Barrette ajoute quatre ambulances à Québec

À Québec, les paramédicaux calculent qu’il aurait fallu une dizaine d’ambulances de plus, car le temps de retour de l’hôpital, où l’ambulance ne transporte pas de patient mais n’est pas vraiment disponible, n’est pas calculé.

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette ajoute 4 ambulances pour mieux desservir la population de Québec. Les ambulanciers, qui en réclamaient une dizaine, se réjouissent tout de même de ce «premier pas».


Lors de son annonce mercredi, le ministre Barrette s’est défendu de se plier aux arguments des ambulanciers, qui manifestent et sortent publiquement depuis quelques semaines pour réclamer davantage de véhicules dans la région de Québec. Il soutient que son ministère fait plutôt une «évaluation constante» des besoins, ce qui lui permet d’arriver avec ces ajouts.

En tout, le ministère de la Santé investit 28,2 millions $ pour différents services ambulanciers, ce qui représente 22 ambulances de plus sur les routes du Québec. Ailleurs au Québec, 10 ambulances seront déployées à Montréal et à Laval, 7 en Montérégie et 1 en Outaouais. 

Les ambulanciers de neuf territoires québécois verront également leur horaire de faction (sur appel) se transformer en quarts de travail, dont ceux qui travaillent dans la région de Lotbinière. 

Même si les ambulanciers le réclamaient, aucune nouvelle ambulance n’est ajoutée à Lévis, car le ministère calcule que les services actuels sont suffisants. Le seuil d’utilisation maximal n’est pas atteint, «mais il est proche», indique M. Barrette. 

Le ministre a tenu à expliquer comment sont prises les décisions, soit sur la base de chiffres. En milieu urbain, où les ambulanciers travaillent sur des quarts de travail, si une ambulance est utilisée pour le transport de patients 50% du temps, elle est considérée comme utilisée à son plein potentiel. En milieu rural, où les ambulanciers ont un horaire de faction, si les véhicules transportent des patients 15% du temps, il est temps de passer à l’horaire par quarts de travail. 

«Le ministre vient de nous donner raison»

Le Parti québécois a crié victoire mercredi, se targuant d’avoir poussé le ministre Barrette à prendre cette décision. «Aujourd’hui, le ministre vient de nous donner raison», en reconnaissant qu’il manque d’ambulances au Québec, a réagi Diane Lamarre, critique en santé. Selon elle, le ministre aurait dû prendre cette décision «beaucoup plus tôt», car un rapport datant de 2014 faisait état de la situation. 

«Ça a pris une charge médiatique pour qu’il réagisse», déplore quant à elle la députée péquiste Agnès Maltais.  

«Le ministre fait la démonstration qu’on avait raison, qu’il y avait une situation inquiétante pour les citoyens du Québec», a pour sa part réagi Daniel Chouinard, président de la Fédération des employés du préhospitalier du Québec. 

«C’est un premier pas, mais on ne cessera pas de combattre. Il reste encore beaucoup de travail à faire», avertit M. Chouinard. À Québec, par exemple, les paramédics calculent qu’il aurait fallu une dizaine d’ambulances de plus, car le temps de retour de l’hôpital, où l’ambulance ne transporte pas de patient, mais n’est pas vraiment disponible, n’est pas calculé. 

M. Chouinard déplore que dans le milieu ambulancier, il faut toujours «faire des pressions», pour voir des véhicules s’ajouter. Le dernier ajout d’ambulances à Québec date de 2012.

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UN BLITZ DE NÉGOS S'ENCLENCHE

Les négociations ont repris mercredi entre le ministère de la Santé et la Corporation des services d’ambulance du Québec (CSAQ). Le ministre Gaétan Barrette juge qu’après 2 ans sans entente, la situation a «suffisamment duré». «Non seulement [la négociation] n’avance pas, mais nous sommes actuellement empêtrés», car cette négociation est «doublée de poursuites juridiques». 

Le ministre a demandé à la CSAQ de s’asseoir à la table pour un blitz, ce qu’elle a accepté de faire. «Nous nous réjouissons de la décision du ministre de forcer enfin ses fonctionnaires à négocier. C’est avec empressement que nous collaborerons pleinement à cet exercice», a commenté Richard Thibault, responsable des communications pour la CSAQ, par voie de communiqué. 

Rappelons que le ministère s’est entendu l’été dernier avec Urgences-santé, qui dessert la région de Montréal. Il lui reste à s’entendre avec les autres compagnies ambulancières du Québec. 

En conférence de presse, M. Barrette a rappelé qu’il ne négociait pas directement avec les ambulanciers, mais avec les compagnies privées qui les engagent. Pour l’instant, il ne se donne pas d’échéance pour régler le conflit.