, l’une étant idéalement située dans l’est et en basse ville [Enfant-Jésus ou Saint-François d’Assise)] et l’autre, dans l’ouest et en haute ville [CHUL]. Il soulignait toutefois qu’aucune décision n’avait encore été arrêtée.
En mêlée de presse, le ministre Barrette a dit être allé aux informations après avoir pris connaissance des réflexions du CIUSSS «dans les médias». «Il n’est pas question de diminuer l’offre de services d’urgence psychiatrique. Ce dont il est question, c’est d’adopter cette offre sur le territoire de la Capitale-Nationale en fonction des utilisateurs. Et je vous dirais une chose bien simple: ceux qui consomment le plus de services d’urgence en santé mentale, ils sont beaucoup moins dans Saint-Sacrement qu’ailleurs», a déclaré le ministre de la Santé.
Le ministre Barrette a par ailleurs dit douter qu’il y ait une urgence psychiatrique au nouveau complexe hospitalier (NCH), actuellement en construction sur le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. «Au NCH, on est plus dans le traitement du cancer que dans la santé mentale. […] Idéalement, géographiquement, on est beaucoup mieux d’être plus près de sa clientèle que d’être loin. Et pour prendre une image, si on a à se présenter à l’urgence pour un problème de santé mentale à pied, je pense qu’en haut de la côte, ce n’est peut-être pas l’idéal pour bien des gens», a exposé le ministre de la Santé, faisant référence à l’emplacement géographique de l’Hôpital du Saint-Sacrement et plaidant indirectement en faveur d’une urgence psychiatrique à l’Hôpital Saint-François d’Assise.
«Pas une bonne idée»
Contrairement à ce que le CIUSSS de la Capitale-Nationale a laissé entendre dans nos pages, mercredi, les 10 psychiatres de l’Hôpital du Saint-Sacrement n’auraient jamais été consultés sur l’éventualité d’une fermeture de l’urgence psychiatrique de cet établissement.
«Ils ont présenté le projet lors d’une assemblée à laquelle on participait il y a quelques semaines, mais ils ne nous ont jamais demandé notre avis. [...] S’ils ont consulté des psychiatres, c’est peut-être ceux du CHUL ou de l’Enfant-Jésus, mais ce n’est pas nous», a réagi au bout du fil le Dr Martin Gourgue, qui ne croit pas que la fermeture de l’urgence psychiatrique de Saint-Sacrement soit «une bonne idée».
«On est central [géographiquement]. Et on est le plus gros département de psychiatrie à Québec. On a six ailes, soit trois d’hospitalisation, deux de clinique externe et l’urgence. Notre urgence est la plus neuve [elle a été ouverte en septembre 2008] et elle compte 51 lits», a rappelé le Dr Gourgue, ajoutant que «construire une autre urgence au nouveau NCH ou à Saint-François d’Assise coûterait 8 millions $.»
S’il est en faveur d’une augmentation des services dans la communauté, le psychiatre estime qu’il faut «y aller très lentement». Selon lui, on aura toujours besoin de lits en urgence. «Actuellement, on déborde tout le temps, au point où il faut ouvrir des unités de débordement à l’Institut universitaire de santé mentale de Québec», souligne-t-il.
Prédisant la réaction des psychiatres de Saint-Sacrement, le ministre Barrette a décoché une flèche à l’endroit de «certains médecins» pendant la mêlée de presse. «Il y a des enjeux personnels et professionnels de certains médecins là-dedans. Les médecins contactent souvent les médias pour défendre un statu quo. Ceux qui critiquent, ce sont ceux qui vont voir leur quotidien perturbé», a dit le ministre de la Santé. Avec Patricia Cloutier