Manifs à Québec: arrêté par erreur, l'artiste Luc Archambault exige des excuses

Luc Archambault ne sait pas encore s’il entreprendra des démarches judiciaires relativement à cette arrestation.

Arrêté par erreur en même temps que des manifestants antiracistes devant l’Assemblée nationale samedi, l’artiste Luc Archambault exige maintenant des excuses de la police, de la Ville de Québec et du ministre de la Sécurité publique.


Comme presque tous les samedis depuis le 19 février 2011, l’artiste engagé s’était installé devant l’Assemblée nationale à 14h avec quelques drapeaux du Québec et une poignée de partisans pour ce qu’il appelle l’Opération vigile du samedi pour la démocratie.

«Quand nous sommes arrivés, il n’y avait personne. Nous pensions que [la manifestation de La Meute et de Storm Alliance et les contre-manifestations antiracistes], c’était fini. Alors on s’est installés, comme d’habitude, et deux ou trois minutes plus tard, une quinzaine de manifestants sont arrivés et l’antiémeute les a couchés par terre et les a arrêtés», explique l’artiste.

M. Archambault indique que les policiers refoulaient les contre-manifestants, qui se trouvaient au coin des boulevards René-Lévesque et Honoré-Mercier, vers la fontaine de Tourny pour les prendre en souricière.

Embarqués

«À un certain moment, ils ont décidé de nous embarquer nous aussi. On a eu beau protester, dire qu’on n’avait rien à voir avec eux, ils nous ont passé les menottes dans le dos, à moi et à une femme de 65 ans qui m’accompagnait pour la vigile», raconte Luc Archambault.

Celui-ci a eu beau répéter qu’il faisait toujours la même démonstration devant l’Assemblée nationale tous les samedis depuis six ans et qu’un lieutenant de la police de Québec le connaissait et était au courant, il a été arrêté au même titre que les contre-manifestants. 

«Pourtant, le lieutenant en question, qui était à l’extérieur du pays en fin de semaine, sait qu’on est pacifiques et nous laisse même stationner nos autos devant!» rappelle-t-il.

Luc Archambault et la femme qui était avec lui ont été amenés au poste de police, où ils ont dû passer quatre heures et demie avant de pouvoir s’expliquer. «Ils ont fini par comprendre qu’ils se trompaient. Ils nous ont laissés partir sans signer de promesse de comparaître», indique-t-il.

L’artiste ne sait pas encore s’il entreprendra des démarches judiciaires relativement à cette arrestation. Entre temps, il a écrit au ministre de la Sécurité publique, Martin Coîteux, au maire Régis Labeaume et au chef de police de Québec.

Excuses demandées

«Je demande excuses et réparation  pour le tort qui m’a été causé et pour les dommages afférents, dont la privation de mes droits civiques pendant 4h30, dont la séquestration parfaitement injustifiée, des marques aux poignets, des maux d’épaules et de dos», écrit-il, demandant également une modification des usages policiers en cas de rafle de masse.

Qualifiant son arrestation «d’opération policière sauvage» et de «bavure», il réclame aussi l’abandon des procédures pour toutes les personnes victimes d’accusations criminelles arrêtées en même temps que lui en vertu des lois actuelles. «On n’a pas invoqué les lois municipales, mais la participation à une émeute, de graves accusations criminelles non fondées d’après mes observations sur place», conclut-il.

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TOUS LES MANIFESTANTS RELÂCHÉS

Deux derniers manifestants, parmi les 44 arrêtés samedi, ont finalement été relâchés lundi après avoir signé une promesse de comparaître. Ils seront eux aussi potentiellement accusés d’attroupement illégal et de port de déguisement dans un dessein criminel. L’un des deux hommes fait aussi face à une accusation de bris d’un engagement contracté devant la cour à Montréal. Le CO25, groupe qui a organisé un rassemblement populaire antiraciste samedi devant l’Assemblée nationale, a dénoncé lundi par voie de communiqué ce qu’il a qualifié de «répression policière». «De l’aveu même du SPVQ, aucun acte criminel que ce soit n’a eu lieu samedi et pourtant plus de quarante personnes ont été arrêtées alors que d’autres ont été victimes de profilage politique», déplore le CO25. Les organisateurs de la manifestation soutiennent que la police a « fermé les yeux» sur le fait que plusieurs militants d’extrême-droite sont arrivés armés et parés à la confrontation. «Quand la police et Atalante semblent sur la même longueur d’ondes, il y a vraiment de quoi se poser des questions… » concluent les organisateurs.  Isabelle Mathieu

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UNE FACTURE DE 150 000 $

«On va les remercier. Ils nous coûtent très, très cher.» Le maire Régis Labeaume a fait de l’ironie pour exprimer son mécontentement de la facture policière à éponger pour les manifestations de La Meute et de leurs opposants tenues samedi à Québec. «Ils veulent débarquer le gouvernement, pis les partis politiques. Ils ne se prennent pas pour des 7-up flats. Ça parle beaucoup pour 1000 personnes», a-t-il indiqué, sans oublier de lancer une pointe aux médias de leur accorder beaucoup (trop) d’importance, selon lui. «C’est très mauvais pour l’image de Québec. Pendant qu’ils viennent s’amuser, c’est les payeurs de taxes de la Ville de Québec qui paient.»  Jean-François Néron